dimanche 4 octobre 2015

Portugal : le bloc de Gauche dépasse les 10%




Ce texte de Catarina Principe est écrit avant que les résultats finaux soient connus, sur la base des derniers sondages.

Le Bloc de Gauche (Bloco de Esquerda – BE) et le Parti Communiste Portugais (PCP) obtiennent respectivement 10,2% (19 députés) et 8,3% (17 députés). Bien que la victoire des forces de la droite austéritaire est à l'heure actuelle le scénario le plus probable, il est intéressant de noter que le parlement portugais sera probablement composé aux alentours de 15 à 20% de forces anticapitalistes et anti-austéritaire;
1. Le résultat du PCP n'est pas une surprise. Le parti a un électorat plus ou moins stable depuis de nombreuses années. Cela signifie qu'il n'y a pas de relation causale directe entre le contexte politique, économique et social et ses résultats électoraux : les hauts et les bas du mouvement social portugais et des luttes de classes n'ont pas de traduction directe dans les votes pour le PCP (même s'ils peuvent en avoir sur son rôle et son positionnement politique)
2. Cette analyse est partiellement vraie pour les résultats du Bloco. Quoi qu'il en soit, il semble très possible que le Bloco soit le seul véritable « gagnant » de cette élection. Après un mauvais résultat aux élections de 2011 (5,7%, soit la perte d'à peu près la moitié de ses voix en comparaison avec les élections de 2009), et une importante crise politique, le Bloco semble reprendre lentement des forces, contredisant bien des prévisions suivant lesquelles il allait disparaître du paysage politique portugais. Que s'est-il donc passé ?

- Le Bloco a réussi à mener une campagne électorale intense. Ses principaux porte-paroles ont joué un rôle très positif, l'emportant dans de nombreux débats entre les différents partis, et en étant capable d'amener au centre des discussions certaines questions politiques fondamentales, en particulier celle du travail et de la précarité, des migrants, de la sécurité sociale, du démantèlement de l'Etat social, des privatisations, des retraites, et – de façon très importante – les questions tournant autour de la restructuration de la dette, de l'Europe, et de l'euro.
- Le Bloco a redéfini sa position sur l'UE et l'euro. La prévision suivant laquelle l'effet-Syriza porterait un coup au renforcement de la gauche s'est avérée peu exacte. Bien que les autres forces politiques aient tenté de présenter le Bloco comme étant « irresponsable » et manquant de solutions crédibles, en remarquant que même le gouvernement dirigé par Syriza avait du admettre qu'il n'y avait pas d'alternative à l'austérité, le Bloco a été en mesure de déplacer le débat autour de la responsabilité politique des élites européennes, et dans le même temps à renforcer la critique de l'UE et de l'euro. Ce n'est pas une petite affaire : dénoncer les limites démocratiques de l'UE et affirmant clairement que nous ne ferons plus de sacrifices pour l'euro, et dans le même temps, gagner des points sur le plan électoral, signifie qu'il y a une ouverture fondamentale d'un espace pour la critique de l'UE et de l'euro, pour une gauche internationaliste.
- Bien évidemment, tous les problèmes ne sont pas résolus. La quasi inexistence d'un mouvement social et de luttes ouvrières,, un parti toujours centré sur les échéances électorales et dépendant de la « bonne volonté » ds médias dominants, restent au nombre des questions stratégiques les plus importantes et des difficultés pour la gauche.”

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