Ce texte de Catarina Principe est écrit avant
que les résultats finaux soient connus, sur la base des derniers sondages.
Le Bloc de Gauche
(Bloco de Esquerda – BE) et le Parti Communiste Portugais (PCP) obtiennent respectivement 10,2% (19 députés) et 8,3% (17 députés). Bien que la victoire
des forces de la droite austéritaire est à l'heure actuelle le scénario le plus
probable, il est intéressant de noter que le parlement portugais sera
probablement composé aux alentours de 15 à 20% de forces anticapitalistes et
anti-austéritaire;
1. Le résultat du PCP
n'est pas une surprise. Le parti a un électorat plus ou moins stable depuis de
nombreuses années. Cela signifie qu'il n'y a pas de relation causale directe
entre le contexte politique, économique et social et ses résultats électoraux :
les hauts et les bas du mouvement social portugais et des luttes de classes
n'ont pas de traduction directe dans les votes pour le PCP (même s'ils peuvent
en avoir sur son rôle et son positionnement politique)
2. Cette analyse est
partiellement vraie pour les résultats du Bloco. Quoi qu'il en soit, il semble
très possible que le Bloco soit le seul véritable « gagnant » de cette élection.
Après un mauvais résultat aux élections de 2011 (5,7%, soit la perte d'à peu
près la moitié de ses voix en comparaison avec les élections de 2009), et une
importante crise politique, le Bloco semble reprendre lentement des forces,
contredisant bien des prévisions suivant lesquelles il allait disparaître du
paysage politique portugais. Que s'est-il donc passé ?
- Le Bloco a réussi à
mener une campagne électorale intense. Ses principaux porte-paroles ont joué un
rôle très positif, l'emportant dans de nombreux débats entre les différents
partis, et en étant capable d'amener au centre des discussions certaines
questions politiques fondamentales, en particulier celle du travail et de la
précarité, des migrants, de la sécurité sociale, du démantèlement de l'Etat
social, des privatisations, des retraites, et – de façon très importante – les
questions tournant autour de la restructuration de la dette, de l'Europe, et de
l'euro.
- Le Bloco a redéfini
sa position sur l'UE et l'euro. La prévision suivant laquelle l'effet-Syriza
porterait un coup au renforcement de la gauche s'est avérée peu exacte. Bien
que les autres forces politiques aient tenté de présenter le Bloco comme étant
« irresponsable » et manquant de solutions crédibles, en remarquant que même le
gouvernement dirigé par Syriza avait du admettre qu'il n'y avait pas
d'alternative à l'austérité, le Bloco a été en mesure de déplacer le débat
autour de la responsabilité politique des élites européennes, et dans le même
temps à renforcer la critique de l'UE et de l'euro. Ce n'est pas une petite
affaire : dénoncer les limites démocratiques de l'UE et affirmant clairement
que nous ne ferons plus de sacrifices pour l'euro, et dans le même temps,
gagner des points sur le plan électoral, signifie qu'il y a une ouverture
fondamentale d'un espace pour la critique de l'UE et de l'euro, pour une gauche
internationaliste.
- Bien évidemment,
tous les problèmes ne sont pas résolus. La quasi inexistence d'un mouvement
social et de luttes ouvrières,, un parti toujours centré sur les échéances
électorales et dépendant de la « bonne volonté » ds médias dominants, restent
au nombre des questions stratégiques les plus importantes et des difficultés
pour la gauche.”
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