mardi 30 septembre 2014
Ukraine : Résister à la polarisation nationaliste et à l’invasion russe. Construire un Parti démocratique de gauche. Un point de vue féministe
Nina Potarskaya est l’une des figures de la gauche féministe ukrainienne, initiatrice des escouades féministes de Maiden et membre de l’Opposition de gauche, qui a participé à l’organisation de plusieurs conférences successives des forces de gauche à Kiev, en novembre 2013, mars et septembre 2014. La dernière d’entre elles a décidé de construire un Parti démocratique de gauche, qui est la première tentative de ce type en Ukraine.
Jean Batou
Peux-tu expliquer la dynamique sociale et politique du processus de Maiden, qui a conduit au renversement du régime de Yanukovych en février 2014, et peux-tu essayer de montrer la différence avec le cours des événements à l’Est du pays ?
Nina Potarskaya – J’aimerais tout d’abord rappeler la nature des protestations sociales en Ukraine avant et après Maiden. Les enquêtes d’opinion montrent que durant les quatre dernières années, les principales raisons du mécontentement populaire, à l’Est comme à l’Ouest du pays, étaient dues à des problèmes économiques.
lundi 29 septembre 2014
La guerre contre l’Etat islamique et ses conséquences intérieures, par François Calaret (Ensemble !)
Le déclenchement de la guerre contre l’« Etat islamique » ouvre une période de grandes incertitudes. Contrairement à ce qu’affirmait le journal « L’Humanité », dans son édition du 24 septembre, ce n’est probablement pas simplement « une guerre de plus » menée par les Etats Unis et leurs alliés, mais un évènement qui met en jeu des bouleversements beaucoup plus importants et qui en même temps révèlent des évolutions profondes à l’œuvre au sein des sociétés.
Pour les Etats Unis, une guerre contrainte
En quoi le conflit contre l’« Etat islamique » se différencie t-il des guerres menées par les Etats, que ce soit en Irak en 1991, en Afghanistan en 2001, en Irak encore en 2003 – pour ne citer que les principales interventions ? On peut considérer que la période précédente depuis la chute du Mur de Berlin était marquée par « l’hyperpuissance américaine » et par la force d’entraînement du leadership US, que ce soit par Bush I, Clinton, ou dans une forme plus exacerbée par Bush II (qui révélait déjà une fragilité). Mais cela correspondait à un « agenda » US, plus ou moins maîtrisé et destiné à assurer leur hégémonie.
jeudi 25 septembre 2014
Le Brésil vote le 5 octobre prochain, par Rémy Querbouët
L'élection présidentielle brésilienne de 2014 se tiendra le 5 octobre prochain, avec, si nécessaire, un second tour le 26 octobre. Ce même jour seront également élus les gouverneurs des états, les sénateurs et les députés fédéraux et des états car il s'agit, comme tout les 4 ans, d'une élection générale.
Initialement annoncée comme une formalité pour l’actuelle présidente Dilma Roussef, cette élection s’avère chaque jour plus incertaine, notamment depuis la mort accidentelle d’Eduardo Campos, candidat du petit PSB (Parti Socialiste Brésilien) et son remplacement par sa colistière l’écologiste Marina Silva. Rappelons que Marina Silva, alors candidat du Partido Verde, avait recueilli près de 20% des suffrages lors de la précédente présidentielle de 2010, et Dilma Roussef 47%. Mais depuis lors, les quatre années de présidence Roussef ont nourri beaucoup de désillusion.
Les derniers sondages éloignent la possibilité d'une réélection au 1er tour et annoncent un face à face Roussef – Silva serré pour le second tour. Aécio Neves , candidat du Parti Social Démocrate Brésilien (PSDB) droite, est annoncé comme numéro trois. La gauche radicale se présente divisée avec pas moins de trois candidat-e-s : Luciana Genro pour le PSOL, J.M de Almeida pour le PSTU et Mauro Iasi pour le Parti Communiste. Quatre autres candidats participent à l’élection.
mercredi 24 septembre 2014
Ecosse-Catalogne : le défi démocratique du droit à décider a gagné, par Jaime Pastor
Le Non à l’indépendance a gagné, de justesse et par le recours au chantage à la peur du futur (la campagne du Better together en est venue à s’appeler «le projet de la peur»), mais le résultat obtenu par le Oui montre clairement que si le Royaume-Uni veut survivre, il ne pourra plus exister comme auparavant.
L’option que David Cameron a refusé d’inclure dans la question du référendum (la Devo-Max) et qu’il a dû récupérer dans l’étape finale de la campagne pour pouvoir mettre en échec le Oui est maintenant sur la table, pour autant que cela ne se passe pas comme au Canada où les promesses faites ont vite été oubliées…
Ce qui est le plus important, c’est que nous assisterons probablement à une progression de l’activisme de base écossais au sein de la société britannique grâce au processus d’auto-organisation qui s’est produit avec des initiatives telles que la Radical Independence Campaign (RIC), Women for Independence et autres organisations en faveur du Oui. Et cela en tant qu’expression de ce qu’un journaliste a qualifié d’«insoumission populiste» non seulement contre l’«unionisme», mais aussi contre les politiques néolibérales de David Cameron. Parce que, comme l’a écrit Owen Jones [du quotidien The Independent], dans toute la propagande en faveur du Oui, on pouvait lire également qu’on ne voulait «plus jamais vivre sous un gouvernement Tory».
Qui a gagné la guerre de Gaza ? par Joseph Daher
La Bande de Gaza détruite, mais le peuple palestinien est debout et victorieux
L’Etat d’Israël n’a économisé aucun moyen pour tenter de réduire à néant la résistance et la population palestinienne de la bande de Gaza. Plus de 50 jours de bombardements ont en effet causé la mort de plus de 2100 palestinien·ne·s, presque tous civils, dont 500 enfants, et en ont blessé 11 000 autres. Les dégâts matériels sont énormes, alors que près d’un demi-million de Gazaouis – le tiers de la population – a été déplacé, logeant dans des écoles, des hôpitaux et des centres des Nations Unies, eux-mêmes la cible d’attaques%u200A ; près de 55 000 maisons ont été touchées par les raids israéliens dont, selon l’Onu, au moins 17 200 totalement ou quasi totalement détruites ; plus de 100 000 personnes ont besoin d’une solution de relogement.
L’opération « Bordure protectrice », nom donnée à l’offensive militaire israélienne, a été la plus longue et la plus sanglante des quatre offensives lancées par Tel Aviv depuis son retrait de la bande de Gaza en 2005. De son côté, Israël a perdu 65 soldats et 6 civils, dont un enfant. La mort des civils israéliens relève de la responsabilité directe de l’Etat d’Israël de sa politique d’occupation, de colonisation et d’Apartheid. La résistance populaire palestinienne, sous toutes ses formes, militaires et/ou pacifiques, est en effet un droit inaliénable pour un peuple en lutte pour sa libération et son émancipation, que ce soit contre une dictature autoritaire, une occupation et/ou une intervention étrangère.
Irak-Syrie : soutenir les peuples contre l'Etat islamique, par Ensemble
A l’initiative du président américain, Barack Obama, suivi par le britannique David Cameron et le président François Hollande, une coalition internationale se met en place pour amplifier des frappes aériennes contre le « califat » prétendument instauré en Irak et en Syrie par « l’Etat Islamique (EI) ». Un représentant du gouvernement français a annoncé que cette guerre pourrait « durer des années ».
« L’EI » est une entité politique particulièrement réactionnaire et barbare, qui est le produit des crises et des guerres multiples qu’a connues la région ces dernières années. « L’EI » est le résultat de la politique désastreuse des Etats Unis en Irak qui ont imposé une dictature autoritaire excluant la composante sunnite du peuple irakien et provoquant des fractures profondes au sein de la population.
L'accaparement des ressources de la région (en particulier le pétrole) au profit des multinationales constitue un enjeu majeur de cette politique. Les jeux d’influence des puissances régionales comme la Turquie, l’Arabie Saoudite ou le Qatar sans oublier Israël, l'Iran... ont renforcé ces divisions attisées par les impérialismes occidentaux et les multinationales.
samedi 13 septembre 2014
Moyen-Orient. «Un processus révolutionnaire à long terme avec des phases contre-révolutionnaires» - Entretien avec Gilbert Achcar conduit par Brian Ashley
Nous publions ici un entretien avec Gilbert Achcar réalisé au début de la dernière semaine du mois d’août 2014. Il permet de saisir la logique de l’agression de l’Etat israélien contre Gaza et plus généralement le peuple palestinien. De plus, il permet de disposer d’un cadre de compréhension pour ce qui a trait auxdites crises syrienne et irakienne et au développement de l’Etat islamique (Daech).
La nomination du nouveau premier ministre irakien Haïdar al-Abadi – qui vient de former son gouvernement – conduit-elle à un sérieux changement? Des analystes sont moins optimistes que la diplomatie internationale. Ainsi, Myriam Benraad du CERI affirme: «Comme on le voit très bien, les élites qui étaient déjà au pouvoir depuis plusieurs années sont toujours présentes, avec de manière très symbolique Nouri al-Maliki qui, désormais, a un portefeuille de vice-président.»
jeudi 11 septembre 2014
Chili, l'autre 11 septembre
Ce jeudi 11 septembre, 41 ans après le coup d'état sanglant de Pinochet, ils et elles étaient plusieurs milliers à se retrouver devant le stade de Santiago, là où des milliers de chilien-ne-s ont été enfermés et torturés. En hommage aux victimes, mais aussi avec le sentiment partagé qu'une vraie démocratie, sociale, écologique, politique, est toujours à construire contre la dictature du Capital.
lundi 8 septembre 2014
Ecosse : les enjeux du 18 septembre, par François Coustal (Ensemble)
Ce week-end, pour la première fois, un sondage donnait une légère avance (51 % contre 49) au vote en faveur de l’indépendance. Pronostiquer la victoire du « Oui » » à partir de ce seul élément serait pour le moins osé. Il n’en reste pas moins qu’il indique sûrement une tendance : celle de la remontée du « oui », alors que, il y a quelques mois, au tout début de la campagne référendaire en Ecosse, les partisans de l’indépendance partaient avec un retard certain (près de 20 points). D’autant qu’ils ont été contraints d’affronter une sorte d’union sacrée pro-britannique qui regroupe la coalition gouvernementale au pouvoir au Royaume-Uni – c’est-à-dire les Conservateurs alliés aux Libéraux-Démocrates – mais aussi son « opposition officielle », le Parti travailliste (Labour Party).
Ainsi que l’UKIP – le Parti pour l’Indépendance du Royaume-Uni - un mouvement anti-européen et anti-immigrés dont les dernières élections européennes ont sanctionné la progression inquiétante. Il ne s’agit pas seulement d’une convergence de facto : toutes ces forces, qui occupent, au moins au plan institutionnel, la quasi totalité du champ politique au Royaume-Uni, se sont effectivement regroupées au sein d’une coalition - « Better together » - qui mène une campagne acharnée contre l’indépendance écossaise. Comme si cette cause-là l’emportait de loin sur les divergences que ces forces politiques du système ont ou prétendent avoir entre elles…
dimanche 7 septembre 2014
Brésil. Interview de Luciana Genro, candidate du PSOL
Dans un mois, le 5 octobre prochain, se tiendront les élections présidentielles au Brésil. Nous vous invitons à lire ci-dessous un entretien avec Luciana Genro, candidate du parti Socialiste et Liberté (PSOL)
Quel regard portez-vous sur le moment politique actuel, celui des élections [présidentielles] qui s’approchent ?
Luciana Genro : les élections sont toujours un moment très important qui permet la discussion sur le futur du pays. Nous nous trouvons dans une situation dans laquelle les deux candidates et le candidat favoris des médias [Dilma Rousseff, Marina Silva et Aécio Neves représentent le même modèle économique, celui qui est ancré dans la financiarisation de l'économie, la domination des banques et l'agronégoce.
Quels sont à votre avis les principaux problèmes et questions du Brésil d’aujourd’hui ?
Luciana Genro : le problème principal est celui d’une économie tournée vers le paiement des intérêts de la dette publique. Le Brésil fait un effort budgétaire gigantesque. Plus de 50% de la perception des impôts provient des salarié·e·s qui gagnent jusqu’à trois salaires minimaux et une grande partie de ces ressources est utilisée pour le paiement des intérêts de la dette. Le 40% de notre budget est utilisé à cette fin, à partir d’un effort budgétaire alors que l’excédent primaire (solde positif avant le paiement des intérêts) de 90 milliards de reais par an qui implique l’Union, les Etats fédéraux et les municipalités.
jeudi 4 septembre 2014
Syrie-Irak. «Pour condamner de façon efficace l’Etat islamique, il faut qu’on comprenne ce dont il est l’expression»
Entretien avec François Burgat conduit par Alexandra Cagnard (RFI)
«Deuxième message à l’Amérique», c’est l’intitulé de la vidéo postée par l’Etat islamique sur internet. Une vidéo dans laquelle l’organisation revendique l’assassinat du reporter américain Steven Sotloff [1]. Une mise en scène de décapitation, deux semaines après l’annonce de l’assassinat d’un autre journaliste américain James Foley [2]. Et un message à Barak Obama: «Tous comme tes missiles continueront à frapper notre peuple, notre couteau continuera à frapper les nuques de ton peuple».
Avec la mort de Steven Sotloff, quelle est la stratégie de l’EI? James Foley James Foley Pour en parler, François Burgat, directeur de recherches au CNRS, ancien directeur de l’IFPO (Institut Français du Proche-Orient). Il est l’auteur du livre «Pas de printemps pour la Syrie» aux éditions La Découverte, 2013.
RFI: Comment analysez-vous ce nouvel acte de l’Etat islamique? Quelle est selon vous la logique engagée par l’organisation?
lundi 1 septembre 2014
Israël a perdu la guerre à Gaza mais le combat pour la justice continue, par Ali Abunimah
Il y a une raison claire de célébrer l’accord de cessez-le-feu conclu aujourd’hui entre Israël et la résistance palestinienne : 51 jours et nuits de destruction et de massacres incessants de la part d’Israël se sont achevés à Gaza. Avec l’annonce qu’Israël avait accepté de réouvrir les frontières de Gaza, Hamas a proclamé la victoire et les Palestiniens, en particulier à Gaza, sont en train de la célébrer. Chez beaucoup d’Israéliens, pendant ce temps, il y a un sentiment d’amertume et de défaite.
“Ce que Netanyahu et ses collègues ont amené sur Israël, dans un conflit entre l’armée la plus forte de la région et une organisation de 10 000 personnes, n’est pas seulement une défaite. C’est une débâcle”, écrit Amir Oren d’Haaretz, admettant ainsi de façon étonnante la dimension du revers subi par Israël.
Quelques observateurs traitent les derniers événements avec une précaution compréhensible. “Je ne me sens pas d’humeur à me réjouir, je suis seulement content qu’il n’y ait plus de morts parmi les gens, les enfants”, m’a écrit l’écrivain de Gaza Omar Ghraieb. À part les plus de 2100 morts, “tant de gens ont été blessés, des maisons bombardées, des tours rasées, la vie déformée”, a ajouté Ghraieb. “Je préférerais juste voir de près ce qui attend Gaza”. Israël a effectivement une longue histoire de violations d’à peu près tous les accords jamais signés avec les Palestiniens, depuis les accords d’Oslo en 1993 jusqu’aux précédents cessez-le-feu à Gaza. Israël avait accepté de réouvrir les passages dans son accord de cessez-le-feu de novembre 2012 avec la résistance palestinienne, mais a renié [ses engagements]. Cette fois-ci, Israël sait que les enjeux sont bien plus élevés s’il les viole encore.
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