mardi 19 août 2014

Gaza : les dégâts à l’agriculture auront des effets de longue durée selon les Nations-Unies


Les combats à Gaza ont contraint agriculteurs et éleveurs à abandonner leurs terres et provoqué la paralysie des activités de pêche entraînant ainsi l’arrêt de la production alimentaire et compromettant les moyens d’existence de la population, a mis en garde jeudi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). « Le relèvement du secteur agricole, une fois que les hostilités auront pris fin, nécessitera une aide extérieure importante sur le long terme », estime l’agence onusienne. 

Les derniers affrontements armés ont causé des dégâts directs importants aux 17.000 hectares de terres cultivées ainsi qu’à la majeure partie des infrastructures agricoles notamment les serres, les systèmes d’irrigation, les fermes d’élevage, les dépôts de fourrage et les embarcations de pêche.


La moitié de la population avicole de Gaza a été décimée soit du fait de tirs directs sur les poulaillers soit par manque de nourriture, d’eau et de soins résultant de l’impossibilité de se déplacer du fait des hostilités. Quelque 64.000 têtes de petits ruminants ont besoin de fourrage et d’eau si l’on veut empêcher de nouveaux décès d’animaux et freiner l’érosion des biens de production des éleveurs. 

Quant aux pertes du secteur de la pêche, elles sont estimées, à ce jour, à 234,6 tonnes sur la période 9 juillet -10 août 2014, soit 9,3% des captures totales des pêcheurs de Gaza sur un an. 

« Jusqu’à présent, les opérations militaires en cours n’ont pas permis de compléter l’évaluation détaillée des dégâts à l’agriculture », indique Ciro Fiorillo, chef du Bureau de la FAO en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. « Toutefois, à la faveur du dernier cessez-le-feu, plusieurs visites de sites agricoles ont été lancées sous la direction de l’Office des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et le concours de la FAO et d’autres partenaires, dans le cadre d’une plus large évaluation initiale rapide. Cette activité se poursuivra si les conditions de sécurité le permettent et débouchera sur un rapport détaillé sur les dégâts à l’agriculture et les besoins de son relèvement», précise M. Fiorillo. 

La bande de Gaza importe la plus grande partie des produits alimentaires consommés par sa population. Toutefois, les denrées produites localement représentent une source importante d’aliments nutritifs à des prix abordables, et quelque 28.600 personnes dépendent du secteur agricole dont 19.000 de l’agriculture, 6.000 de l’élevage et 3.600 de la pêche. « Mettant à profit le dernier cessez-le-feu, de nombreux agriculteurs et éleveurs ont réussi à accéder à leurs terres, mais la reprise de la production alimentaire rencontre de graves obstacles en raison de l’ampleur des dégâts et des pénuries d’eau, d’électricité, d’intrants et de ressources financières, ainsi que de l’incertitude persistante quant à une éventuelle reprise des opérations militaires », ajoute M. Fiorillo. Les prix des aliments dans la bande de Gaza ont considérablement fluctué depuis le déclenchement des hostilités. Certains produits ont enregistré des hausses importantes, notamment les œufs et la plupart des légumineuses. Des pics ont été atteints pour certains produits : 40% pour le prix des œufs, 42% pour les pommes de terre et jusqu’à 179% pour les tomates. 

Du fait de l’arrêt de la production alimentaire locale et de la quasi-paralysie des importations alimentaires, la population entière de Gaza (quelque 1,8 million de personnes) dépend pratiquement de l’aide alimentaire. Le PAM, en collaboration avec l’Office de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), assiste régulièrement environ 1,1 million de personnes. En outre, environ 700.000 personnes dépendent actuellement de la distribution de nourriture extraordinaire réalisée par le ministère palestinien des Affaires sociales, l’UNRWA et le PAM. 

Dès qu’un cessez-le-feu permanent sera mis en place, la FAO, avec le soutien du Canada, distribuera du fourrage pour nourrir 55.000 petits ruminants dans tout Gaza pendant 45 jours. La FAO doit également distribuer 4.000 réservoirs d’eau de 1 mètre-cube de capacité chacun pour aider les éleveurs à abreuver leurs animaux. « Nous avons un programme d’appui à la résilience des moyens d’existence basés sur l’agriculture qui profitera aux pêcheurs, éleveurs et agriculteurs de Gaza », annonce Abdessalam Ould Ahmed, Représentant régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. « Nous devons remettre l’agriculture sur les rails dès que les hostilités auront cessé afin de promouvoir non seulement la survie de la population de Gaza, mais aussi son développement autonome. » 

De son côté, la Directrice-Générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, a exprimé jeudi sa profonde préoccupation concernant la mort du journaliste italien Simone Camilli et de son traducteur palestinien, Ali Abu Shehda Afash, dans une explosion dans la ville de Beit Lahiya, dans la bande de Gaza. « Je déplore la mort de Simone Camilli et Ali Shehda Abu Afash », a déclaré Mme Bokova. « La mort d’individus qui prennent des risques pour que le monde puisse être informé de événements dans les zones de conflit nous affecte tous. » 

Le journaliste d’Associated Press (AP), Simone Camilli, 35 ans, et Ali Abu Shehadeh Afash ont été tués mercredi, ainsi que trois membres d’une brigade palestinienne qui tentaient de démanteler un missile non explosé. Huit professionnels des médias sont morts dans la bande de Gaza depuis le début du conflit en juillet. 

Source: ONU - agence Palestine Media

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