Le
gouvernement d’Alexis Tsipras se prépare au défaut de paiement sur sa
dette publique, annonce l’économiste grec Athanase Contargyris. Pour
lui, l’échec des négociations et les prochaines échéances ne laissent
aucune autre hypothèse de sortie de crise.
Membre de la commission pour la vérité sur la dette publique
mise en place par le Parlement grec, qui doit rendre son rapport
préliminaire dans quelques jours, l’économiste Athanase Contargyris
explique les raisons qui poussent le gouvernement d’Alexis Tsipras à
envisager dans les prochaines semaines le défaut de paiement sur sa
dette publique.
Les négociations sur les mesures d’économies exigées de la Grèce en contrepartie du versement d’une tranche de prêt de 7,2 milliards d’euros ont encore échoué. A-t-on envisagé le défaut de paiement en Grèce ?
Athanase Contargyris : Oui la Grèce va très probablement faire défaut sur sa dette publique le 30 juin : plus exactement elle ne paiera pas le Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin et aura 30 jours pour rembourser le FMI avant d’être déclarée en défaut. En revanche, elle pourrait faire défaut le 20 juillet pour ce qui concerne les remboursements à la Banque centrale européenne (BCE), dans le cas d’un échec des négociations avant cette échéance.
Vu le blocage actuel, aucun accord ne semble possible, à temps, pour recevoir l’aval de tous les parlements européens et permettre à la Grèce de recevoir le montant nécessaire au remboursement d’une échéance de 1,6 milliards au FMI avant le 30 juin. La Grèce peut cependant régulariser sa situation en juillet avec les rentrées de l’impôt sur le revenu. Mais, compte tenu d’une nouvelle échéance du FMI le 13 juillet, à hauteur de 450 millions d’euros, il lui faudra trouver 2 milliards. C’est difficile, mais pas impossible.
Les échéances concernant la BCE, soit 3,5 milliards d’euros le 20 juillet et 3,2 milliards le 20 août, sont trop élevées pour être remboursées sans accord et versement préalable. Et si il y a un accord, il ne pourra pas être avalisé par le Parlement allemand, en vacances… On peut certes trouver des solutions techniques [1] pour contourner cet obstacle, mais le gouvernement allemand, sans l’aval de son Parlement, acceptera-t-il ces solutions techniques ? Rien n’est moins sûr.
Ainsi dans tous les cas de figure, avec ou sans accord, le scénario le plus probable est que la Grèce sera obligée de se retrouver en situation de défaut de paiement au cours de cet été, parce qu’elle ne pourra pas payer, ses créanciers lui ayant refusé tout moyen de respecter ses échéances.
Le gouvernement d’Alexis Tsipras s’est-il préparé à cette issue ?
Oui, Alexis Tsipras est prêt et ne peut pas céder plus, les négociateurs aussi et une bonne partie des Grecs aussi. Alexis Tsipras a fait beaucoup de concessions. Même l’opposition pro-européenne dénonce l’accord que Alexis Tsipras propose. Dans ces conditions, l’hypothèse d’un accord présenté par les institutions européennes, bien pire que celui envisagé par le gouvernement grec, validé par Alexis Tsipras, pourrait ne pas être ratifié par le Parlement grec.
L’accord présenté par le groupe de Bruxelles (Commission européenne, BCE et FMI) contient des mesures qui accentueront la récession et rendront la dette encore plus insupportable. Il ne prévoit rien pour les besoins de financement après l’été. L’accepter signifierait permettre la poursuite d’un cercle infernal que seul le refus européen de reconnaître que la dette grecque est insoutenable et le désir de repousser à plus tard cette reconnaissance justifie.
La Grèce n’y a aucun intérêt. La Grèce vend plus qu’elle n’achète (sa balance des biens et services est positive) et l’État grec a assez de recettes pour ses dépenses (il est en excédent primaire). Les prêts ne servent qu’à rembourser ceux qui les lui donnent !
Une restructuration de la dette grecque est-elle envisageable dans le contexte actuel ?
La restructuration, exclue dans le contexte actuel, s’imposera à tous après un défaut. J’ajouterai, pour que tout soit clair, qu’il n’y aucun lien automatique entre défaut et sortie de l’Euro. Celle-ci ne peut se faire sans de nouvelles négociations et un accord de la Grèce. Certes, une décision de la BCE d’arrêter tout financement du système bancaire dans le cadre de son programme d’accès d’urgence à la liquidité (ELA) provoquerait une telle sortie, en catastrophe. Sa conséquence immédiate serait une insolvabilité totale de la Grèce, qui ferait perdre toutes les sommes prêtées à la Grèce. Qui le souhaite en Europe, à part, peut-être, la Grèce ?
Hormis cette hypothèse, les solutions techniques d’une sortie de l’euro sont complexes et aucune solution politique ou juridique ne permet de l’envisager actuellement. Le scénario le plus probable est donc que la Grèce fera défaut et se déclarera en cessation de paiement pour une partie de ses dettes, tout en restant dans l’euro, au moins un certain temps, avec des restrictions pour la circulation des capitaux, comme c’est arrivé en Irlande et à Chypre.
La Grèce pourra alors négocier son maintien dans la zone euro en remboursant la partie soutenable de sa dette et en prenant les vraies mesures nécessaires pour qu’elle puisse se développer sainement, sans bureaucratie, sans fraude fiscale, sans cartels et sans corruption. Ou elle pourra sortir de cette zone en échange d’une généreuse remise de dette.
Les négociations sur les mesures d’économies exigées de la Grèce en contrepartie du versement d’une tranche de prêt de 7,2 milliards d’euros ont encore échoué. A-t-on envisagé le défaut de paiement en Grèce ?
Athanase Contargyris : Oui la Grèce va très probablement faire défaut sur sa dette publique le 30 juin : plus exactement elle ne paiera pas le Fonds monétaire international (FMI) le 30 juin et aura 30 jours pour rembourser le FMI avant d’être déclarée en défaut. En revanche, elle pourrait faire défaut le 20 juillet pour ce qui concerne les remboursements à la Banque centrale européenne (BCE), dans le cas d’un échec des négociations avant cette échéance.
Vu le blocage actuel, aucun accord ne semble possible, à temps, pour recevoir l’aval de tous les parlements européens et permettre à la Grèce de recevoir le montant nécessaire au remboursement d’une échéance de 1,6 milliards au FMI avant le 30 juin. La Grèce peut cependant régulariser sa situation en juillet avec les rentrées de l’impôt sur le revenu. Mais, compte tenu d’une nouvelle échéance du FMI le 13 juillet, à hauteur de 450 millions d’euros, il lui faudra trouver 2 milliards. C’est difficile, mais pas impossible.
Les échéances concernant la BCE, soit 3,5 milliards d’euros le 20 juillet et 3,2 milliards le 20 août, sont trop élevées pour être remboursées sans accord et versement préalable. Et si il y a un accord, il ne pourra pas être avalisé par le Parlement allemand, en vacances… On peut certes trouver des solutions techniques [1] pour contourner cet obstacle, mais le gouvernement allemand, sans l’aval de son Parlement, acceptera-t-il ces solutions techniques ? Rien n’est moins sûr.
Ainsi dans tous les cas de figure, avec ou sans accord, le scénario le plus probable est que la Grèce sera obligée de se retrouver en situation de défaut de paiement au cours de cet été, parce qu’elle ne pourra pas payer, ses créanciers lui ayant refusé tout moyen de respecter ses échéances.
Le gouvernement d’Alexis Tsipras s’est-il préparé à cette issue ?
Oui, Alexis Tsipras est prêt et ne peut pas céder plus, les négociateurs aussi et une bonne partie des Grecs aussi. Alexis Tsipras a fait beaucoup de concessions. Même l’opposition pro-européenne dénonce l’accord que Alexis Tsipras propose. Dans ces conditions, l’hypothèse d’un accord présenté par les institutions européennes, bien pire que celui envisagé par le gouvernement grec, validé par Alexis Tsipras, pourrait ne pas être ratifié par le Parlement grec.
L’accord présenté par le groupe de Bruxelles (Commission européenne, BCE et FMI) contient des mesures qui accentueront la récession et rendront la dette encore plus insupportable. Il ne prévoit rien pour les besoins de financement après l’été. L’accepter signifierait permettre la poursuite d’un cercle infernal que seul le refus européen de reconnaître que la dette grecque est insoutenable et le désir de repousser à plus tard cette reconnaissance justifie.
La Grèce n’y a aucun intérêt. La Grèce vend plus qu’elle n’achète (sa balance des biens et services est positive) et l’État grec a assez de recettes pour ses dépenses (il est en excédent primaire). Les prêts ne servent qu’à rembourser ceux qui les lui donnent !
Une restructuration de la dette grecque est-elle envisageable dans le contexte actuel ?
La restructuration, exclue dans le contexte actuel, s’imposera à tous après un défaut. J’ajouterai, pour que tout soit clair, qu’il n’y aucun lien automatique entre défaut et sortie de l’Euro. Celle-ci ne peut se faire sans de nouvelles négociations et un accord de la Grèce. Certes, une décision de la BCE d’arrêter tout financement du système bancaire dans le cadre de son programme d’accès d’urgence à la liquidité (ELA) provoquerait une telle sortie, en catastrophe. Sa conséquence immédiate serait une insolvabilité totale de la Grèce, qui ferait perdre toutes les sommes prêtées à la Grèce. Qui le souhaite en Europe, à part, peut-être, la Grèce ?
Hormis cette hypothèse, les solutions techniques d’une sortie de l’euro sont complexes et aucune solution politique ou juridique ne permet de l’envisager actuellement. Le scénario le plus probable est donc que la Grèce fera défaut et se déclarera en cessation de paiement pour une partie de ses dettes, tout en restant dans l’euro, au moins un certain temps, avec des restrictions pour la circulation des capitaux, comme c’est arrivé en Irlande et à Chypre.
La Grèce pourra alors négocier son maintien dans la zone euro en remboursant la partie soutenable de sa dette et en prenant les vraies mesures nécessaires pour qu’elle puisse se développer sainement, sans bureaucratie, sans fraude fiscale, sans cartels et sans corruption. Ou elle pourra sortir de cette zone en échange d’une généreuse remise de dette.
Nota Bene :
[1]
Un relèvement par la BCE des plafonds autorisés de prêts à l’État par
les banques grecques pourrait être une partie de la solution technique.
Une prise en charge de ces échéances par le MES une autre. Un
rééchelonnement pourrait constituer aussi une alternative. Un moratoire
serait enfin, une ultime solution pour passer l’été.
Politis
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