vendredi 14 août 2015
Grèce: vers la constitution politique du Front du Non, par Stathis Kouvelakis
Les développements à Athènes sont dramatiques et leur rythme s’accélère. Dans les prochaines heures, le parlement grec votera le nouveau, troisième, Mémorandum d’accord entre le gouvernement Syriza et les Européens en suivant la procédure expresse, qui est maintenant la norme, d’une seule journée (et d’une nuit …) de «débat». Les députés Syriza de la plate-forme de gauche ont déjà annoncé qu’ils voteront Non, et le nombre de celles et ceux qui s’apprêtent à faire la même chose est encore inconnu. Parmi eux, il y aura certainement Zoe Kostantopoulou, la présidente du Parlement grec qui mène actuellement une lutte acharnée pour que les procédures ultra-minimales du débat parlementaire soient respectées. Son attitude a déclenché contre elle une immense offensive médiatique qui est désormais ouvertement soutenue par les membres du gouvernement et des députés Syriza pro-gouvernementaux.
Un autre développement majeur a été l’appel lancé aujourd’hui pour la mobilisation populaire et la constitution de comités contre le Mémorandum à travers le pays par les dirigeants de la plate-forme de gauche de Syriza (Panagiotis Lafazanis du Courant de Gauche, et Antonis Ndavanelos de DEA / Réseau-Rouge) et des personnalités de douze autres organisations de la gauche radicale grecque. Parmi eux, deux (ARAN et ARAS) sont des éléments fondateurs de Antarsya. Cet appel est largement considéré comme la première étape publique vers la constitution d’un nouveau front politique qui regroupera un large éventail de forces de la gauche radicale opposées au nouveau Mémorendum et au revirement néolibéral du gouvernement Syriza.
Le Mémorendum sera certainement voté par une large majorité au Parlement, avec l’appui du centre-droit et des partis de droite. Cependant, il est fort probable que le gouvernement va perdre le soutien au sein de son propre groupe parlementaire et fera appel à des élections anticipées dans un délai d’un mois. La raison principale pour cette initiative sans précédent est d’empêcher l’opposition de gauche émergente à sa politique de s’organiser, et aussi d’être en mesure d’organiser des élections avant que l’impact concret des nouvelles mesures d’austérité commence à se faire sentir. Dans tous les cas, ces élections seront le premier test pour le nouveau front anti-austérité qui se cristallise autour de la plate-forme de gauche. Les prochains jours seront cruciaux.
13 Août 2015 - Stathis Kouvelakis
(Traduit de l’anglais par Sylvain Ternera)
Non au nouveau Mémorandum - Appel à la lutte et à la mobilisation à travers le pays
Les soussignés, qui représentent un large éventail de forces et d’organisations de la gauche, rejettent le troisième mémorandum présenté aujourd’hui au Parlement et appellent à de grandes luttes unitaire pour annuler tous les mémorandums et imposer une nouvelle orientation progressiste pour le pays.
La signature d’un nouveau mémorandum par un gouvernement qui a été élu pour abolir les deux précédents équivaut à une catastrophe majeure pour le peuple grec et la démocratie. Le nouveau mémorandum signifie encore plus d’austérité, la restriction des droits des citoyens et la perpétuation du régime de tutelle imposé au pays. Le nouveau mémorandum est un renversement complet du mandat du peuple grec qui, lors du référendum du 5 juillet, a rejeté dans leur intégralité les politiques néolibérales d’austérité et de dépendance néocoloniale.
Tout au long des cinq dernières années, le peuple s’est opposé par tous les moyens possibles à la peur et au chantage et a lutté pour une Grèce souveraine, démocratique, reconstruite, juste et indépendante. Comme ce fut le cas pour les précédents, ce mémorandum doit trouver en face de lui la résistance le plus large d’une société cohésive et déterminée. Nous continuerons dans la voie du 5 juillet jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’au renversement de la politique de mémorandums, avec une solution de rechange pour le lendemain, pour la démocratie et la justice sociale en Grèce.
La lutte contre le nouveau mémorandum commence maintenant, avec la mobilisation du peuple dans tous les coins du pays. Pour développer et gagner ce combat, il est nécessaire de mettre en place une organisation populaire à tous les niveaux et dans tous les domaines sociaux.
Nous appelons à la constitution d’un vaste mouvement politique et social dans l’ensemble du pays et à la création de comités de lutte contre le nouveau mémorandum, contre l’austérité et contre la mise sous tutelle du pays. Ce sera un mouvement unitaire à la hauteur des aspirations du peuple à la démocratie et à la justice sociale.
La lutte qui a conduit à la victoire du « non » le 5 juillet se poursuit et va gagner !
Jeudi, le 13 août 2015
Panagiotis Lafazanis (Left Platform – Left Current)
Alekos Vernardakis (Communist Renewal)
Nikos Galanis (Leftwing Intervention)
Dimitris Kavouras (Communist Organization Reconstruction)
Kaltsonis Dimitris (Association Yannis Kordatos)
Panagiotis Mantas (DIKKI – Socialist Left)
Anthonis Davanelos (Left Platform –DEA)
Andreas Pagiatsos (Xekinima)
Spyros Sakellaropoulos (ARAN – Left Recomposition)
Dimitris Sarafianos (ARAS – Leftwing Anticapitalist Regroupment)
Maria Souani (Workers Struggle)
Themis Tzimas (Former member of PASOK National Council)
Lambros Heetas (Initiative of the 1000)
• Xekinima is the Greek section of the CWI
• The Communist Organization Reconstruction and the Association Yanis Kordatos are regroupments of former KKE (Greek CP) activists
• Workers Struggle is a network of activists who are still in their majority members of the KKE
• DIKKI –Socialist Left is a regroupment of former PASOK activists that was part of the Syriza coalition
GRÈCE : LE VOTE AU PARLEMENT SUR LE MEMORANDUM
le vote « non » de 43 Syriza MP ou « présent »
Le résultat du vote tôt le matin sur le Mémorandum était une claque au visage d’Alexis Tsipras et de son gouvernement. Bien sûr, le protocole a été approuvé, grâce à l’appui de la Nouvelle Démocratie, le Pasok et Potami, avec 222 voix sur 300. Mais 43 députés Syriza ont refusé de soutenir le gouvernement (32 « non » et 11 « présent » – ce qui équivaut à une abstention), un chiffre plus élevé que dans tout autre vote précédent.
Le vote « non » regroupait les députés de la plate-forme de gauche, les quatre députés de KOE, Zoe Kostantopoulou et son proche collaborateur Rachel Makri, l’ancienne vice-ministre des Finance Nadia Valavani, Vangelis Diamatopoulos (un député proche du milieu « anti-autoritaire » ) et Yanis Varoufakis. Le vote « présent » provient essentiellement des députés de la tendance 53+, l’aile gauche de la « majorité » bloc.
Le discours d’Alexis Tsipras a été particulièrement défaitiste et incohérent. Le résultat du vote l’a forcé à reporter la décision d’appeler à des élections anticipées. La manœuvre nouvellement inventé sera de demander un vote de confiance au Parlement, après le 20 Août, de façon à mettre dans une position difficile du camp du non au sein de Syriza.
L’impression largement partagée est que Syriza est purement et simplement en train de se désintégrer en tant que parti, à une vitesse record. Le Moloch des mémorandums dévore une nouvelle victime.
Stathis Kouvelakis
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