samedi 12 mars 2016
Etat espagnol. Vers la création d’une grande coalition sociale ? , déclaration d'Anticapitalistas
Suite à l’échec des deux sessions d’investiture de Pedro Sánchez (du PSOE, Part socialiste ouvrier espagnol), Anticapitalistas [courant de Podemos] est convaincu qu’il est nécessaire d’enclencher une nouvelle dynamique politique et sociale.
Ces deux votes [1] ont démontré que les seules majorités qui semblent arithmétiquement réalisables sont les suivantes: ou un gouvernement de coalition entre les forces des élites dominantes et en faveur de l’austérité ou un virage du PSOE en direction d’un gouvernement d’un type nouveau qui cherche une coalition large avec Podemos, bénéficiant de la neutralité des partis nationalistes catalans et basques.
• Cependant, après l’accord régressif conclu entre le PSOE et Ciudadanos ainsi que le rapport des forces parlementaires actuel, nous considérons qu’il est politiquement stérile de continuer à situer le PSOE dans une possible formation d’un «gouvernement fort pour le changement». L’insistance de la direction du PSOE d’utiliser son accord avec Ciudadanos (C’s) comme document de base pour des négociations avec d’autres forces politiques invalide, de fait, la création d’un gouvernement de transformation et de conquête des droits pour la majorité laborieuse.
Anticapitalistas considère que, à compter de maintenant, il est plus opportun d’assumer qu’un tel gouvernement, alternatif à celui d’une «grande coalition» [entre le PP, le PSOE et C’s], n’est actuellement pas possible.
Le PSOE s’est défini définitivement au cours des dernières semaines: il ne peut être un allié fiable pour un processus, aujourd’hui nécessaire, de changement de fond des structures sociales et économiques. Sa loyauté est dirigée vers la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne), avec les politiques économiques néolibérales et qui visent à la continuité de ce qui a été réalisé jusqu’ici [l’austérité], ainsi qu’envers la restauration d’un régime politique à bout de souffle.
Le processus de changement ouvert par le 15M [15 mai 2011, début du mouvement des «Indignés»] est un processus vivant, avec ses difficultés et ses reflux. Il ne peut progresser sans luttes et il ne peut jamais être subordonné à la logique de la «réduction des espérances».
Nous ne sommes pas allés aussi loin pour nous satisfaire du «moindre mal», lequel supposerait «un plus grand mal»: l’assimilation du bloc du changement à la logique gestionnaire du «non, ce n’est pas possible» [retournement du slogan «oui on peut», populaire dans les mouvements sociaux, du nom de Podemos].
• Donner encore du crédit à l’idée d’un «gouvernement du changement» de la part du PSOE génère des attentes infondées et pourrait créer des fausses illusions. Et, surtout, laisse de côté ce qui devrait être la tâche fondamentale de Podemos et des listes de convergences [qui réunissent différentes forces politiques outre Podemos dans certaines régions comme la Catalogne, le Pays valencien, la Galice, etc.] à partir de maintenant: nous préparer à affronter de nouvelles élections où le discours du «Changement» devra être bien plus net et plus clair si nous voulons faire échouer la «rechange» [du régime, le remettre à flot] qui est en cours, ou faire face au nouveau gouvernement qui pourrait sortir de l’opération en cours visant à former une «grande coalition».
Ces nouvelles élections, possibles [en juin 2016], devraient être organisées précisément autour de l’objectif suivant: accumuler la force nécessaire sur le terrain social et électoral pour déborder les projets de réforme du régime et, de cette façon, placer au centre du débat politique l’horizon de processus constituants ainsi que la démocratisation de l’économie : abrogation de la [contre-]réforme du travail, socialisation des secteurs stratégiques comme la banque ou les compagnies électriques, introduction, sous des formes à déterminer, du contrôle des travailleurs dans les entreprises, un revenu de base. Eléments clés qui puissent culminer en un nouveau pacte confédéral entre les peuples et qui permettent d’avancer en direction d’une nouvelle configuration institutionnelle où le pouvoir soit exercé toujours plus à partir d’en bas.
• Les membres d’Anticapitalistas sont convaincus que le défi auquel doivent faire face les forces du «bloc du changement» est immense. D’un côté, il nous revient d’intensifier une dynamique de contestation visant à défaire une éventuelle «grande coalition». De l’autre, il importe de se préparer pour éviter la fermeture du cycle politique ouvert par le 15M. Cela signifie qu’il est nécessaire de continuer à élargir le champ social et politique des forces du changement.
En définitive: nous devons nous préparer pour obtenir une meilleure position devant un scénario qui sera plein de dangers, mais aussi de possibilités pour ceux qui se proposent une rupture du régime de 1978 et du cadre totalistarismo austéricidaire. •
En ce sens, la grande coalition que préparent les élites, les oligarchies et les institutions européennes pourrait se former sur la passivité sociale qui faciliterait une dynamique politique de restauration [du régime].
Face à ce danger, nous considérons que seule une nouvelle dynamique de mobilisation peut modifier la dynamique politique en vigueur. Une dynamisation orientée vers la création d’un sentiment de stabilité dans le cadre d’une économie qui, loin de la fameuse reprise, continue à produire du chômage, de la pauvreté et de la précarité. Face à cela, les forces du changement doivent promouvoir une grande coalition sociale qui cherche à perturber le scénario politique et social.
• En définitive, au sein d’Anticapitalistas, nous considérons qu’il est nécessaire de changer de phase maintenant. Cela nécessite, d’un côté, de cesser d’interpeller un PSOE incapable de rompre avec les élites et le néolibéralisme. Et, de l’autre, de développer une dynamique qui soit alternative à celle des élites, une dynamique qui élargit la base sociale du bloc du changement, organisant les classes populaires.
Alors que les partis du régime bâtissent leur grande coalition, les forces du changement, sur la base de leur diversité et pluralité, doivent progresser vers la construction d’un bloc social à même de prendre la direction du pays, de façon à ce que le capital ne gouverne plus jamais.
[1] Le vendredi 4 mars 2016, après l’échec de Mariano Rajoy, Pedro Sanchez, leader du PSOE, suite à un accord avec Ciudadanos, a échoué une deuxième fois lors du vote devant les Cortès, Les élus du PP et de Podemos – qui avait dénoncé l’accord entre le PSOE et Ciudadanos – ont refusé l’investiture du chef de file des «socialistes» avec 131 «oui» contre 219 «non».
(Rédaction A l’Encontre)
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