Daech va perdre sa capitale, Mossoul, deuxième ville d'Irak, où fut proclamé son Califat. Face à une forte coalition militaire soutenue puissamment par les États-Unis, Daech va devoir se retirer.
Au prix de plusieurs inconnues.
Quelle va être la durée de la guerre pour reprendre complètement Mossoul face aux snippers, aux mines et aux voitures piégées ? Et donc combien de militaires et surtout de civils tué-es ? Quelle ampleur du flot de réfugié-es ?
Et, pour l’avenir, comment vont se négocier les bénéfices de cette victoire entre les diverses composantes de la coalition : Kurdes, gouvernement turc, régime irakien, forces sunnites, Occidentaux... Entre les unes et les autres en effet, les intérêts sont aussi importants que contradictoires.
Une chose est sûre : les rebelles syriens et le peuple syrien ne peuvent, eux, espérer aucun bénéfice de ce qui se joue à Mossoul.
Déjà, dans nos médias, la confusion est entretenue en grand : autant les images nous parviennent de Mossoul, où sont présents les correspondant-es de guerre sur divers fronts, autant l’opacité s'épaissit quant à ce qui se passe à Alep.
Après des mois de bombardements et quelques fausses trêves, l’offensive du régime, de l'aviation russe et de ses alliés iraniens a recommencé, avec l’objectif d'en finir avec Alep avant les élections américaines. La destruction massive continue donc.
Or, à ce propos, malgré des articles et reportages de qualité dans la presse écrite, les écrans censés informer le grand public ne livrent ni images, ni explications sérieuses. Pour le spectaculaire, on est prié de regarder du côté de Mossoul et on est invité à imaginer que si les Américains ne sont pas critiquables, il n'est nulle raison de s'indigner des agissements russes à Alep...
Quant aux djihadistes chassés de Mossoul, ils rejoignent la Syrie, où ils vont aggraver le chaos, étouffer un peu plus Alep, et plus généralement les force rebelles. Affaiblis à Alep, les voici donc disponibles pour renforcer Raqqa !
Mossoul n'est pas Alep (1), mais Alep et Mossoul témoignent que la spirale guerrière dont sont victimes les populations, loin de dessiner une sortie de crise, ne fait qu'empoissonner davantage toute la région.
La solution ne peut être que politique, avec pour seule boussole la prise en compte des aspirations des peuples, leur volonté d'obtenir liberté, justice et paix. Et cela contre toutes les forces régionales et internationales qui, par unique préoccupation de défendre leurs intérêts prédateurs, ravagent la région et déversent à flots continus la destruction et la mort.
Roland Mérieux et Francis Sitel
(1) : Cf. l'article de Christophe Ayad, « Alep et Mossoul,une comparaison trompeuse », in Le Monde, 20 octobre 2016.
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