samedi 17 mai 2014

Au Portugal, une gauche radicale bien assise, mais entre deux chaises, par Guillaume Liégard (Regards)


Légitimés par la crise économique et les politiques d’austérité, les formations de gauche ont fait bonne figure lors des récents scrutins – qui ont sonné comme des gifles pour les socio-démocrates. Mais c’est surtout le Parti socialiste qui devrait en profiter.

Le Portugal est sans doute l’un des pays européens où la configuration politique demeure la plus à gauche. Le souffle de la Révolution des œillets dont on vient de fêter les quarante ans (25 avril 1974) n’y est sans doute pas étranger. La crise économique conjuguée à la politique d’ajustements structurels menée par le gouvernement du Parti social-démocrate (PSD, droite) s’est traduite par une nette poussée à gauche lors des élections municipales de 2013. Celles-ci ont été largement remportées par la gauche et tout particulièrement par le Parti socialiste qui a obtenu 36,3% des voix. De l’aveu même du Premier ministre, Pedro Passos Coelho, le PSD, son parti, « a subi un de ses pires résultats dans des élections municipales ». 

UN PCP orthodoxe, le Bloco affaibli 


La gauche radicale est représentée par deux organisations : d’une part le Parti communiste portugais (PCP) en alliance avec les écologistes (Os Verdes, très lié historiquement au PCP) au sein de la Coalition démocratique unitaire (CDU), et d’autre part le Bloc de gauche. Le Bloc de Gauche (Bloco de Esquerda) est né en 1999 de la fusion de trois organisations, l’UDP (ex-maoïstes), le PSR (trotskistes) et Politica xxi (une scission du PCP), auxquels se joignent des militants indépendants désireux de construire une gauche alternative. 

Lors des élections européennes de 2009, le Bloco a obtenu 10,7% des voix et trois députés, la CDU 10,66% et deux députés. Ces cinq parlementaires appartiennent tous au groupe Gauche unitaire européenne-Gauche verte nordique (GUE/NGL), mais seul le Bloco est membre du Parti de la gauche européenne (PGE), présidé par Pierre Laurent. Resté très "orthodoxe", le PCP, à l’instar du KKE grec, a refusé de s’engager dans ce regroupement, dont il n’est qu’observateur. 

Pour les élections européennes de 2014, les différents sondages prévoit entre 9 et 11% des voix pour la coalition emmenée par le PCP contre seulement 5,5 à 7% pour le Bloc de gauche, qui est à la peine ces dernières années. Aux élections législatives anticipées de juin 2011, il a perdu la moitié de son groupe parlementaire (8 députés au lieu de 16) en passant de 9,85% à 5,19% des voix. 

Le soutien du Bloco à la candidature du socialiste Manuel Alegre lors de l’élection présidentielle de janvier 2011 a de toute évidence été peu comprise par son électorat. À cette élection, marquée par un fort taux d’abstention de 54%, le PCP a présenté la candidature de Francisco Lopes qui a recueilli 7,14% des voix. Aux européennes, le Parti socialiste, quant à lui, est crédité d’environ 37%, soit une progression de plus de 10 points par rapport à 2009. Un score qui ferait des envieux au sein de l’Internationale socialiste.

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