dimanche 10 août 2014
Palestine, Israël et les négociations : des « concessions de chacun » ? Mais de quoi parle-t-on ? par Daniel Kunzi et Paolo Gilardi
Dans un éditorial paru dans Le Courrier (quotidien suisse) du 6 août, sa co-rédactrice en chef, Christiane Pasteur écrit que « la seule solution garantissant l’avenir d’Israël et de l’entité palestinienne réside dans un plan de paix impliquant des concessions de chacun ». Mais de quelles concessions parle-t-on ?
Quelles concessions de la part des Palestiniens dont une partie vit dans des camps depuis 1948, depuis 66 ans, depuis la Naqba, chassés qu’ils furent de leur terre par l’implantation d’une entité confessionnelle militarisée, le dit Etat d’Israël ?
Quelles concessions de la part de ces paysans palestiniens vivant à quelques centaines de mètres de Sderot, ville juive construite dès 1951 sur les décombres de leur ancien village, Najd, rasé en 1948 par l’Hagana, le bras armé du sionisme, dans le cadre de l’opération Barack ?
Quelles concessions de la part des gazaouis enfermés depuis 2006 dans cette prison à ciel ouvert qu’est la « bande de Gaza », privés de biens essentiels, de l’électricité si nécessaire à la vie, du ciment indispensable pour reconstruire les écoles, les maisons et les hôpitaux détruits tous les deux ans au gré des différentes actions punitives décidées par l’entité sioniste ?
Quelles concessions de la part de ces pécheurs de Gaza interdits de pécher le long de leurs côtes ? De la part des 900’000 enfants vivant à Gaza et soumis à la peur, à la terreur des agressions successives qui les marqueront à vie ?
Et quelles concessions de la part des populations de Cisjordanie, soumises aux humiliations quotidiennes lors du passage des check-points, par exemple, ou lors des « opérations de police » menées par les soldats de l’armée sioniste, soumises à l’expropriation de leurs terres par l’installation systématique de colonies juives en violation flagrante de la quatrième Convention de Genève, au chantage sur les biens alimentaires qui leur viennent de l’autre côté du mur, un mur dont la construction a été jugée comme illégale par la cour internationale de justice en 2004 ?
Et quelles concessions de la part des « arabes israéliens », cantonnées dans une véritable situation d’apartheid dans une entité étatique, le dit « Etat d’Israël », fondé sur le principe qui fut celui de son théoricien, Théodore Herzl, celui de « l’Etat des juifs », donc d’un Etat confessionnel. Basée sur l’appartenance religieuse, cette entité étatique consacre la discrimination des non juifs dont le mariage, par exemple, n’a aucune validité dans la mesure où la loi ne reconnaît come valables que les mariages bénis par l’autorité religieuse.
Non, ce n’est pas aux palestiniens de faire des concessions. C’est à la politique de l’entité sioniste, de l’agresseur, de l’occupant, qu’il faut mettre un terme.
Un terme à l’agression militaire contre Gaza, aux crimes de guerre que l’armée sioniste y perpètre ; un terme au blocus assassin de Gaza ; un terme aux implantations juives y compris par leur démantèlement ; un terme à l’occupation.
Car, au-delà du soutien indispensable à celles et ceux qui à Tel Aviv s’opposent à l’agression, c’est dans la désignation claire du coupable, l’entité étatique confessionnelle juive, dont il faut bloquer la politique assassine, qu’on pourra poser les bases d’une paix durable en Palestine. Car, c’est cette dernière, qui seule pourra mettre un terme à la répétition des drames, pas une démarche diplomatique qui devrait, comme le prétend Christiane Pasteur, garantir « l’avenir d’Israël et de l’entité palestinienne »…
Daniel Künzi et Paolo Gilardi
(repris du blog de Paolo Gilardi : http://insoumistoujours.blog.tdg.ch/about.html )
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