lundi 25 mai 2015

Succès de Podemos aux élections régionales et municipales dans l'Etat espagnol, par Richard Neuville




Il est important de distinguer les résultats des autonomies de ceux des municipales. En effet, Podemos a tout misé sur les régionales et n’était présent aux municipales que dans certaines grandes villes. 

Elections des autonomies ou régionales 

Après son irruption lors des élections européennes en juin 2014, Podemos obtient 119 sièges de parlementaires régionaux et assure une présence dans les 13 régions où se tenaient des élections. Les régions historiques disposant d’un statut spécial : l’Andalousie, la Galice, le Pays basque (Euskal Herria) et la Catalogne décident de leurs dates.
Les élections en Andalousie avaient eu lieu en mars dernier et Podemos avait obtenu 15 sièges. Il dispose donc aujourd’hui 134 sièges alors qu’il n’en avait bien évidemment aucun.

Il obtient ses meilleurs scores en Aragón (20,51%), dans les Asturies (19,02%), dans la communauté de Madrid (18,59%), et les plus faible en Estrémadure (ou le PSOE reste solide) mais également dans les fiefs du PP : en Cantabrie (8,33%), Castilla la Mancha (9,73%), sensiblement les mêmes tendances que lors des élections européennes de 2014.

De son coté, Izquierda unida passe de 35 sièges de parlementaires régionaux dans 8 régions à 9 dans 4 régions. Il est éliminé à Madrid (4,14%), en Estrémadure (4,24%), Communauté de Valence (4,26%). Il ne sera plus présent qu’en Asturies avec 5 sièges (11,93%), en Navarre avec 2 sièges, en Castilla y León et Aragón. Cette défaite intervient deux mois après les élections en Andalousie ou il a perdu 7 des 12 sièges qu'il détenait au parlement régional. Après la crise profonde à Madrid, certains n’hésitent pas à dire que les jours sont comptés pour IU.

A noter le bon score de EH Bildu en Navarre qui obtient 8 sièges (2e formation) avec un score de 14,3%
En résumé, le PP est en tête et obtient 270 sièges devant le PSOE 227 sièges et Podemos 119 sièges. Le PP devrait continuer à diriger une majorité de régions mais tout dépendra des alliances à gauche.

A. Tsipras au Comité central de SYRIZA: Passer le cap des négociations sans décevoir le peuple


Un jour après le Sommet de Riga, le Premier ministre et Président de SYRIZA, Alexis Tsipras, a prononcé à l’ouverture du Comité central du parti un discours à l’adresse de plusieurs destinataires à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

Au peuple grec et aux membres de SYRIZA

La ligne de notre conduite est fixée par notre devoir de ne pas décevoir le peuple, a déclaré A. Tsipras : »ne pas oublier que le peuple pour la première fois a donné sa confiance à la gauche et nous ne devons pas le décevoir. »

Confiant pour l’issue des négociations mettant «  fin à une période douloureuse », il a reformulé les quatre conditions de base pour un bon compromis: faibles excédents primaires, pas de nouvelles coupes dans les salaires et les pensions, restructuration de la dette et un sérieux paquet d’investissement.

Il a aussi consacré une grande partie de son discours à l’analyse de l’œuvre du gouvernement qui a déjà eu des résultats bénéfiques pour le peuple malgré la courte période de son exercice et le contexte difficile des négociations : l’acceptation par les créanciers des excédents primaires inférieurs signifie concrètement la fin de la période mémorandaire avec une réduction significative (de 10 milliards) des mesures de recouvrement à la charge des citoyens.

S’adressant à tous ceux qui parlent de l’abandon du programme de Thessalonique, A. Tsipras a procédé à l’examen exhaustif des 100 premiers jours du gouvernement : loi pour pour enrayer la crise humanitaire, mesures pour relancer l’économie et restaurer la justice fiscale, loi contre les échanges triangulaires, démocratisation de l’administration publique, effacement de certaines injustices – licenciement des femmes de ménage du ministère des finances, des gardiens scolaires et d’autres fonctionnaires – mise en application du programme pour la reprise de l’emploi,  réouverture de l’ERT (audiovisuel public), décompte des sommes dues par les chaînes de télévision et préparation du projet de loi sur l’octroi de leurs licences, projet de loi pour rétablir l’acquis européen dans les conditions de travail,  instauration d’une Commission d’enquête sur les conditions de la mise en place des mémorandums, intensification des contrôles fiscaux…

Aux créanciers

Le Premier Ministre a averti que la méthode de l’asphyxie financière ne se révélera pas efficace sur le long terme, et il a invité tous ceux qui sapent la négociation avec des déclarations personnelles ou des fuites dans la presse à cesser de nuire aux négociations.

« Certains des représentants des créanciers tentent de renverser la décision du 20 Février, en vertu de laquelle le gouvernement grec a entrepris de présenter un cadre de réformes qui laisse derrière lui le Mémorandum et la cinquième évaluation.

Nous en tant que gouvernement grec nous avons respecté et nous continuons de respecter la décision du 20 Février.


Nous attendions cependant, le même [respect]  par toutes les institutions et leurs représentants " .
Et je dois dire, au risque de me répéter que nous n’allons pas céder à des exigences déraisonnables.
[…]Tout ce temps, nous avons prouvé que nous étions disposés à faire des concessions, afin que nous puissions parvenir à un accord mutuellement acceptable.


Nous exigeons de nos partenaires le même respect et des concessions similaires.
Nous, nous avons fait notre devoir, il est temps pour l’Europe de faire le sien.


Il est inadmissible et il ne peut pas être toléré qu’au sein de l’Europe continuent d’exister et d’exercer de l’influence des personnes qui minent activement et méthodiquement la construction commune de l’Europe. L’Europe de la démocratie et de la solidarité.


Cette Europe, nous, nous continuerons à la soutenir. Et pour cette Europe nous continuerons aussi à lutter contre ces sommités qui dispensent des leçons de morale non seulement au peuple grec mais à tous les peuples de l’Europe.

Les déclarations et l’attitude de certaines personnes dernièrement –  aux moments les plus critiques de la négociation –  ne sont bénéfiques ni à la recherche d’une solution ni à l’ Europe même. Ils devraient enfin comprendre que ce qui est en jeu, ici, ce n’est pas un jeu de pouvoir et de suprématie, mais l’avenir de l’Europe elle-même et le projet de l’intégration européenne.


En tout cas, nous, nous restons explicites, sincères et précis face à nos partenaires et face au peuple grec.

Nous avons fait des tentatives de rapprochement afin de trouver un terrain d’entente mais nous avons aussi des lignes rouges.


Nous avons des limites, que le mandat populaire, le besoin de redressement du pays et le bon sens nous obligent à ne pas transgresser. Non pas pour des raisons idéologique, mais pour la survie et  la protection de la majorité sociale que nous représentons et qui nous fait confiance ».


Aux instigateurs de la propagande grise

Cependant, l’adversaire le plus acharné se trouve à l’intérieur de notre pays, a souligné A. Tsipras en parlant de la lutte « cruciale » contre la corruption et la collusion de certains intérêts privés et étatiques.

Le gouvernement ne se laissera pas intimider pour autant par la propagande grise, a t il déclaré : « le temps est venu de payer» pour certains et même rétroactivement en qualifiant l’absence des licences de radiodiffusion comme le plus grand scandale de la période politique qui a suivi la dictature.

En concluant son discours, A. Tsipras a mentionné les prochains « fronts » du gouvernement concernant le fonctionnement général de l’État (administration fiscale, éducation, santé, etc.) en rappelant encore une fois « l’obligation morale et politique » de ne pas décevoir le peuple.

Présentation et traduction : SYRIZA Paris

lundi 18 mai 2015

Communiqué d’Eric Toussaint suite à la rencontre avec le ministre Dimitris Stratoulis qui a en charge les retraites


Après une visite le vendredi 15 mai au ministère grec des pensions et une rencontre avec le ministre Stratoulis, voici ma déclaration concernant le contenu de notre échange fructueux. 

Il est clair qu’il y a une relation directe entre les conditions imposées par la Troïka et l’augmentation de la dette publique depuis 2010. Le comité pour la vérité sur la dette grecque va produire en juin 2015 un rapport préliminaire dans lequel le caractère illégitime et illégal de la dette réclamée à la Grèce sera évalué. Il y a des preuves évidentes de violations de la constitution grecque et des traités internationaux garantissant les droits humains. 

Le comité considère qu’il y a une relation directe entre les politiques imposées par les créanciers et l’appauvrissement d’une majorité de la population ainsi que la baisse de 25% du PIB depuis 2010. 

Par exemple, les fonds de pension publics ont subi d’énormes pertes suite à la restructuration de la dette grecque organisée en 2012 par la Troïka. Celle-ci a imposé une perte de 16 à 17 milliards d’euros par rapport à leur valeur originale de 31 milliards €. Les revenus du système de sécurité sociale ont aussi souffert directement à cause de l’augmentation du chômage et de la réduction des salaires comme conséquence des mesures imposées par la Troïka. 

La dette grecque n’est pas soutenable, pas seulement d’un point de vue financier, puisque c’est clair que la Grèce est par essence incapable de la rembourser, mais elle est aussi insoutenable du point de vue des droits humains. 

Plusieurs juristes spécialistes en matière de droit international considèrent que la Grèce peut se déclarer en état de nécessité. Selon le droit international, quand un pays est en état de nécessité il a la possibilité de suspendre le remboursement de sa dette de manière unilatérale (sans accumuler des arriérés d’intérêt) en vue de garantir à ses citoyens les droits humains fondamentaux, tels que l’éducation, la santé, la nourriture, des retraites décentes, des emplois,… 

dimanche 17 mai 2015

Grèce : le moment de vérité pour Syriza – « Le parti doit faire face à des vents contraires qui se font de plus en plus menaçants », par Antonis Ntavanellos


Nous étions nombreux à ne pas partager la « légèreté convenante » du récit pré-électoral de la direction de SYRIZA, récit qui a facilité la poussée vers les urnes, mais qui, dans la foulée, nous mettait face à une question : est-il possible de développer un programme anti-austérité radical sans outrepasser les limites de la tolérance de la zone euro et en acceptant les méthodes de négociation des « institutions » [terme qui remplace celui de troïka] ?

Aujourd’hui, nous connaissons la réponse : Non. L’Union européenne (UE) et le FMI tentent d’écraser SYRIZA en le plaçant devant le dilemme suivant : l’intégration absolue au système ou le renversement immédiat de ce gouvernement. Ils le font pour des raisons économiques, car une politique anti-austérité est incompatible avec l’actuelle politique des dominants. Ils le font aussi pour des raisons politiques, parce que l’Europe doit se protéger contre le danger de « transmission » du microbe SYRIZA-Podemos.

L’accord du 20 février 2015 [signé par le gouvernement d’Alexis Tsipras] a été une erreur majeure commise dans la suite du piège que pouvait constituer le « récit » pré-électoral [« cela peut se faire sans grosses difficultés »]. L’accord impliquait le remboursement de la dette « au complet et à temps ». Nous avons alors renoncé à l’« action unilatérale » sur la base de notre programme, ce qui aurait permis de construire une solide alliance populaire, un bloc social, autour du gouvernement de la gauche. Nous n’avons rien obtenu. L’« ambiguïté créative » [formule de Varoufakis] a travaillé et travaille en faveur des puissants.

Après le 20 février, nous avons tenté de défendre les « lignes rouges » [que nous ne pouvions franchir]. Elles étaient moins marquées et plus réduites que les engagements pris et présentés lors de la Foire internationale de Thessalonique [septembre 2014]. Ils étaient, eux, déjà inférieurs au programme de la conférence de SYRIZA [en 2013].

Aujourd’hui, les « lignes rouges » s’effacent. A propos des privatisations (drapeau emblématique du néolibéralisme), nous discutons des montants demandés, des modalités de la vente des entreprises publiques, du choix de celles qui le seront ou ne le seront pas. Et non pas de la question même de leur vente. Actuellement, sur le thème des impôts, nous considérons que l’ENFIA [1] et la hausse de la TVA constituent « des zones de concessions » possibles pour les créditeurs et non des mesures qui sont en lien direct avec l’amélioration de la vie des classes populaires, ce à quoi nous nous étions engagés avant les élections. Sur les assurances sociales et les retraites, nous garantissons les conquêtes des « actuels retraités », laissant ouverte la possibilité d’une contre-réforme, dans ces deux domaines, pour ce qui a trait aux générations futures de salarié·e·s. Pour ce qui est du « marché du travail », nous passons de l’engagement à rétablir le pouvoir des conventions collectives à la formulation nébuleuse des « meilleures pratiques de l’Europe », comme l’OIT les comprend. Cela avec le risque de découvrir que nous parlons, en fait, d’adopter un corporatisme néolibéral qui incorpore comme critères pour les conventions collectives : la stabilité financière et la compétitivité dans l’économie, etc.

Italie. La grève a réussi, maintenant, il faut obtenir le retrait du projet de «bonne école, par Francesco Locantore




La grève de l’école du 5 mai a réussi. Elle a été la plus grande et importante mobilisation du «monde de l’éducation» depuis les mobilisations contre l’ex-ministre de l’éducation Gelmini et le gouvernement Berlusconi en 2008 [1]. Nombreuses écoles étaient fermées et l’adhésion des salarié·e·s à la grève convoquée par tous les syndicats du secteur a été massive. Ce fait a été constaté par tous ceux qui avaient un enfant en âge scolaire ou simplement par ceux et celles qui ne se sont pas retrouvés bloqués dans le trafic le matin en se rendant au travail.

Ce matin, en voyageant en bus, à Rome, il était rassurant de voir qu’en raison des écoles fermées les parents ramenaient à la maison leurs enfants alors que lesdits «briseurs de grèves» n’ont pas trouvé le personnel scolaire disponible pour travailler. La participation aux différentes manifestations organisées dans les principales villes du pays a dépassé les prévisions syndicales. Nombreux sont celles et ceux qui sont descendus dans la rue lors des défilés nationaux organisés à Rome, Milan, Bari, Cagliari, Catane et Palerme. Plusieurs cortèges et manifestations se sont tenus aussi dans d’autres villes comme Turin, Bologne, Gênes, Aoste et Naples. On estime qu’au mois 300’000 personnes se sont mobilisées contre le projet de loi du gouvernement Renzi qui sera discuté dans les prochains jours aux Chambres.

La rhétorique gouvernementale autour de la «bonne école» s’est pulvérisée face aux mobilisations. En dépit des moyens de communication utilisés au maximum par Renzi et la ministre de l’éducation, Stefania Giannini (PD), dans le but d’étourdir les Italiens et Italiennes, les salarié·e·s ont compris que derrière les déclarations du président du Conseil (Renzi) se cache un projet de classe visant à détruire un droit social fondamental, celui de l’éducation publique, gratuite, libre et de qualité. 

Grèce : quel premier bilan pour la gauche, après cent jours de gouvernement ?


Où en est la gauche anti-austérité au pouvoir en Grèce depuis fin janvier ? Après cent jours de gouvernement, le Premier ministre Alexis Tsipras semble pris en tenaille, coincé entre, d’un côté, les exigences des créanciers du pays et, de l’autre, ses 2,2 millions d’électeurs qui attendent que les promesses soient tenues a minima. Voici un décryptage des points de blocages, des déceptions mais aussi de « la Grèce qui change malgré tout ».
 
Le nouveau gouvernement grec vient de passer le cap de cent jours au pouvoir. Il est donc possible de faire un bilan provisoire de son action. Dans ce texte je tenterai de recenser les principales difficultés rencontrées ainsi que les critiques qui lui sont adressées avant de décrire les aspects qui laissent entrevoir malgré tout un espoir de changement positif.

samedi 16 mai 2015

Grèce : pourquoi Yanis Varoufakis est-il insupportable aux Européens ?, par Romaric Godin (la Tribune)


 
La volonté de l'Eurogroupe de se débarrasser du ministre grec des Finances ne repose pas sur un "style", mais bien plutôt sur des divergences plus profondes. 

Il semble que l'exercice soit devenu le passage obligé de tout journaliste travaillant sur les questions européennes. Depuis quelques semaines, les colonnes des journaux s'emplissent d'articles à charge contre le ministre hellénique des Finances, Yanis Varoufakis. Le dernier en date est celui publié par le journal français de référence, Le Monde, qui titre, avec appel de une, sur « l'exaspérant Monsieur Varoufakis. »

L'agacement européen

Le schéma de ces articles est souvent le même : l'homme est jugé évidemment compétent (il est difficile de lui contester cette qualité, sauf à contester celle des habituels « clients » des journaux économiques), mais insupportable et absolument nul en négociations.

De nombreuses citations issues de Bruxelles suivent pour montrer combien, en effet, cet économiste grec est « agaçant » aux yeux des fonctionnaires et officiels européens, avec ses chemises bariolées, son ton docte et son « fort ego. »

Son crime principal, aux yeux de Bruxelles, est de ne pas avoir changé pour "rentrer dans le rang". Comme le « déplore une source européenne », pour reprendre l'article du Monde daté du mardi 12 mai, il a refusé de suivre le chemin de son prédécesseur Evangelos Venizelos, le président du Pasok, qui, lui avait "changé".

Pour finir, le portrait du ministre est celui d'une "rock star", d'un Icare médiatique attiré irrésistiblement par le soleil médiatique. Entre les lignes, le lecteur comprend que, si ce Yanis Varoufakis est si insupportable, c'est parce qu'il n'est qu'un narcisse superficiel qui fait son "show". Son rôle n'aura été que d'agiter les bras pour rendre les négociations aussi captivantes qu'une série américaine. Bref, ce ministre n'est qu'une sorte de clown, utile un moment, mais qui aurait fait son temps.

mardi 12 mai 2015

Italie. Le «Jobs Act», réalité et métaphore d’une victoire des dominants, par Franco Turigliatto


On assiste depuis quelques mois à une péjoration de la situation politique et sociale italienne pour ce qui a trait aux conditions matérielles de la classe laborieuse et de sa capacité à faire face aux politiques d’austérité menées par le gouvernement de Matteo Renzi (Parti démocrate) en concertation avec la Confindustria [l’équivalent du Medef en France] et la bourgeoisie italienne.


Les idées réactionnaires et fascistes se répandent dans de larges secteurs des classes populaires, notamment suite à la énième tragédie des milliers des réfugiés noyés dans la mer Méditerranée [1]. Aux yeux d’une partie de plus en plus importante de la population, les victimes et les «morts de la mer» constituent une menace: les migrant·e·s sont l’ennemi à combattre. La crise économique est devenue désormais une crise sociale et, vu l’absence d’une alternative socialiste et démocratique, la barbarie prend de l’essor. Il ne s’agit pas seulement d’une barbarie matérielle, mais aussi idéologique qui s’installe dans les consciences de secteurs importants de la société et parmi les salarié·e·s. La prétendue miséricorde et charité d’âme chrétienne «propre au pays», mais aussi la solidarité et la fraternité du mouvement ouvrier à leur crépuscule laissent la porte ouverte à la peur, au ressentiment et à la haine vis-à-vis du plus faible [2].

La responsabilité des classes dominantes, de leurs gouvernants et des médias (vecteur d’une idéologie formatée) est énorme. Elle est l’expression d’une crise de civilisation issue de la crise du capitalisme. La mer Méditerranée, qui a toujours été un lieu de rencontre des peuples, s’est transformée en un cimetière d’hommes, de femmes et d’enfants. Aujourd’hui, ces tragédies constituent un véritable acte d’accusation contre les gouvernements européens.

lundi 11 mai 2015

Grèce/Comité pour la vérité sur la dette grecque : succès de la 2e session plénière réalisée du 4 au 7 mai 2015 à Athènes



Il s'agissait pour l'ensemble des membres du comité de se réunir durant ces quatre jours, une seconde fois après la session d’avril, afin de rendre compte de l'avancement de leurs recherches respectives, de planifier et d'organiser le travail à réaliser en vue du rapport intermédiaire qui devra être rendu à la mi-juin.

Les séances se sont déroulées au Parlement Hellénique où l'ensemble des présentations et des discussions ont pu être interprétées dans les trois langues de travail, à savoir : le grec, l'anglais et le français.

En tant que coordinateur scientifique, Eric Toussaint a présidé les différentes séances, ouvrant et levant ces dernières, il s’est chargé de mener les discussions, les interventions et le processus d'ensemble pour délimiter les prochaines étapes du travail de la Commission. Les sessions de travail internes ont été accompagnées d'une séance de présentation publique le lundi matin et d'une conférence de presse le jeudi après-midi.

La session s’est tenue sous les auspices de la Présidente du Parlement, également Présidente de la Commission, Zoé Konstantopoulou. Elle participa activement aux différentes séances à travers ses interventions et suggestions, malgré son agenda surchargé. La Commission a également pu compter sur la visite du Ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, Georges Katrougalos, qui était en train de soumettre au Parlement sa loi de ré-intégration des fonctionnaires licenciés abusivement sous les mémorandums. Il a tenu à rappeler le soutien à la Commission assuré par l'ensemble du gouvernement et des différents ministères.

Durant la séance d’ouverture, Eric Toussaint a rappelé que l’audit visait un double objectif : il s’agit de donner des éléments de réponse et des arguments au Gouvernement grec pour une éventuelle suspension ou annulation de la dette, mais également de mobiliser et sensibiliser les citoyens et citoyennes grecs et du monde entier.

A cet égard,  il est important de souligner l’appel international lancé cette semaine par Giorgos Mitralias visant à soutenir l'audit grec. 300 personnalités ont dans un premier temps signé cet appel (telles que Noam Chomsky ou Ken Loach), et l’appel est maintenant ouvert aux signatures du public. Giorgos a d’ailleurs eu l’opportunité de faire la promotion de cette initiative – qui a déjà reçu énormément de soutiens –  lors de la conférence de presse du 7 mai au parlement grec.

dimanche 10 mai 2015

Grèce : l’heure de la rupture, par Stathis Kouvelakis


Nous publions ici un article de Stathis Kouvelakis, paru le 5 mai sur le site de la revue américaine « Jacobin », dans lequel il met en lumière les difficultés nées de l’accord du 20 février et la nécessité de trouver les voies de la mobilisation. 

La peur du Grexit ne doit plus nous paralyser. La décision du gouvernement de Syriza de transférer la totalité des réserves disponibles du secteur public à la Banque de Grèce marque un tournant politique. Ce mouvement à haut risque démontre le plus clairement possible la nature de la situation telle qu’elle a évolué en deux mois et demi, depuis l’accord du 20 février. 

L’argument qui avait été avancé en faveur de cet accord était qu’il permettait « de gagner du temps », malgré son prix élevé, en vue de préparer le terrain pour les négociations clés de l’été. On nous affirmait que, pour une période de quatre mois, la Banque Centrale Européenne allait mettre un terme à la torture qu’elle imposait à l’économie grecque depuis le 5 février, quand elle avait décidé de mettre fin au principal mécanisme d’approvisionnement en liquidités des banques grecques. 

Comme on le reconnaît généralement aujourd’hui, le gouvernement grec avait été contraint de signer cet accord inéquitable sous la pression d’un retrait accéléré des dépôts des banques et la menace de leur effondrement. 

Et maintenant, avec l’épuisement des fonds publics, désormais insuffisants pour assurer à la fois le service de la dette et les obligations incompressibles de l’Etat, il est évident que le seul temps gagné a été à l’avantage des institutions européennes et que la partie grecque est exposée à l’intensification du chantage tant ses positions se détériorent. 

Le climat belliqueux, sans précédent, de la réunion de l’Eurogroupe de Riga, au cours de laquelle le Ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a été cloué au pilori par ses homologues ( y compris ceux de pays pesant d’un aussi faible poids que la Slovaquie et la Slovénie) montre suffisamment clairement de combien d’humiliations le gouvernement grec a eu à souffrir au cours des deux derniers mois. 

samedi 9 mai 2015

Royaume-Uni : le duopole Tories-Labour contesté, le Labour désavoué


Inattendus et paradoxaux : les résultats des élections législatives britanniques accordent aux conservateurs une victoire qu’ils auront du mal à gérer. Le succès des indépendantistes écossais et la déroute des travaillistes étaient plus prévisibles. Analyse.

Comme en 1992. Lorsque le résultat du sondage sorti des urnes est apparu sur la BBC hier soir, les commentateurs ont évoqué une autre élection perdue contre toute attente par les travaillistes : celle de 1992. Cette comparaison historique est en fait peu pertinente. La défaite de Neil Kinnock était alors moins cuisante que la débâcle subie par Ed Miliband hier.

Les conservateurs ont certes remporté largement cette élection en déjouant les derniers sondages. Mais il s’agit davantage d’une déroute des travaillistes plutôt qu’un triomphe conservateur. Il n’y aura pas d’adhésion populaire à la politique d’austérité de David Cameron. On peut parler d’un désaveu des travaillistes, de leur stratégie et de leur programme.

Un bipartisme de plus en plus fragilisé

Le pourcentage des voix conservatrices est stable par rapport à 2010 (36,8% contre 36,1%). Avec un tel score, aucun parti n’aurait pu obtenir une majorité des sièges dans le passé. C’est le signe patent d’une fragmentation du vote au niveau national. 

vendredi 8 mai 2015

Un plan d’action pour le redressement de la Grèce, par Yanis Varoufakis


ATHENES – Plusieurs mois de négociations entre notre gouvernement et le Fonds monétaire international, l’Union européenne et la Banque centrale européenne n’ont produit que peu de progrès. Une des raisons est que l’ensemble des parties se concentrent trop sur les conditions de la prochaine injection de liquidité et pas assez sur une stratégie visant un redressement et un développement durable de la Grèce. 

Si nous voulons sortir de l’impasse actuelle, nous devons envisager une économie grecque en bonne santé. Un redressement durable nécessite des réformes synergiques pour libérer le potentiel considérable du pays en supprimant les goulets d’étranglement dans plusieurs domaines : l’investissement productif, la fourniture de crédit, l’innovation, la concurrence, la sécurité sociale, l’administration publique, le système judiciaire, le marché du travail, la production culturelle et, enfin et surtout, la gouvernance démocratique. 

Sept années de déflation de la dette, renforcée par l’attente d’une austérité éternelle, ont décimé l’investissement privé et public et forcé les banques anxieuses et fragiles à cesser de prêter. Etant donné le manque de marge de manœuvre budgétaire du gouvernement et le poids des prêts non performants des banques grecques, il est primordial de mobiliser les actifs restants de l’État et de débloquer la circulation du crédit bancaire vers les parties saines du secteur privé. 

Afin de restaurer l’investissement et le crédit à des niveaux permettant une vitesse de libération économique, la Grèce en redressement nécessitera deux nouvelles institutions publiques travaillant côte à côte avec le secteur privé et les institutions européennes : une banque de développement qui exploite les actifs publics et une « bad bank » qui permette au système bancaire d’évacuer ses actifs non performants et de rétablir le flux du crédit vers les entreprises rentables et orientées vers l’exportation. 

jeudi 7 mai 2015

Non aux chantages – Le mandant du peuple grec est une valeur non négociable, par du secrétariat politique Syriza


Le Secrétariat politique de SYRIZA s’est réuni aujourd’hui et les participants ont, à l’unanimité, souligné que «les lignes rouges du gouvernement sont aussi les lignes rouges du peuple grec. Elles sont indispensables pour sortir de la crise en termes de justice sociale et de développement». 

Dans la réunion le Secrétariat politique de SYRIZA est parvenu unanimement aux conclusions suivantes: 

1. Le gouvernement, fidèle au mandat populaire du 25 janvier d’abolir la politique mémorandaire et austéritaire, défend les intérêts du pays, la souveraineté populaire et la démocratie. Il défend le droit inaliénable du peuple grec de décider de son propre destin. 

2. Depuis l’accord du 20 février, les prêteurs, soutenus par certains médias nationaux et internationaux ont essayé de désintégrer le difficile compromis obtenu et de faire chanter le nouveau gouvernement afin de mettre en œuvre ceux pour lesquels le gouvernement Samaras a été rejeté par les électeurs. 

3. Les lignes rouges du gouvernement sont aussi les lignes rouges du peuple grec. Elles sont indispensables pour sortir de la crise en termes de justice sociale et de développement. Ils sont inconcevables les efforts issus tant des cycles extrêmes de prêteurs que de l’establishment intérieur mémorandaire, de saper les efforts du gouvernement pour une solution viable et de le faire chanter afin de mettre en œuvre des nouvelles mesures d’austérité et de récession qui appauvrissent la société. 

mardi 5 mai 2015

Etat espagnol. Ciudadanos, un défi pour Podemos, par Josep Maria Antenta


L’irruption de Ciudadanos a, une fois de plus, modifié le panorama politique fluide et volatil de l’Etat espagnol. Voilà qu’est enfin arrivée l’option du changement tranquille, celle de la régénération du modèle sans le changer. Ciudadanos serait-il le Moriarty [l'ennemi le plus redouté] de Podemos, un ennemi aussi inattendu qu’invincible? C’est en tout cas ce qu’espère l’Ibex 35 (le principal indice boursier de Madrid) et tous ceux qui se sont efforcés de promouvoir le «Podemos de la droite».



Ciudadanos prive Podemos de l’effet de nouveauté et, surtout, l’empêche d’apparaître comme étant le seul mouvement aspirant au trône que le bipartisme (PP-PSOE) laisse à moitié orphelin et autour duquel pourrait se réunir une majorité sociale hétérogène attirée vers Podemos par la possibilité réelle que ce parti pourrait constituer le moteur d’un changement politique. Il s’agit d’un cercle vicieux, car Podemos sera d’autant moins soutenu que sa victoire semblera moins possible. A l’inverse, plus Podemos sera considéré comme une alternative gagnante, plus ce mouvement sera soutenu. Même si les deux partis ne se disputent qu’une frange restreinte d’électeurs et s’ils ne recrutent pas leurs partisans sur les mêmes terrains, Ciudadanos bloque la croissance de Podemos dans les secteurs les moins politisés et les plus conservateurs et place une torpille sur la ligne de flottaison de son projet de parti transversal qui aspire à rassembler rapidement une majorité sociale au-delà des confins traditionnels du «peuple de gauche».

L’ascension des deux partis a clairement des points en commun, en particulier en ce qui concerne la propulsion médiatique et télévisuelle des personnalités charismatiques de leurs leaders: Albert Rivera et Pablo Iglesias. Mais si la projection médiatique de Podemos s’explique par une logique du taux d’audience, celle de Ciudadanos a été induite par la volonté politique consciente des milieux patronaux d’instituer un antidote à Podemos et une option de rechange ou d’étayage du bipartisme. Sans compter qu’au-delà des parallélismes télévisuels, il existe derrière ces deux partis des réalités sous-jacentes très différentes. En arrière-fond du phénomène de Podemos il y a eu un processus d’auto-organisation venant d’en bas, souvent en conflit avec le développement et la structuration du parti lui-même, ainsi qu’un réel militantisme de base, en grande partie suscité par les expériences récentes du 15M et des Marées citoyennes et par des secteurs sociaux qui ont sympathisé avec ces mouvements. Rien de cela n’existe dans Ciudadanos, qui n’a ni base militante ni ancrage social, malgré l’indubitable pouvoir d’attraction des actes et des conférences de Rivera et de son entourage.

lundi 4 mai 2015

Grande-Bretagne : le duopole Labour-Tories sérieusement menacé, par Philippe Marlière

 
Quelque soit le vainqueur le 7 mai, la politique à Westminster va changer après cette élection législative. Les politiques d’austérité du gouvernement libéral-conservateur ont échoué à sortir le pays de la crise profonde provoquée par le système bancaire. Elles sont responsables d’une régression sociale d’une ampleur inégalée depuis le thatchérisme. Le gouvernement sortant a fait payer la crise aux pauvres en réduisant sensiblement l’État social britannique et en augmentant le taux de TVA. La City et les riches sont plus prospères que jamais.
 
En cas de victoire travailliste, il ne faut pas espérer un changement de cap radical. C’est davantage sur les modalités de la mise en oeuvre des politiques d’austérité que sur leur bien-fondé que les deux principaux partis s’opposent. D’un côté, les conservateurs veulent continuer, voire intensifier ces politiques d’austérité. De l’autre, les travaillistes sont plus prudents : ils insistent sur un calendrier de réduction des dépenses moins sévère que celui des Tories.

Sans promettre de revenir sur l’ensemble des coupes budgétaires décidées sous la présente législature (certaines ont entraîné la fermeture de services publics, tel des bibliothèques publiques ou des services hospitaliers), Ed Miliband, le leader du parti travailliste, s’est engagé à préserver les rares services publics qui n’ont pas encore été privatisés. Le choix qui s’offre aux électeurs est donc entre une austérité brutale et une austérité “à visage humain”.

Un éparpillement des voix

L’électorat est en train de se rebeller contre le consensus austéritaire des deux grands partis. Selon toute vraisemblance, il n'accordera la majorité absolue à aucune des deux formations. Les sondages donnent le Labour et les Tories dans un mouchoir de poche (une moyenne de 32,5-35,5% pour les conservateurs, et de 32-34,5% pour les travaillistes).

dimanche 3 mai 2015

L'audit de la dette grecque, une idée qui a fini par percer, par Amélie Poinssot (Médiapart)


L'idée a mis du temps à faire son chemin au sein de Syriza. Elle a finalement été portée par la présidente du parlement, Zoi Konstantopoulou : pour négocier une restructuration de la dette grecque avec les créanciers, il faut d'abord déterminer dans quelles proportions elle est légale, légitime, et soutenable. Début avril, une « commission pour la vérité sur la dette grecque » a été mise sur pied ; elle commence ses travaux en ce début mai.

Athènes, de notre envoyée spéciale.- Quand il rencontre pour la première fois les responsables économiques de Syriza, en 2010, pour leur parler audit de la dette, l'accueil est plutôt froid. Yorgos Mitralias, militant depuis toujours, membre grec du CADTM (« Comité pour l'annulation de la dette du tiers-monde ») se trouve alors à Berlin, pour la préparation du forum social européen. Cet ancien journaliste économique en est convaincu : la totalité de la dette grecque n'est pas légitime, et elle est insoutenable à long terme. Yannis Dragasakis – aujourd'hui n° 2 du gouvernement – et Gabriel Sakellaridis – porte-parole de l'exécutif – l'écoutent poliment. Sa proposition ne sera pas retenue par le parti, qui siège alors à Athènes sur les bancs de l'opposition.

« À ce moment-là, je découvre l'ampleur de la dette grecque et le problème que cela pose à l'économie du pays, se souvient Yorgos Mitralias. Alors que le CADTM se concentrait par définition sur les dettes du tiers-monde, pour la première fois il s'agissait de restructurer la dette d'un pays de l'hémisphère Nord. Pour moi, l'instrument de l'audit s'avérait en outre pédagogique : il pouvait conduire, s'il était bien géré, à la question de la décision politique. »

samedi 2 mai 2015

Grèce : « Il est urgent de se préparer à une rupture envers les créanciers internationaux et nationaux… »

 
Editorial du 29 avril 2015 du quinzomadaire La gauche ouvrière, organe de DEA, composante de Syriza.

L’attitude des créanciers – qui mettent à profit la « tradition » de la désastreuse coalition gouvernementale de Samaras-Venizelos (juin 2012-janvier 2015) et des erreurs grossières qui entachent l’accord du 20 février accepté par le gouvernement dirigé par Syriza – conduit le pays vers un piège mortel. Celui d’une « obligation de payer complètement et à temps » les intérêts découlant de la dette publique, mais aussi celle conduisant l’Etat à faire face à ses devoirs envers la société (salaires, retraites, etc.) en mobilisant strictement ses ressources « internes », alors que nous faisons face à des restrictions strictes de la part du système bancaire pour ce qui a trait aux emprunts intérieurs.

Or, ce système bancaire a été « recapitalisé » grâce à des milliards d’euros par l’Etat, qui les a donc pris en charge par la dette publique et, par conséquent, a participé de manière fort importante à mettre en place la machine qui menace de nous garrotter aujourd’hui.
La récente loi adoptée par le Parlement [1] visant à rassembler les dernières ressources financières de l’ensemble du secteur public (municipalités, régions, hôpitaux…) et à les faire passer sous contrôle de la Banque nationale de Grèce – qui est toujours administrée, depuis juin 2014, par Yannis Stournaras, ancien ministre des Finances du gouvernement Samaras – prouve que le temps approche où le piège va se refermer [2].

Si le gouvernement ne trouve pas une « voie de sortie », il sera bientôt contraint de contracter un prêt afin de pouvoir payer les salaires et les retraites et non pas pour s’acquitter du paiement des intérêts de la dette. Et, alors, la pression politique sera extrême afin que le gouvernement Tsipras signe un troisième mémorandum (les deux premiers datent de mai 2010 et octobre 2011), ce qui est clairement l’exigence des créanciers comme condition « minimale » pour desserrer le nœud coulant.
Une telle évolution serait désastreuse pour le gouvernement – sous la forme de la mise en place d’un scénario favorable à sa « transformation » en un véritable gouvernement d’unité nationale – et catastrophique pour Syriza ; de même que pour les espoirs qui ont fleuri au cours de ces dernières années au sein des forces laborieuses de Grèce.