jeudi 30 avril 2015

En Irlande, après la crise ?, par Ingrid Hayes (Ensemble!)


En Irlande, le discours dominant insiste désormais sur la reprise et la baisse du taux de chômage (autour de 10% aujourd’hui). Dans un communiqué très récent, le FMI a encore adressé toutes ses félicitations à l’ex-tigre celtique, saluant le champion d’Europe de la croissance. Cependant, le pays reste à la merci de la prochaine crise financière internationale. 

A noter : l'effondrement de 2008 est lié à éclatement de la bulle immobilière. On se souvient des « quartiers fantômes », résidences non terminées faute de moyens et d’acheteurs. La spéculation immobilière tourne aujourd'hui à vide : l'activité n'a pas repris sur ce terrain, le manque de logements est criant, notamment à Dublin, ce qui entraine une remontée des prix. L'austérité demeure un sujet au centre de l'actualité. 

Venues incarner la lutte contre l’austérité, les mobilisations contre la taxe sur l'eau, massives ces derniers mois, ont récemment faibli, notamment parce que des concessions progressives ont été obtenues. Le projet de loi doit très prochainement être discuté au Parlement. La capacité de l’Etat à percevoir cette taxe est cependant loin d’être assurée. 

Le "procès" des banques, et du gouvernement qui les a couvertes, est encore en cours. En 2008, le gouvernement a accepté de renflouer l'ensemble des banques, dont la plupart n'étaient plus solvables depuis longtemps. Leurs profits étaient en effet fondés sur des prêts accordés généreusement mais sans garantie, les bonus étant fonction de la taille des prêts, sans qu'il soit tenu compte de la capacité à rembourser. 

lundi 27 avril 2015

Elections britanniques : les enjeux du 7 mai, par François Coustal (Ensemble!)

 
Le 7 mai prochain auront lieu au Royaume-Uni les « élections générales », c’est-à-dire l’élection des Membres du Parlement (députés). Elles surviennent à l’issue d’un mandat assuré par un gouvernement de coalition - entre le Parti conservateur et le Parti Libéral Démocrate – dirigé par David Cameron et marqué par la mise en œuvre de politiques d’austérité notamment en matière budgétaire et sociale.

Pour autant, même si les plus récents sondages témoignent plutôt d’une montée des travaillistes, la victoire de ce parti – dirigé par  d’Ed Milliband - n’est pas assurée tant les travaillistes ont renâclé à prendre la tête des mobilisations populaires contre l’austérité… quand ils n’ont pas purement et simplement laissé entendre qu’ils poursuivraient ces politiques s’ils revenaient au pouvoir.

Ce scrutin soulève bien d’autres questions :

. Le Parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni (UKIP), formation de droite extrême opposée à l’Union européenne et violemment hostile à l’immigration, va-t-il poursuivre sa progression électorale, malgré un scrutin majoritaire à un tour qui le désavantage fortement ?

. Le Parti travailliste, traditionnellement hégémonique en Ecosse, va-t-il y connaître une défaite majeure au profit du Parti national écossais, comme prix de son engagement aux côtés des Conservateurs et des Libéraux Démocrates lors du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse en Septembre dernier ? Et, en conséquence, le Parti national écossais va-t-il se trouver en position de force, capable de faire et de défaire les gouvernements britanniques ?

. La montée spectaculaire – en adhésions comme en popularité - des Partis Verts aussi bien en Ecosse qu’en Angleterre et au Pays de Galles va-t-elle se confirmer ?

dimanche 26 avril 2015

Un New Deal pour la Grèce, par Yanis Varoufakis, 24 avril 2015


ATHENES – Trois mois de négociations entre le gouvernement grec et nos partenaires européens et internationaux ont permis une grande convergence concernant les étapes nécessaires pour surmonter des années de crise économique et permettre une reprise durable en Grèce. Mais cela n’a pas encore abouti à un accord. Pourquoi ? Que faut-il de plus pour aboutir à un consensus sur un programme de réformes viable ? 

Nous et nos partenaires sommes déjà d’accord sur bien des points. Il faut remanier le régime fiscal grec et affranchir les autorités responsables des recettes de toute influence des politiques et des entreprises. Le système de retraite est malade. Les circuits de crédit de l’économie sont brisés. Le marché du travail est dévasté par la crise et profondément segmenté, avec une croissance de la productivité au point mort. L’administration publique a un besoin urgent de modernisation et il faut utiliser plus efficacement les ressources publiques. D’énormes obstacles bloquent la création de nouvelles entreprises. La compétitivité des marchés productifs est beaucoup trop limitée. Les inégalités ont atteint des niveaux scandaleux, et empêchent la société de se rassembler derrière des réformes essentielles. 

Ce consensus mis à part, un accord sur un nouveau modèle de développement pour la Grèce exige de surmonter deux obstacles. Premièrement, nous devons nous entendre sur la façon d’aborder la consolidation budgétaire de la Grèce. 

Deuxièmement, nous avons besoin d’un accord commun sur un programme complet de réforme qui sous-tendra cette voie de consolidation et suscitera la confiance de la société grecque. 

samedi 25 avril 2015

Cent ans après… Les enjeux de la reconnaissance du génocide arménien, par Jean Batou


Le 24 avril 2015 marque le 100e anniversaire du début du génocide arménien. Face au déni de l’État turc, les historiens ont mené une bataille pour faire triompher une vérité aujourd’hui indiscutable : la destruction des Arméniens d’Anatolie a été conçue, planifiée et exécutée méthodiquement. Cet article tente de cerner les causes de ce génocide et les enjeux actuels de sa reconnaissance. 

Le 22 août 1939, Hitler confiait aux chefs de ses armées qu’il entendait semer la mort parmi les populations civiles polonaises, avant d’ajouter : « Après tout, qui parle aujourd’hui de l’anéantissement des Arméniens ? ». En effet, après les procès intentés par Istanbul aux principaux responsables des politiques d’extermination, dans l’immédiat après-guerre, en 1919-1922, sous pression des puissances victorieuses, le génocide arménien est vite tombé dans l’oubli. 

Depuis la fondation de la Turquie kémaliste, en 1923, la version officielle d’Ankara n’a en effet pas varié : les Arméniens sont tombés victimes des rigueurs de la guerre, d’épidémies fatales et d’actes de violence isolés. L’Etat ottoman n’aurait donc eu aucune responsabilité dans cette hécatombe. 

La mécanique du génocide 

mercredi 22 avril 2015

Le Forum social mondial se tiendra au Canada, en août 2016




Pour la première fois, le principal rendez-vous altermondialiste aura lieu, en août 2016, dans le « Nord » géographique. Montréal (Québec) espère accueillir des milliers de participant-e-s, convoquer plus de 5000 organisations et assurer la tenue de 1500 activités. Au-delà de l’aspect quantitatif, sont en jeu d’autres objectifs conceptuels et politiques, explique Carminda Mac Lorin, 32 ans, membre du Collectif FSM 2016 à Montréal. « Il est important de renforcer le rôle joué jusqu’ici par le FSM, en y incorporant la rénovation des pratiques de contestation surgies depuis 2011 », souligne la jeune militante. « Nous avons impérieusement besoin d’espace où puissent dialoguer les diverses cultures politiques ».

Q: Comment avez-vous accueilli la décision prise fin mars par le Conseil international (instance facilitatrice du Forum social mondial), chargeant votre Collectif d’organiser la prochaine session en août 2016 ?

Carminda Mac Lorin (CML) : Avec surprise et joie. Nous constations une certaine indécision de la part du Conseil international. Comme candidats, nous avons déjà engagé, il y a deux ans, un processus très actif et très motivant. Je suis très fière que nous ayons obtenu cette confirmation. Bien qu’ayant reçu un grand appui de nombreuses organisations, nous sommes conscients que l’accès au Canada constitue un problème très sérieux. Mais nous voulons mener cette lutte frontalement et assurer que tous ceux qui voudront participer au prochain FSM puissent le faire…

mardi 21 avril 2015

Appel urgent d’ Alexis Tsipras aux pays de l’UE pour une autre politique migratoire européenne


« L’Europe ne peut pas invoquer la valeur suprême de la vie humaine, si elle ne se mobilise pas pour arrêter cette tragédie humaine permanente », a indiqué le Premier ministre Alexis Tsipras concernant le nouveau naufrage en Méditerranée. 

Ci-dessous la déclaration complète : 

La nouvelle tragédie humanitaire avec des centaines des morts au large des côtes de l’île italienne de Lampedusa, nous remplit de tristesse et d’inquiétude. On ne peut pas rester impassible lorsque des centaines d’âmes sont perdues dans la Méditerranée, en essayant d’échapper à la guerre et à la pauvreté. 

L’Europe ne peut pas invoquer la valeur suprême de la vie humaine, si elle ne se mobilise pas pour arrêter cette tragédie humaine permanente. 

Pour que la Méditerranée cesse d’être une mer-cimetière et les pays européens du sud de la Méditerranée cessent d’être des entrepôts des âmes humaines. La Méditerranée était et doit redevenir un berceau de civilisation, de communication, de commerce et d’humanité. 

J’adresse un appel urgent aux gouvernements des Etats-membres de l’UE pour la formation immédiate d’un plan cohérent destiné à faire face à la crise humanitaire à laquelle nous sommes confrontés. 

dimanche 19 avril 2015

Algérie – Le secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs (PST) « La dynamique de la gauche est de se construire dans les mouvements réels »


Dans cet entretien, le parti socialiste des travailleurs, par la voix de son secrétaire général, réaffirme ses positions et ses oppositions. De la constitution aux initiatives des partis pour regrouper l’opposition en passant par les questions économiques, le PST ne veut pas dévier d’un iota de la ligne adoptée depuis quelques années.

Reporters : Pourquoi la gauche aujourd’hui n’est-elle ni visible ni audible sur le terrain. Qu’en est-il réellement ?

Mahmoud Rachedi : Quel terrain justement (rire). Nous sommes sur le terrain, mais le terrain réel. Nous sommes dans les mouvements étudiants, travailleurs, chômeurs et aux côtés de tous ceux qui luttent pour la justice sociale. Et cela, au niveau de tous les secteurs. Maintenant, si vous analysez notre absence à travers les médias, c’est vrai. Nos actions ne sont pas médiatisées. Les journalistes, aujourd’hui, rapportent la mode du moment, les stars et les personnages politiques et ils ne s’intéressent pas aux maux et contestations sociaux. Il y a des partis politiques qui ne représentent absolument rien du tout sur le terrain réel et concret, mais qui sont très visibles sur la presse.

Et puis, peut-être que vous n’êtes pas bien branché, mais nous avons animé des rencontres avec la presse nationale, des conférences thématiques et topos avec nos militants et nous restons toujours attachés à nos valeurs. Certes, vous pouvez dire que c’est insuffisant pour un parti comme le PST, mais cela est dû à diverses raisons. Y a un autre élément, et vous le savez très bien, nos conférences de presse ne sont pas hautement médiatisées. Il y a aujourd’hui des personnes qui n’existent qu’à travers la presse. Et cela n’est pas notre objectif. Cela ne veut pas dire non plus qu’on n’aime pas être médiatisés, au contraire.

Appel des travailleurs de l'usine DITA de Tuzla (Bosnie-Herzégovine) à la communauté ouvrière internationale


Nous, travailleurs de l’usine de détergents Dita à Tuzla, nous battons contre le déferlement des privatisations pourries, de l’exploitation et du pillage qui anéantissent l’industrie de la Bosnie-Herzégovine. 

Depuis plus de deux ans, sans interruption, nous protégeons notre usine pour empêcher que soient déménagés machines et autres biens. La privatisation de Dita s’est effectuée avec la complicité de politiciens, de magistrats et de banques tous corrompus qui, sans procéder aux analyses indispensables, ont accordé aux nouveaux propriétaires des crédits pourris – un argent qui n’est jamais arrivé dans l’usine. 

Notre pays souffre de ce que le droit n’y règne pas : des élites criminelles ont fait passer des amendements au code pénal interdisant désormais à tout tribunal de juger de crimes financiers et commerciaux. Ce pillage légalisé nous prive de nos droits humains fondamentaux : plus de 40 mois de salaires ne nous ont pas été payés, nous livrant à la faim et à la misère. Nous voyons mourir nos proches pour la seule raison que nous n’avons pas les moyens de financer leur traitement médical. 

mardi 14 avril 2015

Bolivie. Après les élections du 29 mars 2015, Evo Morales va-t-il surprendre à nouveau, par Pablo Stefanoni


Indigènes lettrés contre indigènes illettrés. La «ville aymara rebelle» [El Alto, qui a hérité de cette appellation à la suite du soulèvement contre les mesures néolibérales au début des années 2000] – mais aussi l’agglomération des cholets [1] et des jeunes qui écoutent K-pop [soit la musique pop de Corée du Sud] – vote pour l’opposition de centre droit. Soledad Chapetón [candidate du parti Unidad Nacional], une représentante de la «classe moyenne» d’El Alto, déroute le MAS [Mouvement vers le socialisme, parti d’Evo Morales] dans son bastion. Cette analyse par Pablo Stefanoni des élections et avant tout des expressions socio-politiques et «communautaires» représente, entre autres, un élément d’information dans le cadre de la préparation du Forum international des 20-22 mai à Lausanne, auquel l’auteur participera.

Evo Morales surprend tout le monde: il félicite le peuple de voter contre des candidats accusés de corruption… de son propre parti. Train électrique contre téléphérique [ce dernier relie La Paz à El Alto depuis mai 2014]. Divisions, querelles internes, votes punition. Comment peut-on lire les résultats des élections régionales et communales du 29 mars [2]? Le MAS a-t-il perdu et cela signifie-t-il le début de la fin? Le MAS a perdu mais il ne s’agit «que» d’élections locales? Ou le MAS n’a pas perdu parce qu’il continue d’être la principale force nationale [en octobre 2014 Evo Morales a été réélu et le MAS dispose des 2/3 des voix au Parlement]. Une «capture d’écran» d’élections qui ont mis Evo de mauvaise humeur. Le MAS à la recherche de «traîtres» et tout le monde discute de qui a gagné et de qui a perdu.

vendredi 10 avril 2015

Les difficultés de la situation en Grèce et l’importance crucial du rôle de Syriza en tant que parti, par Antonis Ntavanellos

 
Les fortins « de l’opposition dure » du pouvoir réel – avec ses représentants emblématiques que sont les dirigeants de l’appareil bureaucratique économique et judiciaire, mais aussi avec le premier avertissement donné par le corps d’élite (OYK) lors du défilé national du 25 mars [dans sa façon de défiler et son nationalisme proclamé] – rappellent à tout le monde, mais avant tout à la direction de SYRIZA, l’importance de la décision de la conférence-constitution de l’actuelle SYRIZA qui a défini le gouvernement de la gauche non pas comme une « station finale » (où la tâche de « sauver la patrie » est engagée), mais comme une « étape transitoire » dans la perspective d’un engagement pour une émancipation socialiste.

La position pas si forte (du moins c’est ce que beaucoup de gens pensent) du gouvernement dont SYRIZA est la colonne vertébrale apparaît encore plus faible dans le cadre des rapports de force internationaux. Le chantage éhonté des créanciers à travers les « institutions » européennes et le FMI cherche à entraîner le gouvernement dans un dilemme : la subordination directe ou l’effondrement rapide. 

On peut paraphraser une phrase célèbre des protagonistes de l’époque de la Révolution russe que nous pouvons apprécier dans le contexte présent : sans un tournant politique marqué en Europe (Espagne, Irlande ?), sans l’apparition d’une contre-attaque politique du mouvement social et de la gauche en France ou en Italie, nous périrons…

Cette constatation crée des obligations supplémentaires au parti SYRIZA et à sa direction. Notre politique consiste, entre autres, à maintenir « présent et ardent » l’appel à un renversement des politiques d’austérité à l’échelle européenne.

jeudi 9 avril 2015

"Un instrument de vérité. Un instrument de réparation de l’injustice" - Discours de la présidente du Parlement grec, Zoe Konstantopoulou, à la session inaugurale de la Commission de vérité de la dette publique


Messieurs et Mesdames, 
nous vous remercions de votre présence à l’événement d’aujourd’hui qui est d’importance historique et marque le début du remboursement d’une vraie dette : celle de dire la vérité et de rendre des comptes au peuple et a la société grecque sur comment a-t-elle été créée et gonflée, la dette qui est suspendue au-dessus des têtes des citoyens et des jeunes générations. La dette publique qui est utilisée comme instrument de chantage et d’asservissement, comme moyen de soumission, dans des conditions qui n’ont rien à voir avec l’objectif statutaire européen de prospérité des peuples et des sociétés, des conditions qui, au lieu de garantir, de servir les principes œcuméniques de démocratie, d’égalité, d’équité, de respect des droits de l’homme et des libertés ainsi que de progrès social, produisent le rétrécissement des espaces démocratiques, des discriminations, des exclusions, de la misère et la crise humanitaire.

La dette ne constitue pas un signe des temps. Elle est le résultat d’actes et d’omissions, de contrats d’emprunt aux conditions léonines et aux effarants taux d’intérêt, d’actes et de gestions financières, mais aussi de contrats marqués par la corruption, qui ont catapulté la dette et dont témoigne foule de dossiers se trouvant au Parlement et à la Justice.

La dette n’est pas incontestable. Tant qu’elle n’est pas contrôlée et de-codifiée, tant qu’elle n’est pas analysée, demeure suspendue la question : quel pourcentage et quelle part est éventuellement légitime et laquelle est illégitime, illégale ou odieuse ? Cette question impitoyable hante, ces dernières années, la conscience collective et s’est cristallisée dans la revendication qui reflète le droit démocratique de ceux qui sont appelés à payer la dette, de connaître comment celle-ci a été créée, en quoi consiste leur dette, mais aussi de pouvoir se défendre et résister contre l’obligation de la rembourser et revendiquer son effacement.

Le contrôle de la dette n’est pas seulement un droit démocratique des citoyens, il est aussi un droit souverain des peuples.

Le contrôle de la dette n’est pas seulement un droit démocratique des citoyens, il est aussi un droit souverain des peuples.

Il est en même temps un devoir institutionnel de l’État même selon le Droit de l’Europe Unie. C’est-à-dire, il constitue une obligation internationale du pays, selon l’expression chère à ceux qui font mention des obligationsinternationales du pays, seulement quand il s’agit des obligations financières et oublient que les obligations internationales supérieures du pays sont celles qui concernent la démocratie, la transparence, les droits et les libertés de l’homme ainsi que tout ce qui fait la vie digne d’être vécue.


La dette ne se résume pas en profits et pertes, mais concerne des vies humaines.
Des milliers de vies humaines qui ont été perdues afin de payer la dette, des millions des vies humaines qui ont été meurtries et broyées, je veux rappeler aujourd’hui cinq êtres humains appartenant à différentes générations.
  • La petite fille, fille d’immigrée, élève à l’école primaire, qui en Décembre 2013 a perdu sa vie à cause des gaz toxiques d’un brasier improvisé dans une maison sans électricité où elle vivait depuis des mois avec sa mère.
  • Le garçon de 19 ans qui, l’été de 2013, a perdu sa vie en essayant d’éviter le contrôle des billets dans un bus.
  • Les deux jeunes, de 20 et 21 ans, étudiants à Larissa, qui en mars 2013, sont eux aussi morts des gaz d’un brasier.
  • Enfin, Dimitris Hristoulas, le pharmacien retraité qui, il y a trois ans jour pour jour, a mis fin à sa vie devant le monument au Soldat Inconnu juste devant le Parlement, refusant que son existence soit avilie à tel point qu’il soit obligé de chercher sa nourriture dans les ordures.
La Commission de vérité de la dette publique constitue une dette envers ces hommes aussi. Un instrument de vérité. Un instrument de réparation de l’injustice.

La Commission de vérité de la dette publique, créée par le Parlement grec, est un instrument précieux, que le Parlement met au service de la société et de la démocratie. Un instrument de vérité. Un instrument de réparation de l’injustice. Un instrument de dignité, de défense sociale et démocratique, de contestation et de résistance contre des choix qui tuent la société. Un instrument de réveil des peuples, des sociétés et des directions européennes. Un instrument de solidarité.

La présence aujourd’hui de toute la direction de l’État, du Président de la République, du Premier ministre du pays, des ministres, des vice-présidents du Parlement, des représentants du pouvoir judiciaire et des autorités indépendantes, reflète la volonté que l’audit commence et aille jusqu’au bout.

La préparation scientifique, l’expérience et le désintéressement des hommes et femmes qui se sont empressé-e-s de répondre à l’invitation, de contribuer avec leurs connaissances et leur travail à cet effort, constitue une garantie de succès.
Je veux remercier tout spécialement ceux et celles qui ont répondu à cet appel et les scientifiques et les experts qui sont venus tout de suite de l’étranger, mais aussi ceux qui sont venus de Grèce. Je voudrais aussi mettre en exergue le soutien spontané des scientifiques, des gens d’esprit et des mouvements sociaux de tout le monde, ce qui nous oblige à garder ce processus initié aujourd’hui ouvert et vivant.

Messieurs et Mesdames, je vous annonce la Décision numéro 1448 de la Présidente du Parlement, du 4 avril 2015, par laquelle est constituée la Commission Spéciale du Parlement des Grecs pour la recherche de la vérité concernant la création et le gonflement de la dette publique, l’audit de la dette et la promotion de la collaboration internationale du Parlement avec le Parlement européen, les Parlements d’autres pays et des organismes internationaux en matière de dette, ayant comme objectif de sensibiliser et activer la société, la communauté internationale et l’opinion publique internationale. Cette Commission on l’appellera Commission de vérité de la dette publique

Je veux remercier spécialement Sofia Sakorafa qui a accepté d’être responsable des relations de cette Commission avec le Parlement européen et les Parlements nationaux. Je veux aussi remercier spécialement Éric Toussaint qui a accepté tout de suite de coordonner le travail scientifique de l’équipe internationale. Je veux remercier beaucoup les services du Parlement et spécialement le Service scientifique et le Bureau de budget du Parlement, qui vont assister la Commission, en constituant des équipes de travail. 

Par cette introduction, j’appelle à la tribune afin qu’il adresse son salut à cette session inaugurale de la Commission de vérité de la dette publique, le Président de la République Mr. Prokopis Pavlopoulos.  

Traduction du grec : Yorgos Mitralias

lundi 6 avril 2015

Ensemble ! soutient le peuple sahraoui


En 1975, le pouvoir de Hassan II, profitant de l'atmosphère de fin de règne du régime franquiste occupe puis annexe le Sahara occidental sans tenir compte du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ni des résolutions de l'ONU, ce qui entraîne l'exil des Sahraouis dans le Sahara algérien. 

Le mouvement de libération sahraoui, le Front Polisario, proclame la RASD (République arabe sahraouie démocratique) en 1976 qui sera progressivement reconnue par les deux tiers des pays africains et plusieurs dizaines d'autres pays dans le monde. 

Après 15 ans de guerre, l'ONU met en place en 1991 un plan de paix qui prévoit la tenue d'un référendum sous deux ans. Les blocages du Maroc, qui poursuit sa politique coloniale, n'ont pas permis l'organisation de ce référendum à ce jour. 

La solidarité avec le peuple sahraoui est donc plus que jamais à l'ordre du jour et ENSEMBLE! fidèle à ses valeurs anti-impérialistes et anti-coloniales demande :
-l'arrêt de la colonisation du territoire sahraoui par le Maroc, 
-l'élargissement de la mission actuelle de l'ONU à la question des droits de l'homme, -le respect du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, 
-la tenue dans les meilleurs délais du référendum prévu par l'ONU. 

Paris le 5 avril 2015 
Collectif national d' Ensemble ! Mouvement pour une Alternative à Gauche Ecologique et Solidaire, membre du Front de Gauche.

dimanche 5 avril 2015

Liberté immédiate pour Khalida Jarrar


Nous dénonçons avec vigueur l’enlèvement de la députée du Parlement palestinien, Khalida Jarrar,   militant féministe, leader du Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP), par les Forces d’Occupation Israéliennes, jeudi 2 avril 2015.
 

Khalida Jarrar est membre de la Commission nationale palestinienne qui a enfin permis l’adhésion de la Palestine à la Cour Pénale Internationale. Elle s’occupait du suivi des dossiers des prisonniers palestiniens.

Ensemble!, mouvement membre du Front de gauche, demande à ce que tout soit fait pour sa libération immédiate, ainsi que celle des autres députés palestiniens actuellement emprisonnés. Il devient urgent qu’un Etat palestinien libre et indépendant soit reconnu par l’Onu et par l’ensemble de la communauté internationale.

Collectif nationald’Ensemble ! 

Mouvement pour une Alternative à Gauche Ecologique et Solidaire, membre du Front de Gauche.

samedi 4 avril 2015

Grèce. Les échéances s’approchent - Entretien avec Panagiotis Lafazanis


Entretien avec Panagiotis Lafazanis, une figure du Courant de gauche de Syriza et ministre de la Reconstruction productive, de l’environnement et de l’énergie.

Niki Zormpas : Quel arrière-goût vous donne la visite du premier ministre à Berlin ?


Panagiotis Lafazanis : La rencontre entre Alexis Tsipras et Angela Merkel à Berlin devait se passer et il est positif que du côté grec certains problèmes cruciaux pour la Grèce aient pu être soulignés en tête à tête. Au-delà de cela, par contre, je ne pense pas que l’Allemagne officielle modifie sa stratégie. Je dirai même que c’est le contraire. Il m’est encore plus évident aujourd’hui que le chemin pour conduire le pays en dehors de la crise passe par un affrontement dur, si ce n’est un heurt, avec l’Europe germanisée. L’actuel establishment allemand, en dépit de ses différences internes, est la chose la plus dévastatrice pour la Grèce et, de manière plus générale, pour tout le continent européen. Le plus tôt on s’engagera dans cette direction, le mieux cela sera. Car il n’y a pas de temps. Nous n’avons pas le temps.

Etes-vous plus ou moins préoccupé après que la glace ait été «brisée» entre la Grèce et l’Allemagne ?

Beaucoup doit être réalisé du côté allemand avant que l’on puisse parler sérieusement de «fonte» de glace entre la Grèce et l’Allemagne de Merkel et de Schäuble. La Grèce est à un point de rupture. Ce que l’on exige aujourd’hui du pays, avec urgence et sans délai, c’est des choix courageux et importants, des alternatives à l’Europe germanisée. L’UE germanisée est au service des classes dominantes et asphyxie littéralement notre pays, resserrant le nœud autour du cou de l’économie semaine après semaine.