dimanche 31 juillet 2016
Italie. Nous avons un problème: les banques, par Franco Turigliatto
Après sa popularité initiale et l’imposition avec succès d’une série de contre-réformes néolibérales, Matteo Renzi s’affronte désormais à une situation plus difficile : le déclin de sa crédibilité dans de larges secteurs populaires et une nette défaite, lors des élections municipales (juin 2016). Tout cela s’intègre dans une situation économique incertaine dans le contexte d’une crise de l’Union européenne.
Un système en crise
Après avoir fait aboutir de nombreuses contre-réformes qui ont massacré le droit du travail, chamboulé le système public d’éducation, opéré des coupes accrues dans les dépenses sociales, en particulier dans le secteur de la santé, Renzi a mené de manière parallèle une réforme institutionnelle et une loi électorale profondément antidémocratique, fonctionnelles à la prédominance de l’exécutif et garantissant des majorités parlementaires artificielles. Toutefois, le cours de la politique de Renzi fait face à de nombreux obstacles.
mardi 26 juillet 2016
Brexit–Europe–Grèce. Discours de Stathis Kouvelakis au meeting d’ Unité Populaire à Athènes.
Les plaques tectoniques bougent à nouveau en Europe, modifiant le paysage très rapidement. Les brèches qui s’ouvrent dans la construction euro-unificatrice se concentrent autour de deux foyers : d’une part, le Brexit, d’autre part, de manière peut-être plus souterraine, mais tout aussi corrosive, la crise sociale et politique qui secoue la France.
CONTRADICTIONS ET POSSIBILITÉS DU BREXIT
Le « non » des Britanniques à l’UE est, de manière décisive, un « oui » des classes laborieuses et populaires du centre et du nord de l’Angleterre, à l’exception de l’Écosse et de Londres. Mais en même temps, sur un plan politique, la campagne du Brexit a été dominée par des forces réactionnaires, xénophobes et même ouvertement racistes, selon les instructions d’une aile du parti conservateur et du UKIP de Nigel Farage. Cela crée une série d’effets négatifs, visibles au milieu du climat trouble qui règne dans la société britannique, et plus particulièrement au sein de la Gauche, sans compter l’augmentation notoire des faits de violence raciste ou encore le meurtre de la députée travailliste Jo Cox, partisane du maintien, perpétré par un fanatique d’extrême droite.
dimanche 24 juillet 2016
Turquie : entretien avec Figen Yüksekdağ, co-présidente du HDP
Ankara (Turquie), envoyée spéciale.- Après le putsch
manqué du vendredi 15 juillet, le gouvernement turc s'est lancé dans une
« chasse aux sorcières » au sein de l'appareil d’État et de la fonction
publique. Visant le réseau de Fethullah Gülen, prédicateur installé aux
États-Unis présumé à l'origine de cette tentative de coup d'État, la
purge s'étend de jour en jour. Mercredi 20 juillet, l'état d'urgence a
été instauré. Depuis, les mesures de rétorsion s'accumulent. Dernière en
date : les fonctionnaires sont désormais soumis à une demande
d'autorisation spéciale pour pouvoir voyager à l'étranger.
Parti de l'opposition, le HDP (Parti démocratique des peuples) est une formation de gauche radicale pro-kurde. Entré pour la première fois au Parlement en 2015 (13 % des voix en juin 2015 ; 10,8 % des voix aux nouvelles élections de novembre 2015), à peine trois ans après sa création, il s'oppose frontalement à la politique de l'AKP (Parti de la justice et du développement), formation islamo-conservatrice au pouvoir. S'il a condamné officiellement la tentative de putsch, avec les autres partis de l'opposition, ses 59 députés n'ont pas voté l'état d'urgence et ses membres se montrent très critiques et inquiets face aux décisions du président Recep Tayyip Erdoğan.
Parti de l'opposition, le HDP (Parti démocratique des peuples) est une formation de gauche radicale pro-kurde. Entré pour la première fois au Parlement en 2015 (13 % des voix en juin 2015 ; 10,8 % des voix aux nouvelles élections de novembre 2015), à peine trois ans après sa création, il s'oppose frontalement à la politique de l'AKP (Parti de la justice et du développement), formation islamo-conservatrice au pouvoir. S'il a condamné officiellement la tentative de putsch, avec les autres partis de l'opposition, ses 59 députés n'ont pas voté l'état d'urgence et ses membres se montrent très critiques et inquiets face aux décisions du président Recep Tayyip Erdoğan.
jeudi 21 juillet 2016
"Ne nous y trompons pas: le vote pour le Brexit est une grande claque dans la figure de l’establishment britannique", par Tariq Ali
Chers amis,
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui. Comme vous le savez déjà, la campagne en Grande-Bretagne faveur du Brexit a été largement dominée par la droite. Le Lexit (ndlt: Left + Exit = campagne des mouvements et partis de gauche en faveur du Brexit) a mis un peu de temps à démarrer, mais nous avons mené une campagne plutôt dynamique. Notre problème fut que pas un seul représentant d’envergure du Parti Travailliste ne s’est déclaré en faveur du Brexit, et cela a été un problème énorme pour nous.
mardi 19 juillet 2016
Alep: appel urgent
Alep, le 11 juillet 2016
Le Conseil local de la ville d’Alep, élu démocratiquement pour représenter plus de 400’000 personnes vivant à Alep, tient à informer les partenaires politiques sur la scène internationale, ainsi que les organisations civiles, les ONG et les médias que les civils vivent sous la menace d’une catastrophe.
Elle coïncide avec le siège imposé par le régime d’Assad, fort de l’appui des mercenaires iraniens et des miliciens de Hezbollah, soutenu par l’aviation russe ; siège qui se renforce puisque a été coupée l’unique voie de ravitaillement en nourriture et en carburant pour les civils.
dimanche 17 juillet 2016
Turquie : une farce sanglante qui affaiblit le combat démocratique, par Emre Ongün
Le
15 juillet 2016, vers 21h, les automobilistes d’Istanbul ont la surprise
de voir des véhicules militaires et des blindés s’avancer dans les rues
de la métropole pour se diriger vers un des deux ponts enjambant le
Bosphore puis y couper la circulation. Vers 21h30, les habitants
d’Ankara voient des avions de chasse de l’armée turque voler à très
basse attitude et entendent les sirènes anti-aériennes de la ville se
déclencher. Les informations circulent vite et dans ce pays qui a connu 3
prises de pouvoir par l’armée en 55 ans, la population comprend
immédiatement ce dont il s’agit : une tentative de coup d’Etat militaire
est en cours.
Le 16 juillet au matin, à l’heure où ces lignes sont rédigées, les affrontements sporadiques s’éteignent. Les putschistes n’ont pas encore été tous arrêtés mais le coup d’Etat est en train d’être liquidé. L’échec est lamentable bien que sanglant, la presse évoque près de 90 de morts dont de nombreux policiers.
"Contre les coups d'Etat militaire et d'Erdogan, organisons le front de la démocratie, construisons la politique de classe." Déclaration de la section Turquie de la 4ème Internationale
Soudainement, dans la nuit du 15 juillet, nous avons été témoin, d’un processus de coup d’Etat avec toutes ses incertitudes, ses hésitations, ses initiatives réciproques des camps en présence et sa sauvagerie. On se souviendra de cette nuit sanglante à travers les affrontements entre soldats et policiers, les occupations des sièges des médias, les images des civils massacrés et de soldats lynchés avec pour un des points culminants le bombardement de l’Assemblée. Cela paraît être l’un des derniers actes de la lutte pour le pouvoir entre l’AKP et la confrérie Gülen au sein de l’Etat que les deux anciens complices ont construit ensemble.
lundi 11 juillet 2016
Royaume-Uni. Le Brexit: un désastre en préparation depuis des décennies, par Gary Younge
Il y a une semaine, contre l’avis de l’establishment politique de ce pays, la Grande-Bretagne a voté de peu [51,9%] la rupture avec l’Union européenne (UE). Quelques jours plus tard, ce même establishment était sur la voie d’une implosion complète: le pays n’a effectivement plus de gouvernement ou d’opposition, il est dénué de leadership, dépourvu de direction. Alors que la livre sterling s’est effondrée et que les marchés tanguaient, le chancelier de l’échiquier [le ministre des finances] était aux abonnés absents pendant trois jours tandis que Boris Johnson [maire de Londres entre 2008 et 2016], le membre le plus en vue de la campagne Leave, a passé le week-end non pas à préparer un plan pour l’avenir de la nation, mais à jouer au cricket et à écrire sa tribune pour le Telegraph. Après avoir affirmé son droit à la souveraineté, le pays ne trouve en ce moment personne pour la mettre en œuvre.
dimanche 10 juillet 2016
Etat espagnol. Le premier contretemps de Podemos, par Manuel Gari
Le cycle électoral postérieur à l’irruption du 15M [15 mai 2011, soit le mouvement des indignados] qui a permis l’émergence d’une nouvelle force politique opposée au néolibéralisme de masse, est sur le point de se fermer. Il ne reste plus que les élections aux parlements basque et galicien.
Les élections européennes [mai 2014], celles de la majorité des communautés autonomes [mars, mai et septembre 2015], les élections municipales [mai 2015] ainsi que les deux élections pour le parlement et le sénat espagnols le 20 décembre le 2016, lesquelles ont débouché sur un équilibre des forces qui empêchait la formation d’un gouvernement, sont derrière nous. Tout comme celles d’hier, 26 juin, que nous commentons ici.
Crise du Brexit : pour l’unité et la solidarité, contre le racisme et le dumping social en Europe
Déclaration
de la IVe Internationale*
1. Le résultat du référendum britannique est une étape
supplémentaire dans la crise de l’Union européenne après la Grèce et la crise
des migrants. Une large majorité d’électeurs en Angleterre et au Pays de Galles
a voté pour le Brexit, imposant le « Leave » (la sortie) dans
l’ensemble du Royaume Uni, malgré un résultat inverse en Écosse et en Irlande
du Nord, un facteur de crise au sein de l’État britannique qui pourrait mener à
un deuxième referendum sur l’indépendance pour l’Écosse.
2. Le discours xénophobe stigmatisant les immigrés d’Europe
de l’Est, tenu par les principaux porte-parole du « leave », que ce
soit Boris Johnson (Parti Conservateur) ou Nigel Farage (UKIP) a largement dominé la
campagne. Ils ont ainsi réussi à polariser l’exaspération sociale profondément
enracinée dans de larges couches populaires – celles qui ont été les
principales victimes de l’austérité, des pertes d’emplois, des attaques contre
les budgets sociaux. Cette exaspération s’est retournée contre les élites (à
Westminster ou à Bruxelles). Malheureusement, à un niveau de masse, ce rejet de
l’UE n’exprime pas à l’heure actuelle une radicalisation anti-austérité
progressiste, mais un rejet des travailleurs migrants européens, boucs
émissaires des pertes d’emplois, mélangé au rejet de l’Union européenne comme responsable
des attaques qu’ils ont subies. Cela a conduit à des manifestations publiques
de racisme et de xénophobie qui étaient devenues impensables depuis les années
1970 quand, entre autres, la Ligue antinazie a contribué à faire échec à la
montée de l’extrémisme de droite.
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