mardi 31 mars 2015

Etat espagnol. Après le vote en Andalousie, se poser les questions qui méritent de l’être, par Jaime Pastor


Beaucoup d’analyses ont déjà été publiées sur les résultats des élections andalouses du 22 mars [voir sur ce site les articles publiés en date du 23 mars 2015]. Ces résultats ont été commentés en partant de points de vue très divers, mais beaucoup de ces points de vue montrent des convergences. Je peux donc commencer cet article en m’y référant de manière générale avant d’amorcer quelques réflexions sur l’avenir. 

Face à la version néolibérale plus dure de Rajoy, le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol), revalorisé par Susana Diaz (candidate du PSOE en Andalousie), apparaît comme un «moindre mal», ce qui lui permet de résister mieux à l’effritement de la corruption institutionnelle dans cette Comunidad (communauté autonome ; elles sont au nombre de 17 dans l’Etat espagnol) en effet, même s’il perd des votes, il conserve ses 47 sièges. 

Avec 33 sièges, le Parti Populaire (PP) subit un recul brutal que sa direction «nationale» refuse de reconnaître publiquement, mais la pression de quelques «barons» alarmés par l’irruption d’un concurrent, Ciudadanos (C’s), dans une partie croissante de son espace politique, va sans doute l’obliger à réajuster son discours et sa politique gouvernementale en vue des élections de mai. 

Par contre, C’s, cette nouvelle formation à échelle de l’Etat espagnol, a trouvé avec ses 9 sièges un bon levier pour se lancer, avec un discours anti-corruption et «regénérationniste», sur le champ du centre droit. Cet ancrage lui permettra de se présenter comme une charnière entre les deux partis dynastiques [PP et PSOE] dans le contexte futur d’une crise de gouvernance. 

Avec ses 15 sièges, Podemos a réussi à s’installer dans les grandes villes en recueillant des votes qui allaient, semble-t-il, jusque-là majoritairement à Izquierda Unida (IU, dans lequel le PC a un rôle fort important) et au PSOE. Même s’il n’arrive pas à arracher à ce dernier et à l’abstention (proche de 40%, ne l’oublions pas) ce qu’il faut pour que son aspiration à gagner les élections générales (de fin d’année) devienne crédible. 

Le IU, avec 5 sièges, est le parti le plus touché par la présence de Podemos et, comme l’ont reconnu ses propres dirigeants, il paye le prix pour avoir gouverné avec le PSOE. 

dimanche 29 mars 2015

Déclaration de l’Assemblée des mouvements sociaux – Forum social mondial 2015


Nous, réuni-e-s lors de l’Assemblée des mouvements sociaux du Forum social mondial 2015 à Tunis, avec notre diversité, pour construire un agenda commun de luttes contre le capitalisme, l’impérialisme, le patriarcat, le racisme et toutes les formes de discrimination et d’oppression. 

Nous avons construit une histoire et un travail commun qui a permis des avancées, avec l’espoir de réaliser la victoire contre le système dominant et concrétiser plusieurs alternatives pour un développement socialement juste et respectueux de la nature. 

Les peuples du monde entier subissent aujourd’hui l’aggravation d’une crise profonde du capitalisme dans laquelle les sociétés privées transnationales, les banques, les conglomérats médiatiques, les institutions financières internationales cherchent à accroître leurs profits au prix d’une politique interventionniste et néo-colonialiste, avec la complicité des gouvernements libéraux. 

Guerres, occupations militaires, traités néo-libéraux de libre-échange (Transatlantique, transpacifique, ALECA, UE-MERCOSUR, APE, MERCOSUR-Israël et différents traités bilatéraux) et politiques d’austérité se voient traduits en paquets économiques qui privatisent les biens communs et les services publics, baissent les salaires, violent les droits, augmentent le chômage, la précarité et la surcharge des femmes dans le travail de soins et détruisent la nature. 

mercredi 25 mars 2015

FSM 2015 Tunis : c'est parti


Malgré la pluie une belle manifestation pour l'ouverture du FSM. Pour les participant-e-s présent-e-s à Tunis depuis quelques jours, l'accueil des Tunisien-ne-s a été encore plus chaleureux que d'habitude : beaucoup nous remerciant d'être présent-e-s en solidarité suite à l'attentat meurtrier de la semaine dernière. 

Prévue à l'origine en centre ville, la traditionnelle manifestation d'ouverture du FSM s'est déroulée en direction du musée du Bardo où le slogan «so-so-so- solidarité » revenait en boucle dans les cortèges des manifestant-e-s. L'arrivée d'une grosse averse a entraîné un départ anticipé de la marche altermondialiste qui s'en est trouvée quelque peu perturbée. 

Malgré la pluie , une dizaine de milliers de personnes ont défilé pendant plus de 2 heures avant de se disperser devant le musée du Bardo. 

Parmi les participant-e-s on pouvait remarquer des délégations importantes de divers mouvements et associations tunisiennes notamment des femmes et des jeunes. Les Algérien-ne-s étaient en nombre, au moins un millier, et les Marocain-e-s quelques centaines. Les Palestiniens étaient particulièrement visibles (grâce à un immense drapeau porté par des dizaines de personnes) ainsi que les réseaux les soutenant. 

Plusieurs organisations internationales participaient à la manifestion comme La Marche Mondiale des Femmes, le CADTM (collectif pour l'annulation de la dette du tiers monde), ATTAC ainsi que diverses organisations françaises telles Artisans du Monde, Alternatiba, Utopia... 

mardi 24 mars 2015

Flirt du Kremlin avec l'extrême-droite européenne, par Jean-Marie Chauvier


Le parti du Kremlin « Russie Unie » a reçu les partis d’extrême-droite – du FN français aux néonazis d’Aube dorée et du NPD allemand- à St Petersbourg, ex-Léningrad ville-symbole de la résistance au nazisme. 

« L’accueil » à ce forum des convergences idéologiques (et non seulement géopolitiques) était assuré par Andreï Issaiev, ancien anarcho-syndicaliste et rédacteur en chef de « Solidarnost » du temps de Eltsine, devenu bureaucrate très officiel. Du gauchisme à l’extrême-droite, le glissement n’est pas impossible ! Cela se fait, probablement, avec le feu vert de Vladimir Poutine. 

Convergences idéologiques ? Absolument. Si vous en doutez, je vous invite à regarder cette émission du Premier Kanal TV (le plus contrôlé par le Kremlin). C’est en russe, mais voici le résumé. Sous le titre « L’Europe prise en otage » (ou envahie), on montre nos pays submergés par des immigrés arabes, source de tous les maux, dont la criminalité en hausse. Outre les basanés, les homosexuels sont stigmatisés. Les principaux interlocuteurs de la TV russe sont Marine Le Pen et feu l’historien et ancien militant de choc d’extrême-droite Dominique Venner. 

Podemos. Bilan des élections andalouses : une étape du processus


Teresa Rodríguez [tête de liste de Podemos en Andalousie, membre du courant Anticapitalistas], une fois que les résultats des élections furent connus hier soir, fit une déclaration qui à la fois est un bilan politique de la campagne électorale et anticipe son projet politique immédiat comme opposition au gouvernement social-libéral de Susana Díaz : « Après les élections, tous les partis chantent victoire. Ce n’est pas notre cas. Nous avons obtenu 15 sièges au Parlement d’Andalousie, mais nous n’avons pas atteint notre objectif parce que demain on continuera d’expulser de leur logement 40 personnes tous les jours, il y aura encore 1 million de chômeurs et chômeuses ainsi qu’un million d’enfants vivant au-dessous du seuil de pauvreté en Andalousie. Notre objectif est de gagner une majorité politique pour gouverner en faveur du peuple et avec le peuple comme sujet actif de son gouvernement. Jusque-là, nous ne pourrons pas chanter victoire.» 

Teresa Rodríguez ne chante pas victoire parce que le PSOE conserve ses 47 sièges même s’il a perdu 250 000 voix par rapport aux élections de 2012 ; le PP s’écroule, cédant près de 200 000 voix au Parti socialiste (événement historique en Andalousie), mais avec ses 33 député·e·s, il n’a pas été dépassé par Podemos ; Ciudadanos apparaît comme une solution de rechange d’urgence pour la droite, obtenant 368 000 voix, la majorité provenant du PP, et 9 sièges. 

samedi 21 mars 2015

Grèce : discours d’Alexis Tsipras avant le vote du projet de loi humanitaire


Mesdames et Messieurs les députés, 

Aujourd’hui c’est un grand jour, parce que c’est la première fois depuis plus de quatre ans que le Parlement grec discute et vote un projet de loi qui n’a pas été « traduit » mais écrit « ici ». Il est peut-être paradoxal de le souligner, mais ce projet de loi n’est pas la traduction d’un « e mail ». Il a été écrit en grec, et il va être voté par une grande majorité. Tout aussi important est le fait que le Parlement va voter pour un projet de loi qui répond aux besoins sociaux d’un grand nombre de personnes et non pas au cercle restreint des privilégiés attitrés. 

Le Parlement va voter un projet de loi favorable à ceux qui ont le plus besoin de soutien. C’est le premier projet de loi depuis cinq ans qui non seulement n’affaiblit pas les citoyens et ne porte pas atteinte aux droits sociaux et au droit du travail, mais qui vise à soutenir et protéger les couches sociales les plus vulnérables. Le gouvernement commence à mettre en œuvre ses engagements électoraux même si certains ont encore du mal à l’accepter. Nous nous sommes engagés à être le gouvernement qui réalisera son programme. Nous nous sommes engagés à nous saigner nous-même, s’il le faut, à la place du peuple. 

Aujourd’hui, donc, c’est un nouveau départ. Et nous allons continuer dans cette voie en déposant les jours suivants un projet de loi qui permettra aux ménages d’étaler en cent fois le paiement de leurs arriérés, qui permettra à nos concitoyens de reprendre haleine tout en augmentant les ressources des fonds publics. Des projets de loi concernant la reconstruction de la fonction publique, la relance de notre économie, la justice, la réouverture d’ ERT (radiotélévision publique) seront déposés par la suite. Et tous ces projets seront décidés et écrits ici, parce que nous n’avons pas l’intention de suivre les méthodes de nos prédécesseurs en confiant à des technocrates l’élaboration de nos propres projets. 

vendredi 20 mars 2015

Succès de Blockupy à Francfort Blockupy


Francfort a été une belle réussite : environ 20.000 manifestant-e-s (en comptant les personnes présent-e-s le matin pour le blocage, celles et ceux qui étaient là pour le meeting internationaliste ainsi que les manifestant-e-s l’après-midi), et entre 5000 et 10000 policiers venus de toute l’Allemagne pour cette occasion. 

Une centaine de manifestant-e-s français-e-s étaient dans les bus au départ de Paris. La participation d’Ensemble à l’organisation en France a été l’occasion d’approfondir des liens associatifs et syndicaux (notamment avec Attac et Solidaires) et la rencontre à Francfort de « prendre la température » et de nouer des liens politiques (notamment avec Die Linke et Attac Allemagne). Les discussions lors du trajet et de la mobilisation étaient intéressantes et constructives. L’organisation française a été parfaite, très bien coordonnée à celle des organisatrices et organisateurs allemands de Blockupy, qui ont déployé un dispositif d’information, de blocage, de coordination, d’orientation et de soutien très efficace et qui m’a beaucoup impressionné. 

L’aspect logistique était principalement pris en charge par Die Linke et Attac Allemagne, et la coordination dans les divers points de blocage, de rendez-vous et de manifestation par des militant-e-s de Blockupy facilement reconnaissable, très bien organisés (organisatrices et organisateurs avec oreillettes et traductions dans toutes les langues, moments de concertation, lieux de repos, et de ravitaillement en eau, café et nourriture, bonne connaissance du dispositif policier). Le tout avec le sourire et dans une ambiance festive et agréable. En somme, nous avons été très bien accueillis. 

mercredi 18 mars 2015

Solidarité internationale avec les travailleurs de VIOME


Les travailleurs de VIOME à Thessalonique, en Grèce, se sont levés contre la pauvreté et le chômage. Ils ont entamé une longue lutte pour l'autogestion de l'usine et ce dans un contexte hostile. 

Cela fait deux ans qu'ils produisent et commercialisent des produits de nettoyage écologique dans l'usine occupée, ce qui leur garanti un revenu modeste pour leur famille. Ils ont travaillé dans des conditions d'égalité les uns par rapport aux autres, prenant les décisions collectivement en assemblée. Ce faisant, ils ont reçu une grande vague de solidarité en la Grèce mais aussi de l'étranger, convertissant leur lutte en une lutte emblématique pour la dignité humaine en Grèce en temps de crise. 

Les anciens propriétaires de l'usine - la famille Fillipou - n'ont eu de cesse d'obstruer le processus, en utilisant des obstacles légaux à chacune des étapes de leur parcours. Cela fait quatre ans qu'ils ont abandonné l'usine, s'appropriant tous les bénéfices et laissant derrière eux une dette de cent millions d'euros qui s'abat maintenant sur les travailleurs, en maintenant leur familles dans la pauvreté et la misère. Aujourd'hui ils refont surface, conspirant avec les syndics et le système judiciaire afin de liquider l'entreprise. 

Alors que les anciens propriétaires ont été condamnés à 123 mois de prison en première instance pour les millions d'euros de dettes pour les travailleurs, la cour d'appel a réduit cette peine à 43 mois de sursis et annulé les compensations pour les travailleurs. 

mardi 17 mars 2015

Allemagne : Salaire minimum ? – Mon œil !, par Manuel Kneller


La nouvelle loi du salaire minimum a été adoptée le 3 juillet 2014 au Bundestag, au parlement fédéral de l’Allemagne, et confirmée par le Bundesrat (deuxième chambre représentant les Länder) le 11 juillet 2014. Cette loi est en vigueur depuis le 1er janvier 2015. Au sein de l’UE, 21 Etats sur 28 connaissent un salaire minimum légal, le plus bas en Bulgarie avec 1,01 Euro, le plus haut au Luxemburg avec 11,10 Euro. 

Le salaire minimum en Allemagne, c’est 8,50 Euro, et semble donc se situer plutôt en haut de la gamme. Mais il est insuffisant, il connaît des exceptions et n’est donc pas appliqué systématiquement, il y a des règlements de transition pour certaines branches, et l’expérience des premières semaines montrent en quelle mesure les patrons contournent le nouveau règlement, comme ils ont, par ailleurs, déjà très souvent et de routine contourner les salaires minimum par branches en vigueur depuis des années. 

Insuffisant 

En travaillant à temps plein, un salarié payé 8,50 par heure touche un peu moins que 1500 Euro brut par mois, donc avant la déduction des impôts. C’est trop pour mourir et trop peu pour vivre. C’est un salaire net très peu au-dessus des minimas sociaux (Hartz IV). C’est surtout insuffisant pour générer une pension protégeant le salarié de la pauvreté en période du troisième âge. 

La revendication du président du syndicat des services Ver.di Frank Bsirske, qui demande un salaire minimum de 10 Euro, présupposerait un travail à temps plein de 45 ans (!) pour arriver à une pension légèrement au-dessus des minimas sociaux. Mais il y a de moins en moins de biographies de travail rémunéré de ce genre. Le directeur principal du Paritätischer Wohlfahrtsverband (centrale des associations d’assistance sociale) Ulrich Schneider a déclaré qu’il faudrait un salaire minimum au-dessus de 13 Euro pour protéger contre la pauvreté de vieillesse. Et encore, même 13 Euro seraient insuffisants sans emploi `à temps plein pendant des décennies. De moins en moins de salariés et surtout de salariées y arrivent. [1] 

Le Portugal, la trahison du faux bon élève, par Cristina Semblano

"Mauvaise foi", c'est en ces termes que Cristina Semblano, économiste, et professeur d'économie portugaise à l’Université de Paris IV – Sorbonne, juge les déclarations d'Angela Merkel et Walter Schaüble qui citent le Portugal sur la pertinence de mener des politiques d'austérité. 

"L’exhibition du Portugal comme un animal de cirque par la chancelière allemande, Angela Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schaüble, afin de démontrer le bien-fondé des politiques d’austérité de la Troïka, face à la Grèce, relève de la mauvaise foi. A l’appui de cette assertion on peut signaler, tout d’abord, en nous référant au premier volet du Mémorandum (restaurer l’équilibre des finances publiques), la non atteinte des objectifs en matière de déficit budgétaire et la croissance vertigineuse de la dette passée de 100% du PIB lors de l’arrivée de la Troïka mi-2011, à 128.7% fin 2014, soit six mois après la sortie officielle de la Troïka du pays. 

On peut aussi constater, en nous référant, au deuxième volet du Mémorandum, l’absence de stabilité du système financier dont l’effondrement récent (2014) du troisième groupe financier portugais et deuxième groupe privé du pays – groupe Espírito Santo (GES) – en constitue la preuve irréfutable, quoique non exclusive. Enfin, si l’étendue des réformes structurelles entamées en vue de l’accroissement de la compétitivité de l’économie (troisième volet du mémorandum), fournissait la ligne de démarcation entre le bon et le mauvais élève, la Grèce, championne de ces réformes selon l’OCDE, serait la première de la classe. 

En fait, si le Portugal n’est pas la Grèce, comme aiment à le répéter inlassablement ses gouvernants - preuve que les différences entre les deux pays ne sont pas si évidentes qu’on voudrait le faire croire – c’est davantage par l’attitude collaborationniste du gouvernement portugais vis-à-vis de l’Allemagne que par ses indicateurs économiques ou leur trajectoire, qui, somme toute, ne sont pas aussi différents (1). 

lundi 16 mars 2015

"L'Europe n’a pas le droit de répéter les mêmes erreurs que par le passé" discours d'Alexis Tsipras sur les réparations allemandes


Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, 

Je prends aujourd’hui lors de cette réunion historique la parole non seulement à titre symbolique mais également parce qu’il y a des raisons essentielles à cela. D’abord et principalement pour porter hommage aux victimes de la deux guerre mondiale. Et pour honorer la mémoire de tous ceux et celles qui ont donné leur vie pour la liberté de leurs pays. Qui ont donné leur vie pour abattre le nazisme qui avait répandu sa nuée funeste sur les peuples du monde. 

Je prends également la parole pour honorer les combattants de la résistance nationale grecque qui ont donné leur vie pour débarrasser notre pays de la barbarie nazie et de l’occupation. Pour que nous ayons aujourd’hui une patrie libre et souveraine. 

Certains nous disent à quoi bon vous souciez du passé ? Occupez vous plutôt de l’avenir. Mais quel pays quel peuple peut prétendre un avenir s’il n’honore pas son histoire et ses luttes ? Quel peuple peut aller de l’avant en étouffant la mémoire collective sans que l’histoire reconnaisse ses combats et ses sacrifices ? 

Du reste, mesdames et messieurs les députés ce temps n’est pas si lointain. Et sont encore brûlants dans la mémoire collective les images et les sons des tortures et des exécutions à Distomo et à Kaissariani, à Kalavryta et à Viannos. Il est encore brûlant dans la mémoire de notre peuple le souvenir des crimes et les catastrophes provoqués par les armées du IIIe Reich d’un bout à l’autre du territoire grec et du reste de l’Europe. 

mardi 10 mars 2015

Lola Sanchez (Podemos) : "La victoire n'est qu'une question de temps"


Alors que va s’ouvrir en Espagne une année électorale décisive pour le pays et cruciale pour les gauches européennes, Lola Sanchez, eurodéputée de Podemos, parle d’un parti confiant et paré pour la victoire, malgré les questionnements.

 Lola Sanchez était en France pour y parler du Traité transatlantique et de la place des femmes en politique. À trente-sept ans, elle a fait de sa place dans l’hémicycle européen l’endroit idéal pour lutter – lutter avant tout pour le peuple, pour la justice et l’égalité des droits. Nous l’avons rencontrée afin de discuter des gauches européennes, malmenées par la Troïka, mais aussi de Podemos.

Regards. Dans El Pais, Jean-Claude Juncker a affirmé que les propositions de Podemos sont « incompatibles avec les règles européennes ». Après la Grèce de Syriza, la Commission européenne attaque de front l’Espagne de Podemos. Que répondez-vous à cela ? 

Lola Sanchez. La Commission européenne se rend compte que quelque chose bouge dans les sociétés européennes, quelque chose qui va à l’encontre des politiques d’austérité. Ce qui s’est passé en Grèce est un exemple, car les institutions sont en capacité de menacer et d’attaquer la Grèce plus qu’elles ne pourront le faire avec un futur gouvernement de Podemos en Espagne. L’Espagne est en effet la quatrième économie de l’Union européenne et personne ne pourra nous menacer de la sorte. Nous nous ferons plus fermes et nous viendrons au secours des Grecs. Ce que Juncker démontre, c’est que, bien évidemment, le projet politique de Podemos n’est pas compatible avec les règles actuelles de l’UE. Nous ne sommes pas antieuropéistes, ni contre la monnaie unique. Nous sommes contre ce modèle d’Europe, un modèle fait pour les grands pouvoirs économiques, pour les banques. Ce n’est pas pour ça qu’est née l’Europe, en théorie, elle est faite pour autre chose, pour le peuple.

vendredi 6 mars 2015

Clémentine Autain : «Ne soyons pas naïfs sur Poutine»

Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, une des composantes du Front de Gauche, s’est désolidarisée (par un message sur Tweeter) vendredi matin des écrits de Jean-Luc Mélenchon sur son blog à propos de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en Russie. Sur son blog, Mélenchon avait notamment fustigé ceux qui attribuaient la mort de l'opposant à Poutine «sans le début d'une preuve». 

Pourquoi ce tweet ? 

Aujourd’hui la parole du Front de gauche est associée à Jean-Luc Mélenchon parce qu’il a été notre candidat lors de la présidentielle. Or, sur ce sujet, des désaccords existent. Moi, je ne sais pas qui a tué Nemtsov. Il n’est pas certain que Vladimir Poutine soit impliqué dans cet assassinat, même s’il s’agissait de l’un de ses principaux opposants et qu’il s’apprêtait à rendre un rapport sur l’implication militaire russe en Ukraine. Mais ces dernières années ont montré qu’il n’est pas simple d’être en désaccord avec Poutine ! Ne soyons pas naïfs à son sujet. Le président russe et son entourage préfèrent la violence à la démocratie. Ils ont noué des liens étroits avec les réseaux d’extrême droite en Europe. Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les «gentils Ukrainiens» aux «méchants Russes» : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte. Mais de là à offrir une version outrancièrement opposée… 

mardi 3 mars 2015

Etat espagnol : Un débat «national» sous le syndrome de Podemos, par Jaime Pastor


 «Il faut renouveler l’air, ça sent le mort!», El Roto 

En effet, ainsi que le diagnostique avec justesse le dessinateur lucide d’El País, le mal nommé «débat sur l’état de la nation» [suite au discours de Rajoy, le secrétaire du PSOE Pedro Sanchez et le secrétaire de Podemos Pabro Iglesias ont fait des contre-rapports sur l’état de la nation] a été en cette occasion un spectacle perçu par une majorité de la société comme le dernier acte d’un Parlement dont la représentativité s’est détériorée de manière accélérée depuis que les dernières élections européennes [du 25 mai 2014] annoncèrent le début de la fin du bipartisme dynastique. 

Le slogan déjà ancien «ils ne nous représentent pas» occupe à nouveau «l’inconscient» collectif de cette institution, conjugué avec le fantôme de Podemos et, depuis lors, celui de Ciudadanos qui commence à se frayer un chemin avec l’aide de certains médias au préjudice d’Union, progrès et démocratie (UpyD) et du Parti populaire (PP). 

Mariano Rajoy commença [le 24 février] par développer sa vision idyllique de la réalité économique et sociale espagnole, recourant au fétiche de la «croissance économique» et à l’euphémisme de la «reprise», souhaitant occulter que nous payons toujours le «sauvetage» bancaire et que nous nous trouvons à la tête des pays de l’Eurozone quant au degré d’inégalités, laquelle a approfondi ses politiques d’austérité au cours des dernières années. 

dimanche 1 mars 2015

Remarques sur la situation grecque, par Pierre Khalfa


Nous connaissons maintenant les mesures présentées par le gouvernement grec qui complètent l’accord pour quatre mois signé avec l’Europgroupe. Quelles indications peut-on en tirer ? 

1. Le contenu de ces mesures reprend des propositions du programme de Syriza comme la lutte contre la fraude fiscale, la volonté que les plus aisés contribuent au financement des politiques publiques, la lutte contre la corruption et le clientélisme. De plus, pour la première fois un texte de cette nature pointe les mesures à prendre pour lutter contre la crise humanitaire, crise que l’Union européenne a donc été obligée de reconnaître. La formulation sur la TVA reste assez floue et peut permettre de justifier n’importe quelle mesure et notamment une éventuelle augmentation, même si l’objectif de justice sociale est affirmé.