1 Laïki Enotita se constitue en tant que front organisé de la gauche radicale moderne. Il se compose d’organisations politiques et de militant-e-s qui acceptent ses thèses programmatiques et ses règles de fonctionnement, tels qu’ils ont été approuvés par la première conférence nationale.
Tous les membres de LA.E participent avec les mêmes droits à son fonctionnement, qu’ils soient adhérents à des organisations politiques ou qu’ils soient inorganisés, dans le cadre de ses comités politiques, de ses organes et de son activité politique de masse.
- La crise du capitalisme développé, qui a commencé en 2008 aux USA avec l’effondrement du marché immobilier, n’a pas vraiment été dépassée, par-delà les variations cycliques. Tout redressement quel qu’il soit est anémique, le chômage de masse devient maladie chronique et la menace d’une réapparition de la récession est à l’ordre du jour. La crise a acquis un caractère structurel, en particulier dans l’espace de l’eurozone et aggrave les dangers d’instabilité géopolitique.
Sur fond d’instabilité économique et d’explosion des inégalités sociales, une crise profonde de la politique dominante se développe, qui frappe principalement les partis conservateurs traditionnels et la social-démocratie, les deux piliers du « Centre oligarchique » qui servent le capital financier et anéantissent, chacun à sa façon, des dizaines d’années d’acquis sociaux. Sur le terrain de cette crise des courants réactionnaires extrémistes et démagogiques trouvent un écho en misant sur le nationalisme et la xénophobie.
Dans ce cadre, apparait la nécessité impérieuse d’une réponse de gauche, radicale, en Europe et dans le monde : un regroupement populaire qui contre-attaquera en faisant prévaloir la démocratie et la souveraineté populaire, face au capital financier international, à l’impérialisme, et aux oligarchies capitalistes locales, et en prenant pour perspective un projet progressiste de transformation productive incluant la participation sociale, la justice et le respect de l’environnement.
Sans la large contre-offensive victorieuse d’une gauche reconstruite de fond en comble sur des principes de classe, radicaux, démocratiques, et sur la base d’un nouveau projet de développement, ni l’Europe, ni la planète ne seront mesure d’inverser la marche dangereuse vers la régression sociale, les grandes guerres, la destruction de l’environnement et la nouvelle barbarie.
En Grèce, l’application du troisième mémorandum avec ses dures mesures d’amputation des retraites, d’offensive fiscale, de liquidation de la richesse publique rendra encore plus insupportable la situation de l’immense majorité de la société et aggravera les impasses économiques.
Le nouveau paquet de mesures anti ouvrières à venir cet automne vise à enterrer ce qui reste d’acquis sociaux, en particulier dans le secteur privé, et à verrouiller la jungle du droit des travailleurs.
Les mémorandums et tout particulièrement le troisième ne se résument pas à des paquets de mesures contre le peuple, ils représentent un nouveau régime politique qui sape l’indépendance nationale et balaye toute notion de souveraineté populaire et de démocratie. Un régime d’emprisonnement à long terme du pays et de violent asservissement de la société. Un régime qui, avec le levier de la dette transforme le pays en une sorte de protectorat des créanciers et du capital financier pour le compte des capitaux dominants locaux et étrangers (la supercaisse des privatisations pour 99 ans, l’abandon scandaleux des banques à des fonds d’investissements, le dispositif de coupe automatique, l’abandon des recettes publiques à des centres extra-institutionnels, la liquidation de la richesse nationale.)
Laïki Enotita ne reconnait pas la légitimité de ce régime, et ne considère pas comme un fait accompli tout ce qui a été réalisé au détriment du peuple pendant la période des mémorandums. Nous considérons au contraire que ces mesures résultent d’un chantage brutal et nous visons à les abroger avec la volonté du peuple grec. Les responsables de ces crimes politiques devront rendre des comptes, politiquement et pénalement.
- La fin de la première évaluation qui a suivi le premier bouquet de mesure économiques et sociales très dures prises par le gouvernement ne donne pas le signal d’une stabilisation économique à long terme dans le cadre des mémorandums.
Le renversement du régime des mémorandums, sur la base d’un programme progressiste radical, constitue une nécessité impérieuse pour toute avancée vers un véritable desserrement des contraintes et vers une véritable redistribution, sur la voie de la transformation sociale. La tâche essentielle de Laïki Enotita est de contribuer en tant qu’avant-garde au combat pour ce renversement, et à l’élaboration du programme nécessaire et décisif pour son issue heureuse et victorieuse.
- Le renversement radical des mémorandums passe par l’éviction du gouvernement SYRIZA-ANEL, ainsi que par la mise en minorité de tout le bloc politique pro-mémorandum, depuis la Nouvelle Démocratie et la Coalition Démocratique (DS, l’ancien PASOK et ses alliés NdT) jusqu’à la Rivière et l’union des Centres.
L’Aube Dorée ne constitue en aucune façon une force de contestation du système, mais l’excroissance néonazie du capitalisme grec, son visage le plus agressif et le plus repoussant.
L’enjeu immédiat pour Laïki Enotita et pour la gauche radicale, plus largement, est de contester à nouveau, en termes de masse, les délimitations de la vie politique et ses dilemmes dans le cadre de l’arc pro mémorandum et de l’eurozone.
- Le renversement radical, antimémorandum, pour lequel lutte Laïki Enotita conquerra la souveraineté et l’indépendance du pays, ouvrant la voie à une issue de la crise avec l’application d’un programme de transition en faveur du peuple, pour transformer l’état, la production, l’économie et la société. Un programme qui commence par la suppression de l’austérité, l’arrêt des paiements, la redistribution de la richesse au profit de ceux qui la produisent et le soutien, la revalorisation, la revitalisation de l’éducation et de la culture, dans la perspective de la victoire d’un nouveau socialisme du 21ème siècle.
Laïki Enotita souligne le fait que la sortie de l’eurozone ne constitue pas l’application technique de normes complexes, presque prohibitives pour les pays qui s’y risqueraient, mais avant tout un choix politique et une solution alternative viable. La sortie de l’eurozone exige un mouvement populaire et une gauche qui devront préparer et entreprendre un affrontement politique et social victorieux. Cette solution alternative, malgré les difficultés, aura des résultats positifs et porteurs d’espoirs, sur la base d’un programme de transition radical bien préparé.
7 Avec notre résolution politique nous confirmons et ratifions le programme de Laïki Enotita contenu dans les thèses, telles qu’elles ont été élaborées et finalisées dans les travaux de notre conférence nationale.
Les éléments fondamentaux et indissociables de notre programme sont les suivants : sortie de l’eurozone en affrontant le néolibéralisme européen, désobéissance et rupture avec les traités européens, interruption du remboursement de la dette et annulation de cette dette, généreuse remise des dettes privées, en particulier pour les plus démunis, nationalisation et socialisation des banques, reprise du contrôle des ressources publiques, annulation des privatisations, propriété et reconstruction des entreprises publiques d’importance stratégique
En lien avec ce qui précède, nous luttons pour le plein rétablissement des acquis des travailleurs, pour un nouveau système fiscal juste, pour la hausse des salaires et des retraites, pour vaincre le chômage, pour soutenir et aider la base productive, en particulier le secteur primaire, les petits et moyens agriculteurs, les PME urbaines. Nous luttons pour accorder le droit d’asile à tous les réfugiés, pour la reconnaissance de la liberté de circulation vers les pays de destination à l’opposé des politiques honteuses de l’Europe-citadelle, pour mettre fin aux guerres impérialistes et au pillage économique des peuples, qui séparent des millions d’hommes de leurs foyers. Nous luttons pour un changement de régime en faveur des travailleurs et du peuple, pour un régime qui sauvegardera les droits sociaux et politiques du plus grand nombre sur tous les plans, depuis le lieu de travail et d’habitation jusqu’à l’espace politique central. Nous luttons pour le démantèlement des mécanismes qui ont abouti à un asservissement du peuple-ennemi, et pour la suppression des cellules spéciales étanches de l’état parallèle européen, qui prolifèrent à une vitesse inquiétante. Nous luttons pour la sortie de l’OTAN et l’évacuation des bases américaines. Tous ces éléments de base sont autant de points de départ pour un projet de transformation politique, économique et sociale susceptible de donner soulagement, espoir et perspectives à notre pays et avant tout à sa jeunesse.
- La consolidation et le verrouillage du régime des mémorandums, ainsi que la réduction de la souveraineté populaire ont des conséquences profondes dans l’orientation du pays en matière de politique extérieure et de géopolitique. Le pays est totalement satellisé par l’euro atlantisme et récemment par les faucons d’Israël. Parallèlement à la démarche de sortie de l’eurozone et à l’affrontement avec l’UE, la Grèce se doit d’avancer sur la voie du développement de nouvelles relations économiques internationales sur la base de l’intérêt réciproque.
- Le renversement des mémorandums, la rupture avec le système de l’euro et la fin des cauchemars de la dette ne peuvent avoir lieu s’ils ne sont pas pris en charge par les luttes de la plus grande majorité sociale possible. Le mouvement ouvrier et les mouvements locaux sont confrontés au défi des réponses à la liquidation généralisée de la richesse publique, à la privatisation des biens sociaux, aux nouvelles atteintes au droit du travail, à la nécessité de défendre les droits des petits débiteurs du trésor public. Le gouvernement Tsipras apportera constamment de nouvelles mesures mémorandaires, alimentant le cercle vicieux de l’austérité. Laïki Enotita s’efforcera de contribuer résolument à la reconstruction du mouvement ouvrier et populaire, des luttes de la jeunesse, des mouvements locaux dans les communes et les régions. Nous savons bien que dans une grande partie du mouvement populaire s’est répandu un sentiment de défaite, de découragement et d’impuissance, surtout depuis que le gouvernement cultive consciemment la logique selon laquelle rien ne peut changer.
-Nous contribuerons à une reconstruction combative, de classe du mouvement ouvrier. Nous lutterons pour des syndicats regroupant tous les travailleurs, quels que soient leurs statuts, avec un fonctionnement démocratique et combatif ; pour des formes de coordination des syndicats et des fédérations dans les luttes, pour un développement coordonné des luttes contre le gouvernement.
Dans ce cadre, les forces de Laïki Enotita soutiennent des tendances syndicales, larges, autonomes et des formations dont l’orientation est clairement de classe, anti gouvernementale et anti mémorandum. Notre but est que tous les travailleurs et toutes les travailleuses sans exception qui sont en accord avec leurs principes politiques puissent y participer. En revanche, les membres et cadres qui relaient et représentent les partis pro mémorandum, -y compris bien sûr ceux de Syriza-, ceux qui tolèrent, défendent et justifient les politiques gouvernementales mémorandaires n’ont pas leur place dans les tendances et les listes qui se forment dans les syndicats s.
La séparation complète des forces qui sont en relation avec Laïki Enotita d’avec les forces du nouveau syndicalisme gouvernemental pro mémorandum dans des tendances et des regroupements, en particulier au niveau central, en même temps que le travail de construction de regroupements syndicaux larges et unitaires, auxquels participeront aussi toutes les forces de Laïki Enotita, d’où qu’elles viennent, constitue une tâche immédiate de la période qui vient.
-Nous contribuerons à la renaissance des mobilisations locales, qui sont un front crucial à l’heure de la liquidation de la richesse publique et de la transformation de l’administration locale en levier des politiques de restructurations néolibérales. Dans le cadre de Laïki Enotita, nous soutenons des regroupements et des mouvements spécifiques larges et autonomes au niveau des collectivités locales, et là où ils n’existent pas, nous les construisons le plus rapidement possible, à tous les niveaux de l’administration locale, depuis la commune jusqu’aux régions, Ces regroupements spécifiques et ces mobilisations doivent être politiquement orientés contre les mémorandums et la loi de réorganisation des collectivités locales, et constituer, en particulier, un front résolu contre les politiques gouvernementales en faveur des mémorandums et de l’affaiblissement de l’administration locale. Dans les regroupements et les mouvements existants au niveau des administrations locales qui sont encadrés par des dirigeants qui relaient et représentent les partis pro mémorandum -comme l’est désormais Syriza- les membres et cadres de Laïki Enotita se séparent et travaillent à la construction de nouveaux regroupements et des mouvements larges au niveau des collectivités locales. Il leur faudra en même temps agir sur la base d’un programme concret et radical concernant l’administration locale, destiné à affronter les problèmes du peuple -qu’ils soient d’ordre locaux ou nationaux- et à renforcer la décentralisation et la démocratie participative. Il leur faudra s’appuyer sur une intervention militante combative, dans les collectivités locales pour promouvoir les questions locales et défendre les biens publics sociaux.
-Nous prendrons des initiatives pour que se mette en marche le mouvement radical de la jeunesse, non seulement au sein de la jeunesse scolarisée, mais aussi dans la jeunesse de la précarité et du chômage.
- Laïki Enotita, en tant que front d’organisations et de militants de gauche qui sont en accord avec les bases de son programme, est ouverte à toute organisation de gauche et à tout citoyen qui souhaiterait rejoindre ses rangs sur un pied d’égalité. Pour promouvoir le renversement immédiat de la politique mémorandaire qu’il vise Laïki Enotita souhaite contribuer dans un esprit novateur à la construction d’un grand front politico-social, sous la bannière de l’émancipation des mémorandums, de la sortie de l’eurozone, de la rupture avec le système de l’euro et de l’annulation de la dette.
Laïki Enotita, dans le cadre d’un tel bloc, vise à exprimer en tant qu’avant-garde la nécessité du renversement politique immédiat, avec pour horizon le socialisme, face aux logiques de gestion néolibérale mémorandaire, mais aussi en opposition avec la politique d’isolement à gauche, qui renvoie la possibilité de la rupture et du renversement à un avenir éloigné, dont les conditions ne sont jamais réunies.
- Pour développer ce front, Laïki Enotita vise à travailler avec toutes les forces de gauche sans exception, communistes ou non, quelle que soit l’importance des différences, à avancer ensemble et se rassembler. Cela inclut le KKE, ANTARSYA et d’autres organisations de la gauche extraparlementaire.
12 En vue de la création de cet indispensable front social et politique, le congrès fondateur de Laïki Enotita décide pour le semestre qui vient d’organiser le dialogue et l’action commune sur deux plans :
- A) L’élaboration du programme et du projet alternatif, au moyen de rassemblements publics ouverts, de rencontres et de débats où se développera une libre discussion, dans la perspective d’impliquer les travailleurs et les intellectuels. Ce qu’on attend de cette discussion, c’est un programme de sortie de crise, le plus fouillé et le plus convaincant possible, qui s’adressera à la société grecque et qui montrera qu’il existe une alternative susceptible de redonner au mouvement populaire sa confiance en lui-même. L’élaboration du programme s’accompagnera d’une campagne centrale permanente pour la sortie de l’Eurozone et pour l’affrontement avec l’UE.
- B) L’unité d’action sur les terrains fondamentaux des luttes sociales dans la période qui vient. Le premier concerne la résistance aux privatisations. Elle exige la coordination de l’action des travailleurs des entreprises et des services publics voué à la liquidation avec les luttes des citoyens contre la braderie de la richesse publique. Il nous faut viser à la fois l’organisation de comités unitaires de lutte dans chaque secteur celle d’un comité national de défense et de récupération de la richesse publique, qui devrait englober des syndicats, des regroupements, des comités de lutte, des mouvements. Le deuxième terrain concerne les réformes réactionnaires en cours dans le domaine des relations de travail, en particulier les libertés syndicales, les 13ème et 14ème mois et les licenciements de masse. Sur ces deux terrains, la tâche centrale de Laïki Enotita est de construire par son intervention un courant politique de rupture avec l’eurosystème. Nous rechercherons la convergence des mouvements particuliers dans ce courant central, politique, de façon à offrir une perspective et une issues victorieuses.
- Ce front, nous devons nous efforcer de le bâtir par le haut et par le bas, avec des comités populaires larges contre les mémorandums et l’eurozone.
Au-delà de tout ce qui a déjà été mentionné, nous lutterons dans la période qui vient immédiatement pour :
- a) La défense du logement populaire, le rejet des saisies au profit des banquiers, des créanciers et des fonds spéculatifs étrangers, auxquels ont été cédés les créances à risque, mais aussi les prêts viables des ménages populaires endettés et des petites et moyennes entreprises.
- b) La riposte à la nouvelle offensive fiscale, la défense des petits débiteurs du fisc et l’annulation des interruptions de fourniture de courant et d’eau aux ménages populaires, qui sont dans l’impossibilité économique de payer leurs factures.
- c) La défense des retraites, de l’assurance sociale et de la santé publique gratuite.
- d) La défense, le soutien et la revalorisation de l’éducation publique gratuite à tous ses niveaux, avec priorité au soutien des enseignants et à la couverture avec des emplois stables de tous les manques de postes de professeurs.
- e) Le renforcement des mobilisations de la jeunesse contre le chômage et la précarité, pour une éducation gratuite publique.
- f) L’organisation de la solidarité en direction des réfugiés, face à la xénophobie, le néofascisme et les guerres impérialistes.
–Le réexamen des voies pour des projets innovateurs et viables économiquement socialement et écologiquement, avec pour horizon historique le socialisme.
-Le réexamen des formes d’une économie socialiste et de leurs transformations, avec priorité au rôle politique et économique des travailleurs
-Le rejet des logiques de division et de fragmentation au sein de la gauche, des mentalités de propriétaires et de toutes les variantes de sectarisme.
Traduction : Jean Marie Reveillon
Source : http://laiki-enotita.gr/?p=5583
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