A quelques jours du 39ème anniversaire de la révolution sandiniste, le Nicaragua vit la plus importante révolte populaire depuis la chute de la dictature de Somoza en 1979.
Petit pays d’un peu plus de 6 millions d’habitants, avec un PIB moyen par habitant de 2000 euros par an, le Nicaragua connaît de grandes inégalités sociales. Elles n'ont fait que s'aggraver depuis l’élection d’Ortega, cela au profit exclusif de quelques privilégiés, dont la famille Ortega/Murillo.
En avril dernier, la ratification par le président de la République Daniel Ortega d’une réforme des retraites, entraînant la baisse de celles-ci de 5%, a été l’élément déclencheur de cette révolte sociale. Il faut dire que le niveau moyen des retraites, comme des salaires, est extrêmement bas (120 à 150 euros). C'est plus d’une dizaine de manifestants qui ont été tués par la police durant les trois premiers jours de manifestation, avant que le Président annonce l’annulation de cette contre-réforme.
Depuis lors, les manifestations n’ont pas cessé dans toutes les grandes villes du pays. La répression brutale et barbare a provoqué à ce jour près de 300 morts. Au premier rang de cette révolte sociale, de très larges franges de la jeunesse pour qui Ortega, à la tête du pays sans interruption depuis 2006, est aujourd’hui comparable à ce qu’était Somoza en son temps notamment en matière de corruption et d’enrichissement familial.
Ancien commandant de la révolution, Daniel Ortega a été ré-élu président de la République en novembre 2016, à 71 ans, pour un quatrième mandat, le troisième consécutif, et avec cette fois comme vice-présidente sa propre épouse Rosario Murillo.
Pour revenir et se maintenir au pouvoir, Daniel Ortega a rompu avec tous les principes politiques du sandinisme, n’hésitant pas à faire alliance avec le patronat et l’ultra conservatrice hiérarchie catholique, tout en maintenant formellement une rhétorique nationaliste anti-impérialiste et en continuant à se référer au sandinisme.
Les semaines qui viennent pourraient bien être cruciales pour le couple Ortega/Murillo, à qui personne ne peut pardonner les tueries de dizaines de jeunes, et qui est en train d’être lâché par une partie de la hiérarchie catholique et par le patronat.
La révolution sandiniste est de longue date « une révolution perdue », selon les propres mots du poète et ancien ministre sandiniste de la Culture, Ernesto Cardenal. Plus exactement depuis qu’Ortega et sa clique mafieuse ont pris le contrôle du Front Sandiniste pour en faire l’instrument de leur propre mainmise sur le Nicaragua.
Aujourd’hui, sans hésitation, notre camp est celui de la jeunesse insurgée.
Halte à la répression ! Solidarité avec la jeunesse insurgée !
Ensemble!, le 13 juillet 2018
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