lundi 28 décembre 2015
Turquie/Kurdistan : urgence face au boucher Erdogan !, par Emre Ongün
« Nixon: Le seul point avec lequel je suis en désaccord avec vous… concerne les bombardements. Vous êtes sacrément trop concerné par les civils et je m’en fiche. Je m’en moque.
Kissinger : Je m’inquiète pour les civils parce que je ne veux pas que le monde entier se mobilise en vous accusant d’être un boucher. »
Conversation Nixon/Kissinger cité dans “Secrets: A Memoir of Vietnam and the Pentagon Papers (Daniel Ellseberg)”
Si le secrétaire d’Etat états-unien Kissinger avait besoin de couvrir politiquement la guerre impérialiste menée au Viêt-Nam, les dirigeants turcs ne ressentent probablement pas les mêmes contraintes pour mettre en œuvre leur politique meurtrière.
En effet, l’état de siège imposé à des communes kurdes, les massacres et les destructions qui y sont menés sont connus et ne suscitent pourtant aucune réelle difficulté pour Erdogan et ses acolytes sur la scène internationale. Les faits sont pourtant accablants : plusieurs communes kurdes sont en état de siège (Sur à Amed/Diyarbakir, Nusaybin, Cizre, Sirnak, Silopi…).
La population civile y est littéralement massacrée par des forces de police ne connaissant aucune limite, un exemple tragique parmi tant d’autres : la police peut aller jusqu’à tirer sur un convoi familial en route pour enterrer son bébé de 6 mois tué par un tir de police et blessant la mère et le grand-père. Il est impossible de faire un décompte des victimes dans ce chaos mais le bilan humain est très lourd. La population aux abois résiste néanmoins tandis que la jeunesse kurde s’insurge contre l’horreur d’Etat, notamment en se réfugiant derrière des tranchées de fortune dans les bourgs… Au Proche-orient, kurdes de Turquie rejoignent les peuples palestinien et désormais syriens dans « la tragique solitude » qu’avait évoqué Che Guevara au sujet des vietnamiens. Et comme pour le Viêt-Nam, la Palestine ou la Syrie cette tragique solitude ne doit rien au hasard.
La déclaration du 17 décembre 2015 du premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, doit être relevée : « Déjà au mois de novembre 2013, nous avions considéré 12 sous-préfectures comme critiques. Si vous regardez la lutte (sic) en cours depuis deux-trois mois, il y a parmi ceux-là Lice, Silvan, Varto, Kulp, cela continue à Cizre, il y a Doğubeyazıt et Yüksekova. Dans la plupart de ces sous-préfectures l’ordre a été instauré.
mardi 22 décembre 2015
Etat espagnol : le trublion violet et l'instabilité du système, par Pierre Marion
Les élections espagnols ont été, sans conteste, marqué par l'effondrement du bipartisme qui a structuré le système politique espagnole depuis la Transition (1975-1982). Les deux principaux partis (le Parti Populaire, PP et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol, PSOE) ne recueillent que 50,7 % des suffrages alors qu'ils en recueillaient encore 83,81 % lors des élections législatives de 2008.
Pour le PP qui a obtenu 28,72 % des voix dimanche dernier, il faut remonter à 1989 pour trouver une déroute comparable (25,79 %). Quant au PSOE, il obtient son plus mauvais score (22,02 %) depuis le retour de la démocratie. Si le système a un genoux à terre, il n'est cependant par encore K-O. Malgré l'échec cuisant de la présidence de Rajoy, l'absence de charisme de son leader, les scandales à répétition, le PP reste la force politique la plus votée.
Ciudadanos (13,93%), malgré le soutien affiché de l'élite médiatique et financière n'a pas réussi à mettre hors-jeu le parti traditionnel de la droite espagnole. Ce résultat s'explique en partie par le poids toujours important du franquisme dans une partie importante de la population.
Le PSOE, quand à lui sauve les meubles en arrivant en deuxième position. L'influence de ses barons locaux et des réseaux clientélistes, notamment en Andalousie, lui permette de placer Pedro Sanchez, son secrétaire général comme potentiel chef de l'opposition.
Toutefois, le souffle de Podemos (20,66 %) sur la nuque du PSOE le place dans une situation très délicate. Le succès des candidatures de convergence Nombres de commentateurs ont souligner, à raison, le succès de Podemos.
Mais ce succès dépend en bonne partie des alliances qu'a passé le parti violet avec d'autres forces politiques. Il est à noter que les meilleurs scores obtenus le sont là où Podemos s'est légèrement mis en retrait et a permis le développement d'une dynamique unitaire : avec Anova (parti nationaliste de gauche), les Mareas (plateforme citoyenne anti-austérité) et Izquierda Unida en Galice (25,04 %), avec Barcelona En Comú (plateforme dirigée par Ada Colau), Izquierda Unida (IU) et ICV (parti écolo-régionaliste) en Catalogne (24,74 %) et avec Compromis dans la Communauté Valencienne (25,09 %).
lundi 21 décembre 2015
Espagne : bouleversement politique, par Richard Neuville (Ensemble!)
Les élections générales (Congrès et Sénat) ont vu une augmentation significative de la participation puisqu’elle s’élève à 73,2% (+4,26% par rapport à 2011), ce qui correspond à 683 000 électeur-trice-s supplémentaires. Les résultats révèlent un bouleversement important du paysage politique dans le pays avec trois enseignements principaux : fin de la domination du bipartisme, émergence de nouvelles forces politiques : Podemos (et ses alliés) et Ciudadanos à l’échelle du pays, marginalisation de Izquierda Unida.
Fin du bipartisme
Si le Parti populaire (PP) remporte les élections générales dans l’État espagnol, il n’obtient qu’une majorité relative au Congrès : 28,72% et 123 sièges mais conserve cependant la majorité absolue au Sénat (124 sièges sur 208). Cependant, il se trouve dans l’impossibilité de gouverner seul et les alliances possibles restent très hypothétiques.
Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) se classe deuxième et obtient 22,01 % des suffrages et 90 sièges. Ces deux formations perdent respectivement 15,9% et 6,72% et 5 millions de voix par rapport aux élections de 2011 où elles rassemblaient 73,5% des voix après avoir déjà perdu 10 points lors des précédents en 2008 (83,81%), cela se traduit par une chute de 33 points en sept années. Le PP l’emporte dans une grande majorité de provinces (37/50) mais il reste très distancé en Catalogne et en Euskadi ou les nationalistes de droite en net recul ne l’emportent qu’en Vízcaya (Bilbao) pour le Parti nationaliste basque (PNV) et dans les provinces de Lleida et Girona pour Democràcia i Llibertat (nouvelle coalition autour de Convergència Democràtica de Catalunya (CDC).
Le PSOE n’est en tête que dans ses derniers bastions : Estrémadure et Andalousie mais il ne devance le PP que dans les provinces de Badajoz, Cordoue, Cadix, Huelva, Jaén et Séville (2 régions et 6 provinces), il est dépassé par le PP à Grenade. Les élections du 20 décembre mettent un terme à 35 années de bipartisme, le PP et le PSOE enregistrent leurs plus faibles scores de leur histoire et depuis le début de la « transition démocratique », c’est le premier enseignement qu’il faut tirer de cette consultation.
vendredi 18 décembre 2015
Espagne : élections générales dimanche prochain. entretien avec Lola Sanchez, PODEMOS
Députée européenne de Podemos, Lola Sánchez est reconnue pour son travail inlassable de dénonciation des dangers des traités commerciaux internationaux, en particulier du TTIP/TAFTA. Lors de l'Assemblée citoyenne, le congrès de fondation de Podemos, elle s'est positionnée en faveur de Sumando Podemos, présenté comme le courant critique du nouveau parti. A trois jours des élections législatives espagnoles - qui détermineront la composition du parlement et du gouvernement - elle nous livre ses attentes, ses espoirs et les enjeux de l'élection.
Ensemble - Les élections législatives auront lieu le 20 décembre dans l'Etat espagnol. Il y a quelques mois les sondages situaient Podemos comme la première ou la seconde force politique. Après une baisse continue dans les sondages, on note une remontée significative ces deux dernières semaines. Quelles sont tes expectatives pour ces élections ?
Lola Sánchez - Si les sondages reflétaient la réalité, je ne serais pas députée européenne aujourd'hui. Il est clair que le système se défend avec toutes les armes qu'il détient et la plus puissante c'est celle des moyens de communication. L'utilisation politique des sondages est une veille combine, même si je comprends que la période actuelle n'est pas la même que celle des européennes. Je ne crois pas que ces sondages ont été trop manipulé mais il est évident qu'eils ne sont pas fiables.
Je crois profondément que les sondages ne peuvent pas montrer la "marée" que représente Podemos autant pour la politique espagnole qu'européenne. Lors des précédentes élections, Podemos n'était pas représenté et ça c'est une donnée essentielle à l'heure de faire des pronostics électoraux.
Pour cette raison je me fis plus de mon instinct mais aussi des personnes moins politisées que ressentent et qui montre que quelque chose est en train de se passer ; que beaucoup de choses ont déjà changé et que pour certaines il n'y a pas de retour en arrière possible. Je dois dire que ça m'émeut et ça me donne beaucoup d'espoir quand certaines personnes m'avouent qu'elles vont voter Podemos, qu'elles soient militaire, entrepreneur millionnaire ou lobbyiste dans les couloirs de Bruxelles. Nous sommes sur la rampe de lancement et nous allons obtenir un résultat bien meilleur que ce que nous prédisent les sondages. C'est ce qui s'est déjà passé à chaque élection depuis que nous existons.
Ensemble - Dans son discours, Podemos insiste sur le fait que lors de ces élections, c'est "la décennie qui est en jeu", soulignant ainsi le potentiel profond changement du système politique espagnol. Comment situerais-tu ces élections dans une perspective historique plus large ?
mardi 15 décembre 2015
COP21 : la « neutralité climatique » au prix du désastre social et écologique, par Daniel Tarnuro
Celles et ceux qui se réjouissent de l’accord sur le climat soulignent notamment le fait que le texte adopté fixe pour objectif « d’atteindre dans la seconde moitié du siècle un équilibre entre les émissions anthropiques et les absorptions de gaz à effet de serre« . C’est exact, MAIS, pour apprécier la portée de cet engagement, pour savoir s’il est effectivement conforme aux impératifs de la résilience, il faut tenir compte aussi des faits suivants:
– le texte ne fixe aucune échéance pour le pic des émissions;
– le texte ne fixe aucune échéance précise pour l’équilibre émissions/absorptions (« dans la seconde moitié du siècle », ça peut être en 2099)
– conséquence logique de ces deux premiers points: le texte ne mentionne aucun objectif non plus en matière de taux annuel de réduction des émissions
– le texte est muet sur la sortie des combustibles fossiles, et ne dit pas un mot de la nécessité d’un système énergétique basé sur les renouvelables (ni du système énergétique en général!)
– le concept de décarbonisation est absent de l’accord.
Que faut-il en conclure?
– qu’il n’y a aucune limite posée à la combustion des combustibles fossiles (y compris ceux provenant des sables bitumineux, des huiles lourdes, etc)
– que, pendant une période indéterminée (rien n’exclut qu’elle aille au-delà du siècle), il faudrait se résigner au fait que les émissions résultant de cette combustion feront partie du « paquet » d’émissions anthropiques à équilibrer par les absorptions, d’ici 2100.
Certaines ONG (Greenpeace, Avaaz) en déduisent que la COP21 « a tourné la page des combustibles fossiles ». Désolé, c’est vraiment prendre ses rêves pour des réalités!
Les multinationales du secteur fossile n’ont aucune intention de se faire hara-kiri. Si l’accord ne leur convenait pas, elles feraient entendre leur voix, crieraient qu’on les assassine, etc. Ce n’est pas le cas.
L’accord que l’extractivisme attendait
lundi 14 décembre 2015
Algérie : Déclaration sur l’amendement du code pénal sur la violence que subissent les femmes
C’est la montée de la parole des victimes et le combat des associations qui a permis l’amendement du code pénal ! La loi contre les violences faites aux femmes validée hier par le sénat est une réponse positive à nos attentes, après tant de souffrances, après le drame odieux de Razika !
C’est une avancée pour les femmes algériennes contre une violence planétaire, c’est d’ailleurs la première loi de ce genre dans notre région du monde ! C’est aussi un succès pour nos luttes, un encouragement !
Dans les années 2000 nous avons mené campagne contre le harcèlement sexuel au travail, dans les années 2010 nous avons demandé une loi cadre sanctionnant les violences faites aux femmes.
Le martyre de Razika a révélé que le regard de la société est en train de changer, que, désormais, on reconnait aux femmes le droit de circuler dans l’espace public, même loin des grandes villes, qu’on lui reconnait le droit à la dignité. Il y a des insuffisances comme la clause du « pardon » qui fait perdre beaucoup à la loi, mais c’est un premier pas positif qui exprime d’abord un nouveau consensus de la société condamnant cette violence.
Cela dit, le combat contre les violences est encore long. Il se mènera dans la société, sur le terrain, pour faire reculer encore plus les mentalités patriarcales et les préjugés sexistes. Il y a aussi le combat pour abroger le code de la famille, pour l’égalité lors du mariage et du divorce, etc.
jeudi 10 décembre 2015
Face au désastre, par Stathis Kouvélakis
Inévitablement, l’image d’une carte de l’hexagone qui « noircit » à mesure de la progression du vote FN fait surgir la question de savoir si, à l’instar de l’Italie ou de l’Allemagne de l’entre-deux guerres, la France ne serait pas à la veille d’un basculement vers une forme d’ « État d’exception », en d’autres termes vers le fascisme. D’autant que dans les pays en question, la mise en place de cet État a débuté par une prise du pouvoir par la voie électorale et que, en matière d’ « état d’exception », le chemin semble avoir déjà été pris, avec l’instauration de l’ « état d’urgence » à la suite des attentats du 13 novembre.
Le fascisme comme révolte dévoyée
Comparaison n’est pourtant pas raison. La France de 2015 n’est ni l’Italie de 1920 ni l’Allemagne de Weimar: l’horizon n’est pas celui d’une guerre mondiale, le régime parlementaire n’est pas sur le point de s’effondrer, l’extrême-droite est pour l’essentiel une machine électorale et non une milice armée, les organisations ouvrières sont tellement faibles que leur destruction n’est aucunement une condition de survie de la domination bourgeoise.
Il manque à la fois la condition d’une crise générale de l’Etat et celle d’une compétition militaire inter-impérialiste qui constituent la base du « procès de fascisation » comme l’analysait Nicos Poulantzas dans son ouvrage classique Fascisme et dictature (1970).
Même si le FN vient au pouvoir par la « voie électorale », ce ne sera pas une « dictature fasciste » qui s’ensuivra mais un considérable durcissement du processus déjà en cours de verrouillage autoritaire de l’Etat et des mécanismes d’exclusion racialisante, qui pourront alors prendre une forme s’approchant d’un état d’apartheid, de séparation institutionnalisé entre groupes qui sont pour l’essentiel des groupes de nationaux, totalement endogènes à la société française, mais qui constituent la cible de mécanismes puissants de discrimination.
Disons le autrement : le FN est bien porteur d’un projet politique tout à fait cohérent, qui consiste à construire un « bloc social » soudé par un consensus autoritaire et raciste visant à résoudre les contradictions sociales, et tout particulièrement la trajectoire de « déclassement » de secteurs croissants de la société française, par l’instauration d’un régime de ségrégation racialisante.
Il y a cependant quelque chose qui rapproche la dynamique du FN avec celle des fascismes de l’entre-deux guerres et qui va au-delà des origines historiques de ce parti ou des filiations idéologiques entre ces courants politiques: c’est la capacité de ses forces à présenter comme des forces ‘anti-système », capable d’articuler une colère populaire multiforme en la cristallisant vers le ciblage d’un « ennemi intérieur ». Il manque bien sûr au FN le projet impérialiste/expansionniste des fascismes historiques: en ce sens, sa dynamique est « défensive », il est le produit de l’époque du capitalisme mondialisé, non de celle des impérialismes en lutte pour le partage du monde.
Mobilisons-nous contre les régimes dictatoriaux, les agressions impérialistes et Daesh ! Rejetons les politiques sécuritaires, racistes et d’austérité !
L’intensification du conflit mené par les puissances impérialistes (Etats-Unis, Russie, Etats européens, etc…) et régionales (Arabie saoudite, Qatar, Turquie, Iran) au Moyen-Orient ces derniers mois a durement touché les peuples de la région. Elle est le produit des différentes formes de la contre-révolution, représentées par les régimes dictatoriaux et contre-révolutionnaires et les forces islamiques réactionnaires, comme Daesh, conjuguées à la volonté des grandes puissances internationales et régionales d’imposer leur hégémonie politique et économique sur la région.
En Syrie, la première forme de la contre-révolution se manifeste par le soutien au régime d’Al-Assad, que ce soit à travers les raids meurtriers menés par la Russie et l’intervention de la République islamique d’Iran, du Hezbollah, des milices confessionnelles réactionnaires irakiennes ou par la méfiance des puissances occidentales vis-à-vis des forces démocratiques et révolutionnaires syriennes, kurdes incluses.
Ces forces qui luttent pour une alternative démocratique et sociale sont les premières cibles du régime syrien en place, des impérialistes, et de leurs alliés dans la région. Les forces démocratiques syriennes sont aussi la cible des forces islamistes réactionnaires, soutenues à un moment ou à un autre, directement ou indirectement, par les monarchies du Golfe et la Turquie. Et comme toujours, les femmes sont les premières victimes de ces guerres avec notamment la multiplication des viols, des enlèvements et même des mises en vente.
mercredi 2 décembre 2015
Grèce : vers une « grande coalition » ?, par Romaric Godin (La tribune)
Alexis Tsipras s’apprête-t-il à élargir sa majorité parlementaire pour faire adopter la prochaine série de mesures demandée par les créanciers ? La rumeur en est forte à Athènes, et les indices se multiplient. Ce jeudi 26 novembre, le premier ministre hellénique a convenu avec le président de la République Prokopis Pavlopoulos d’organiser une réunion des dirigeants politiques du pays dès que ce dernier sera revenu d’un voyage officiel de deux jours à Rome. Cette réunion devra donc avoir lieu vendredi 27 novembre.
Trois défections et une majorité réduite de deux députés
Cette réunion pourrait être l’occasion pour Alexis Tsipras d’obtenir l’appui d’autres partis politiques pour la prochaine série de réformes que son gouvernement prépare, notamment celle des retraites. Le 19 novembre, lors du vote du paquet législatif permettant d’obtenir les 12 milliards d’euros du Mécanisme européen de stabilité (MES), la majorité du premier ministre s’est réduite de quatre à deux voix. Un député de Syriza, Stathis Panagoutis, s’est en effet abstenu lors du vote, et un autre, Nikos Nikopoulos, a voté contre. Tous deux ont été exclus immédiatement de Syriza. La veille, l’ancien porte-parole du premier gouvernement Tsipras, Gabriel Sakellaridis, avait démissionné de ses mandats, ce qui avait permis de préserver la majorité puisqu’il avait été remplacé par un député fidèle à Alexis Tsipras.
La question des expulsions
L’annonce de nouvelles règles sur les expulsions des possesseurs de résidences primaires a été le déclencheur de ces trois défections. Athènes a négocié pendant trois semaines un compromis sur ce dossier avec des créanciers qui voulaient réduire cette protection pour faciliter le renflouement des banques. Alexis Tsipras et son ministre des Finances Euclide Tsakalotos avaient obtenu le maintien d’une protection pour les débiteurs les plus fragiles et des aménagements pour une seconde catégorie. Mais, globalement, la nouvelle loi facilitait bien les expulsions, ce qui a été mal accepté au sein de Syriza. Désormais, donc, Alexis Tsipras ne peut s’appuyer que sur une majorité de 153 députés à la Vouli, le parlement grec, soit deux de plus de la majorité absolue.
mardi 1 décembre 2015
Daech frappe aussi en Tunisie, par Alain Baron
Mardi 24 novembre 2015, Daech a frappé en plein cœur de la capitale, tuant 12 membres de la Garde présidentielle [le président Béji Caïd Essebsi a pris ses fonctions en décembre 2014] et blessant une vingtaine d’autres personnes.
En ciblant un corps sécuritaire d’élite, Daech a voulu terroriser la population en cherchant à démontrer que personne ne devait désormais se sentir à l’abri. [1] Cet acte intervient 11 jours après les sinistres attentats du vendredi 13 novembre à Paris qui avait déjà fortement ébranlé les Tunisiens et Tunisiennes:
• beaucoup d’entre eux ont, en effet, au moins un proche en France; deux Tunisiennes – Halima Ben Khalifa Saadi, 35 ans et Hodda Ben Khalifa Saadi, 34 ans – ont été «fauchées» sur la terrasse du café-restaurant le Belle-Equipe; Funérailles de Mabrouk Soltani, le 15 novembre 2015, à Jelma Funérailles de Mabrouk Soltani, le 15 novembre 2015, à Jelma
• le même jour, dans une région pauvre de l’intérieur de la Tunisie, un jeune berger [Marouk Soltani, 16 ans] était décapité de façon particulièrement atroce par les djihadistes [le groupe djihadiste, se présentant comme Jund al-Khilafa: Soldats du califat, a revendiqué le meurtre au nom de Daech].
Le massacre du 24 novembre intervient dans une période où le mouvement social était en plein essor après plusieurs années de recul et de déceptions.
En effet, depuis un an, les luttes ont repris et se situaient à un niveau rarement atteint. Par exemple, le bassin minier de Gafsa a été bloqué par des jeunes chômeurs revendiquant un emploi. Des luttes résolues ont eu lieu dans le secteur public pour mettre un terme à la dégradation continuelle du pouvoir d’achat.
Une série d’avancées avaient été arrachées dans les salarié·e·s du public et, dans la foulée, l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) avait programmé dans le secteur privé un cycle national de grèves régionales entre le 19 novembre et le 1er décembre 2015.
La première étape a eu lieu le 19 novembre avec une grève, suivie à quelque 90 %, dans les 164 plus grandes entreprises privées de la région de Sfax. Les grévistes avaient reçu le renfort de salarié·e·s du public ayant débrayé en solidarité. Le rassemblement et la manifestation ont connu une participation comparable à la grève générale régionale ayant précédé la chute de Ben Ali, en janvier 2011.
En ciblant un corps sécuritaire d’élite, Daech a voulu terroriser la population en cherchant à démontrer que personne ne devait désormais se sentir à l’abri. [1] Cet acte intervient 11 jours après les sinistres attentats du vendredi 13 novembre à Paris qui avait déjà fortement ébranlé les Tunisiens et Tunisiennes:
• beaucoup d’entre eux ont, en effet, au moins un proche en France; deux Tunisiennes – Halima Ben Khalifa Saadi, 35 ans et Hodda Ben Khalifa Saadi, 34 ans – ont été «fauchées» sur la terrasse du café-restaurant le Belle-Equipe; Funérailles de Mabrouk Soltani, le 15 novembre 2015, à Jelma Funérailles de Mabrouk Soltani, le 15 novembre 2015, à Jelma
• le même jour, dans une région pauvre de l’intérieur de la Tunisie, un jeune berger [Marouk Soltani, 16 ans] était décapité de façon particulièrement atroce par les djihadistes [le groupe djihadiste, se présentant comme Jund al-Khilafa: Soldats du califat, a revendiqué le meurtre au nom de Daech].
Le massacre du 24 novembre intervient dans une période où le mouvement social était en plein essor après plusieurs années de recul et de déceptions.
En effet, depuis un an, les luttes ont repris et se situaient à un niveau rarement atteint. Par exemple, le bassin minier de Gafsa a été bloqué par des jeunes chômeurs revendiquant un emploi. Des luttes résolues ont eu lieu dans le secteur public pour mettre un terme à la dégradation continuelle du pouvoir d’achat.
Une série d’avancées avaient été arrachées dans les salarié·e·s du public et, dans la foulée, l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) avait programmé dans le secteur privé un cycle national de grèves régionales entre le 19 novembre et le 1er décembre 2015.
La première étape a eu lieu le 19 novembre avec une grève, suivie à quelque 90 %, dans les 164 plus grandes entreprises privées de la région de Sfax. Les grévistes avaient reçu le renfort de salarié·e·s du public ayant débrayé en solidarité. Le rassemblement et la manifestation ont connu une participation comparable à la grève générale régionale ayant précédé la chute de Ben Ali, en janvier 2011.
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