dimanche 17 janvier 2016
Cologne : nuit du 31 décembre au 1er janvier, par Angela Klein
Pendant la nuit du 31 décembre au 1er janvier, la ville de Cologne a été le théâtre de nombreuses attaques commises contre les femmes. Ces attaques sont un fait nouveau. Des attaques similaires, mais de moins grande ampleur ont également eu lieu à Hambourg et à Stuttgart.
Selon la police, plus d'un millier hommes ont pris part à ces attaques sur la place de la gare centrale, entre 22h et 5 h du matin. Les femmes étaient encerclées par des groupes d'hommes, insultées, sexuellement harcelées et volées. Une femme attaquée parle de "doigts dans tous les orifices".Les bas et les sous-vêtements d'une autre ont été arrachés.Une femme déclare que trente hommes environ l'ont encerclée, lui touchant les seins, les fesses et entre les jambes, en la traitant de traînée (slut).
Les rapports font état de cris, de paniques et, dans un cas, de viol. L'ambiance devant la gare était pour le moins tendue. Ce qui semble dû, pour une part, au fait qu'au cours de la soirée des gens tiraient, pour s'amuser, des feux d'artifice au milieu de la foule, dans le but d'atteindre d'autres personnes.
La police locale était présente avec 143 hommes et la police fédérale, à l'intérieur de la gare, comptait 70 personnes. Ils n'ont pas été capables de faire face à la situation. Selon un rapport interne de la police, arrivé entre les mains des médias, la police a relevé l'identité de 71 personnes, placé 11 hommes en garde à vue et mis en examen 32.
Selon ce rapport, la plus grande partie de ces personnes n'ont pu justifier de leur identité qu'en présentant une carte d'enregistrement de l'Office Fédéral pour les migrants et réfugiés. Parmi les 32 personnes mises en examen, il y aurait 10 Algériens, 10 Marocains, 4 Syriens, 5 Iraniens, 1 Irakien, 1 Serbe et 1 citoyen américain. 22 sont des demandeurs d'asile.
Dans le même temps des charges ont été retenues contre environ 600 personnes, 40 à 45 % pour harcèlement, le reste, le plus souvent pour vol. Ces deux délits étant souvent commis en même temps.
La police a fait évacuer la place à 23h 35 mais ne contrôlait pas la situation et ne pouvait empêcher des centaines d'hommes de poursuivre les femmes. c'est pourquoi la police a été massivement critiquée et que le Chef de la police de Cologne a dû démissionner.
Trois questions se posent, en particulier:
1) La police a-t'-elle été informée à 21h30 d'affrontements entre jeunes sur la place ? Aucune précaution n'a alors été prise. La direction de la police de Cologne et le Ministère de l'Intérieur du Land de Rhénanie-Westphalie se renvoient la faute pour cet échec.
2) Après les événements, la police a tenté de cacher ce qui s'était réellement passé le soir du Réveillon.
3) La police a réagi, pour autant qu'elle l'ait fait, aux actes de vols. Des femmes rapportent que, dans les cas de harcèlement, la police se contentait de "surveiller". Et même, une femme policier qui s'était fait harceler dans la foule n'a pas reçu d'aide de ses collègues.
Ce qui concorde avec le comportement général de la police et des autorités judiciaires à l'égard du harcèlement qui est toujours considéré, en Allemagne, comme une peccadille et qui n'est réprimé par aucune loi. Ce sujet est au centre de la critique faite par les groupes féministes.
La gauche politique a d'abord répondu en protestant contre l'instrumentalisation de ces événements en vue d'une nouvelle aggravation de la politique envers les réfugiés, qui visait AfD (Alternative für Deutschland) et Pegida. ce qui, bien sûr, est juste, mais la gauche trouve difficile de reconnaître que depuis plusieurs années( déjà avant l'actuelle vague d'immigration) des gangs Nord Africains sont à l’œuvre dans les villes d'Allemagne. Cela a été indiqué dans un rapport interne de la police (le rapport Casablanca), qui a peu à peu été porté à la connaissance du public. Nous ne sommes pas certains de ce que nous devons en penser.
Quoi qu'il en soit , il serait irréaliste de penser que l'Allemagne puisse demeurer une exception en ce domaine. Comment le désespoir des sociétés d'Afrique du Nord n'aurait-il pas d'effets sur les rues des villes allemandes ? Nous devons apprendre à condamner de tels faits, sans les relier à des identités culturelles, comme le font ceux pour qui l'exclusion est la principale préoccupation.
Contre ceux-ci, nous devons affirmer que le vernis d' "un comportement civilisé envers les femmes" est extrêmement fin. Le temps où les femmes étaient victimes d'un harcèlement sexuel sans limites n'est pas très éloigné.C'est le nouveau mouvement des femmes qui a repoussé le comportement patriarcal à l'arrière plan.
Avec le retour de l'idéologie de droite, il peut regagner du terrain. Il est donc encourageant qu'après la soirée du réveillon, de nombreuses femmes aient été prêtes à porter plainte et que de nombreuses associations et initiatives de femmes aient critiqué la minimisation du harcèlement sexuel en exigeant sa punition dans le code pénal, et que, par dessus tout, elles aient presque unanimement condamné toute tentative pour développer la xénophobie au nom du droit des femmes et pour restreindre le droit d'asile.
Une semaine après les événements, une manifestation de femmes à Cologne s'est jointe à une protestation contre Pegida.
Le week-end prochain, (16 janvier) les migrants Syriens appellent à une manifestation de solidarité avec les femmes agressées.
Ce sont là des exemples encourageants de solidarité entre les parties les plus discriminées de la population.
Angela Klein, 14 Janvier 2016
Europe Solidaire Sans Frontières Article
traduit par Antoine Malamoud pour Ensemble !
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