jeudi 27 octobre 2016

Le theatre national Habima dans les colonies : oui au boycott culturel, par Michael Warschawski

Combien de fois avons-nous été attaqué, dans le cadre de la campagne BDS, pour avoir soutenu le boycott universitaire et culturel ? Des dizaines de fois, avec une présence substantielle de militant/es de gauche dans le camp des critique. 

Leur argument est a double volet: premièrement, que la culture serait une zone neutre, qui n'est pas et ne doit pas être mêlée au conflit colonial en Palestine, la culture serait la Confédération Suisse du conflit. Deuxièmement, les acteurs culturels et universitaires seraient de "notre" camp, des gens biens qui ne doivent donc pas être sanctionnés. 

A ce propos, il est important de rappeler que le BDS n'a jamais cible des individus ou des œuvres mais des institutions et des évènements. La récente affaire du Théâtre Habima dans la colonie de Kiryat Arba démontre à quel point cette position ne tient pas la route. Déjà le nom de la compagnie théâtrale montre l'inanité de cette "exceptionalité culturelle": une décision gouvernementale datant de 1958 a changé le nom de cette noble et trés ancienne institution en "Théâtre National Habima". 

mardi 25 octobre 2016

Alep - Mossoul, et retour, par Francis Sitel et Roland Mérieux

Daech va perdre sa capitale, Mossoul, deuxième ville d'Irak, où fut proclamé son Califat. Face à une forte coalition militaire soutenue puissamment par les États-Unis, Daech va devoir se retirer. Au prix de plusieurs inconnues. 

Quelle va être la durée de la guerre pour reprendre complètement Mossoul face aux snippers, aux mines et aux voitures piégées ? Et donc combien de militaires et surtout de civils tué-es ? Quelle ampleur du flot de réfugié-es ? 

Et, pour l’avenir, comment vont se négocier les bénéfices de cette victoire entre les diverses composantes de la coalition : Kurdes, gouvernement turc, régime irakien, forces sunnites, Occidentaux... Entre les unes et les autres en effet, les intérêts sont aussi importants que contradictoires. 

lundi 24 octobre 2016

Grèce. SYRIZA, le congrès de la social-démocratisation, par Antonis Ntavanellos

Cet article a été écrit un jour avant la tenue du deuxième Congrès de SYRIZA qui s’est déroulé du 13 au 16 octobre. Officiellement, 3000 délégués étaient présents. Alexis Tsipras a obtenu 93,54% des suffrages. Il n’y avait pas d’autre candidat à la présidence du parti. 210 délégués ont pris le risque de voter contre lui. Lors du premier Congrès, Tsipras avait réuni 74,08% des suffrages. Si des voix d’opposition à la politique droitière se sont fait entendre, aucune rupture ne s’est manifestée. Comme à la période du PASOK, le «pouvoir a ses douceurs» et le clientélisme assure des emplois, pour l’heure. (Réd. A l’Encontre)
 

Le deuxième congrès de SYRIZA a lieu du 13 au 16 octobre 2016 [1].

Normalement, ce congrès devrait être au centre de l’intérêt de ses membres, de la société grecque et, y compris, de la gauche internationale. SYRIZA est au gouvernement d’un pays saccagé par la crise et les créanciers. Il a obtenu cette position gouvernementale en janvier 2015, dans la foulée d’une vague de luttes sociales et d’espoir, qui a pu encore être constatée dans son ampleur à l’occasion du référendum du 5 juillet 2015, avec 61,31% de non à l’application des politiques mémorandaires.

samedi 22 octobre 2016

Leila Khaled, figure historique de la résistance palestinienne, par Dimitris Konstantakopoulos

L’État Islamique est une organisation criminelle qui a été créée et est utilisée par les Etats-Unis. En ce qui concerne la Russie elle n’est intervenue en Syrie qu’après plusieurs années de guerre. C’était le moyen pour Assad, et son gouvernement, de renforcer la capacité de la Syrie, en particulier pour assurer la viabilité économique et la suffisance nutritionnelle du pays, mais aussi pour forger une armée capable d’intervenir pour sa défense. Ainsi que le souligne Leila Khaled, cadre principal du Front populaire pour la libération de la Palestine, dans cette interview.

Le FPLP (Front populaire de Libération de la Palestine) est après le Fatah, la deuxième force la plus puissante de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine). Elle a son siège à Damas et c’est l’organisation la plus importante de la gauche palestinienne, avec des positions plus combatives que celles du Fatah. Nous avons profité de la visite récente de Leila Khaled à Athènes, alors qu’elle participait au festival « Résistance », organisé par le journal « Dromos tis Aristeras » (« vers la gauche ») pour obtenir de première main, les avis de l’une des personnalités centrales du mouvement palestinien, sur les développements dramatiques qui se déroulent actuellement dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Elections régionales dans l’Etat espagnol : Galice, Pays Basque : Chaos du PS après la défaite, par Jean Verhagen

Le 24 septembre passé, les élections régionales se sont déroulées en Galice et dans la Communauté autonome basque. Dans les deux régions, le parti socialiste (PSOE) continue sa chute et pousse vers la sortie son secrétaire général. 

Pays Basque : l’autodétermination s’affirme 

Le Parti Nationaliste Basque (PNV), centre-droite autonomiste, gagne son pari. Le résultat des élections anticipées confirme le soutien dont jouit le parti, qui récupère de nombreuses voix des électeurs·trices des partis unionistes et augmente son total de voix et ses sièges (28 sur 75). 

EH BILDU, coalition de la gauche indépendantiste, fait également un bon score et se confirme deuxième force (18 sur 75), malgré l’interdiction judiciaire faite à son leader, Arnaldo Otegi, de se présenter. 

mercredi 19 octobre 2016

Contre les bombardements en Syrie et au Yémen ! , par Gilbert Achcar

L’opinion politique arabe se divise en deux catégories principales. 

Il y a, d’un côté, ceux qui condamnent les bombardements destructeurs et meurtriers des villes et des campagnes de Syrie par le régime et son maître russe tout en restant silencieux au sujet des bombardements destructeurs et meurtriers des villes et des campagnes yéménites par la coalition conduite par l’Arabie saoudite, lorsqu’ils ne les soutiennent pas. 

De l’autre, il y a ceux qui condamnent les bombardements destructeurs et meurtriers des villes et des campagnes du Yémen par la coalition menée par l’Arabie saoudite alors qu’ils se taisent sur les bombardements destructeurs et meurtriers des villes et des campagnes de Syrie par le régime et son maître russe, lorsqu’ils ne les soutiennent pas. 

mardi 18 octobre 2016

Colombie. Un Etat (faible), deux pays (forts), par Raúl Zibechi

La déroute fracassante du processus de paix lors du référendum de dimanche 2 octobre 2016 dernier montre qu’il ne suffit pas de signer des accords pour sceller la réconciliation. La Colombie est divisée en deux moitiés qui ne se reconnaissent pas, et ne se reconnaîtront pas, parce qu’elles ont besoin de manières de se retrouver et de dialoguer qui ne soient pas du style du processus de La Havane, élitiste et distant.



Les deux Colombie(s) qui se sont heurtées dimanche 2 octobre incarnent deux mondes qui se craignent. C’est une réalité qui précède, de beaucoup, le positionnement idéologique et a engendré des distances culturelles sur lesquelles prennent forme les divergences politiques. Ces deux mondes ont eu plus d’effet que les longues négociations entre le gouvernement de Juan Manuel Santos et les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) à La Havane. Cette réalité de ces deux mondes a survolé l’appui international massif à la signature de la paix et a déjoué le plus sérieux et ferme effort de surmonter une guerre civile de 52 années.

dimanche 16 octobre 2016

Guerre et paix : Remarques et questions, par Ben Cramer et Louis Aminot




Le feu s’ouvre à Mossoul en Irak.

Cela saute aux yeux, il y a aujourd'hui un « dérèglement géopolitique ». Selon nous, la situation présente exige que nous le prenions en compte .... Quelques exemples :

a) Vers une nouvelle guerre froide ? Quelles leçons n'avons-nous pas tirées de l'effondrement du Mur de Berlin. Quelles erreurs ont été commises par l'Occident depuis 25 ans ? Que sont devenus les militants qui ont combattu les euromissiles ? N’avaient-ils pas compris qu’il ne fallait pas humilier la Russie qui avait officiellement perdu la guerre froide ? N’avaient-ils pas compris qu'il ne fallait pas réarmer et étendre l'OTAN ? Même si nous savons que Moscou et Washington jouent à se faire peur et cherchent surtout à effrayer les petits peuples ....

mercredi 12 octobre 2016

Jeremy Corbyn, le contretemps. Sur la crise du parti travailliste britannique en 2016, par Thierry Labica

Dans ce premier article d’une série sur la situation politique en Grande-Bretagne, Thierry Labica revient sur ce qu’il est advenu du parti travailliste depuis l’arrivée à sa tête de Jeremy Corbyn, militant de son aile gauche mais aussi animateur de longue date du mouvement anti-guerre et pour le désarmement nucléaire. 

Depuis bientôt un an, le rapprochement a souvent été fait entre l’audience exceptionnelle de la campagne du candidat du parti démocrate, Bernie Sanders, aux Etats-Unis et l’élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti travailliste britannique et, par là même, de l’opposition parlementaire travailliste au gouvernement conservateur au pouvoir. Là où la possibilité même d’une gauche politique reconnaissable semblait avoir depuis longtemps disparu, les audiences de masse du candidat de la gauche démocrate et de celui de la gauche travailliste sont venues infléchir, et peut-être déstabiliser, une partie au moins des normes idéologiques qui depuis les années 1980 ont défini l’ordre de l’audible en politique.

mardi 11 octobre 2016

La dette grecque : le monde sans pitié de l’Eurogroupe, par Romaric Godin (La Tribune)

L’Eurogroupe n’a versé qu’une partie de la tranche prévue à la Grèce. Un nouveau geste de défiance envers le gouvernement grec.
L’Eurogroupe n’est pas tendre avec le gouvernement grec. La délégation hellénique se rendait pourtant à Bruxelles lundi 10 octobre avec l’espoir de voir se débloquer les 2,8 milliards d’euros de la tranche du programme prévue pour cet automne. Alexis Tsipras, le premier ministre grec, avait réussi, non sans peine, à faire accepter les 15 « mesures préliminaires » exigées par les créanciers. Du reste, les 18 autres ministres des Finances en ont convenu et ont applaudi. Mais ils n’ont libéré que 1,1 milliard d’euros sur les 2,8 milliards prévus.

dimanche 9 octobre 2016

Syrie. Quatre ans. Plus long que la guerre d'Espagne. par Vincent Présumey




Quatre ans ...
Voici maintenant quatre ans qu'une insurrection populaire pour la démocratie éclatait en Syrie, dans le prolongement des révolutions tunisienne et égyptienne, quatre ans que la « gauche », y compris souvent la plus « à gauche », se tait ou soutient ouvertement la dictature, suivant tout un panel de propos allant du « c'est bien compliqué tout cela ma petite dame » à « mieux vaut un tyran laïque et anti-impérialiste qui tue tout le monde que des islamistes » en passant par « c'est louche et compliqué quand même cette rébellion ».

samedi 1 octobre 2016

Espagne. Crise du PSOE. Entre résignation et nostalgie de l’«hégémonie perdue», par Jaime Pastor

Dans toute l’Europe, malgré les changements pleins d’espoirs comme la victoire de Jeremy Corbin dans le Parti travailliste britannique [voir sur ce site les articles publiés en date du 27 septembre 2016], la crise de la social-démocratie, étroitement liée à celle de l’Union européenne, se révèle difficilement réversible. La crise qui touche sa composante espagnole, le Parti socialiste ouvrier espagnol, révèle des particularités qui se manifestent déjà par des risques croissants de fracture interne [qui se sont exacerbés ces derniers jours], en plein changement d’époque et de cycle que nous sommes en train de vivre.

Le défi que l’actuel secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, a lancé aux directions de certaines des fédérations socialistes les plus importantes, et particulièrement à la très puissante fédération de l’Andalousie [dirigée par Susana Diaz], en les mettant en demeure de devoir concourir lors de primaires pour l’élection du secrétaire général le prochain 23 octobre et lors d’un congrès la première semaine de décembre, constitue sans aucun doute un fait inédit dans l’histoire de ce parti.