mardi 6 novembre 2012

Portugal, Bloc de Gauche : lettre de démission de député de Francisco Louçä


A mes amis, parlons de l’avenir 

J’ai communiqué à l’instant au Président de l’Assemblée de la République la fin de mon mandat comme député. Mais je ne viens pas vous dire au revoir, je viens pour vous parler d’avenir. 

Je quitte le parlement pour une seule et unique raison : ma conception personnelle du principe républicain implique de marquer des limites à la représentation politique que j’ai assumée et exige la simplicité de reconnaître que cette responsabilité doit être exercée avec parcimonie. 

Après treize ans, je réclame la liberté d’influer sur mon temps : c’est maintenant le moment d’une rénovation qui rendra le Bloc plus fort. Il n’est pas nécessaire de préciser que je continue ma vie politique avec les mêmes valeurs et avec le même engagement au Bloc de Gauche dans cette lutte sans trêves pour la justice sociale. J’emmènerai toujours avec moi ma vieille Rossinante. 

Mais je vous dis aussi, pour qu’on ne me le demande plus jamais en ces temps gris, que je sors exactement comme je suis entré, avec ma profession, sans aucun subside et sans aucune pension. Je veux également préciser de la manière la plus claire possible, tout spécialement aujourd’hui, que je ne fais aucune concession au populisme antiparlementaire. Les partis ou les personnalités qui espèrent bénéficier de cette démagogie auront toujours ma condamnation frontale. 


Je vous dis donc ma vérité : j’ai également rencontré dans le parlement quelques hommes et femmes extraordinaires, et je respecte beaucoup les adversaires qui sont fidèles à leur programme. Et c’est pour cela que je vous réaffirme avec force, à l’encontre de tout populisme, que c’est un crime antidémocratique que de laisser diminuer ou de laisser s’étioler le pluralisme politique. 

Tout au long de ces treize années, j’ai été élu cinq fois et j’ai affronté cinq Premiers ministres. Je leur ai dit ce que je devais dire, au nom de beaucoup de gens. J’ai fait 1.012 interventions parlementaires et mes amis se souviendront encore de certaines. J’espère que mes adversaires aussi. Je n’ai jamais cessé de voter en accord avec ma conscience. J’ai accompli tous mes engagements avec les électeurs. J’ai présenté, avec le groupe parlementaire du Bloc de Gauche, 606 projets de lois. Certains ont été adoptés et on changé la vie de beaucoup de gens et la culture d’un pays entier. 

Au cours de ces années, on a commencé à dépénaliser les toxico-dépendants ; les femmes qui veulent avorter ont été protégées ; on s’est attaqué à la violence domestique ; on a avancé dans le chemin difficile de la responsabilité fiscale et de la lutte contre la corruption ; on a dressé une force contre la piraterie financière ; les jeunes précaires ont commencé à être entendus ; les services publics ont gagné plus de poids dans la démocratie ; nous avons presque atteint la parité entre les hommes et les femmes aux élections ; on a reconnu légalement le mariage gay ; il y a eu un engagement solidaire contre la terreur des guerres. Avec ces changements, le Portugal respire mieux qu’avant. 

J’ai vécu avec intensité chaque moment de cette lutte parlementaire, qui est essentielle pour une gauche cohérente. 

Je remercie toutes les députées et tous les députés du Bloc de Gauche pour la force incessante avec laquelle ont été menés ces affrontements et pour tout ce qu’ils m’ont appris, et je remercie plus encore ceux qui vont continuer à lutter contre la politique cynique de l’appauvrissement. 

Je ne serai plus présent au Parlement pour la discussion sur ces Budgets généraux de l’Etat, qui constituent un exercice brutal de chantage contre les contribuables. On ne peut supporter l’arrogance d’un gouvernement qui veut réduire les salaires et les pensions pour rembourser 9 milliards d’euros d’une dette toujours galopante. Personne ne peut supporter l’incompétence et le mensonge. C’est pour cela que nous combattons les Budgets avec des solutions radicalement sensées : le Bloc a déjà présenté un programme budgétaire avec des propositions innovantes, étudiées et exigeantes parce qu’il a chaque jour plus de responsabilité et qu’il veut avoir plus de responsabilité. 

Tel est le combat que je porterai dans tous les lieux de la vie sociale où je pourrais aller, et avec la même énergie. La politique ne se fait pas dans une salle, elle se fait dans toute la vie. 

En ce moment, ce n’est qu’avec le pays tout entier et avec la force du travail que nous pourrons vaincre les Budgets. Ce n’est que dans la démocratie totale que l’on pourra vaincre la banqueroute et démettre le gouvernement. 

Je serai dans la rue avec les citoyens pour combattre les Budgets du massacre fiscal. Et, si on me demande ce que je ferai à partir d’aujourd’hui, je veux vous répondre clairement : je consacré tout ce que je sais et tout ce que je peux à lutter pour un gouvernement de gauche contre la Troïka et, pour cela, j’ai tout donné à l’effort commun destiné à créer des ponts et des chemins nouveaux, à rassembler les compétences, à soulever la force de ce peuple. Nous avons besoin d’un tel gouvernement pour rompre avec le Mémorandum et pour défendre le Portugal, le Portugal du travailleurs et du contribuable, de celui qui lutte pour son peuple et n’accepte pas l’humiliation de cette guerre sans fin contre les salaires et les pensions. 

Je contribuerai avec intensité à cet objectif, parce que pour y parvenir, on a besoin de conviction et d’une patience impatiente qui ne renonce jamais. Je n’ai jamais renoncé ni ne me suis jamais fatigué de cela car c’est l’essentiel. 

Pour terminer, je fait un appel à mes amis : adhérez au Bloc de Gauche. Maintenant, car on a besoin de force. Maintenant, car on a besoin de son attitude. Maintenant, car on a besoin d’imagination. Maintenant, parce qu’il est nécessaire de vouloir gagner. C’est là que nous serons tout, comme toujours, avec la force même de la vie.

 Francisco Louça Source : http://vientosur.info 

Traduction française pour Avanti4.be

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