mardi 21 juillet 2015
Sur l'accord mémorandum et l'avenir de Syriza, par la Jeunesse de SYRIZA
Athènes, le 20 juillet 2015
L’accord auquel ont abouti le 13 juillet les négociations, longues de plusieurs mois, menées par le gouvernement SYRIZA-ANEL, constitue sans aucun doute une défaite énorme des forces de la Gauche radicale en Grèce.
Le coup d’état inédit mis en œuvre par les créanciers, n’était que le dernier épisode d’une série de chantages extrêmes ayant conduit le gouvernement à une impasse politique suffocante. Il serait cependant bien elliptique d’interpréter le résultat des négociations comme uniquement déterminé par les choix des créanciers.
Nous sommes obligés d’évaluer de manière négative la sous-estimation des rapports de force au sein de la zone euro, l’inébranlable conviction que des arguments rationnels pourraient persuader les « institutions » en la faveur d’un accord « mutuellement profitable », mais aussi que la menace d’un GREXIT pourrait jouer un rôle catalysant pour que notre proposition l’emporte.
Tous ces points ont contribué de manière décisive à l’absence d’un plan alternatif de rupture qui aurait pu fonctionner aussi bien dans le cadre de la négociation, qu’en tant que choix pour le gouvernement ; tout cela a était facteur décisif pour notre séquestration politique.
Tout en parallèle, la longue complaisance dans l’aspect technique des négociations, dans l’attente d’un « compromis honorable » donné pour sûr, n’a laissé aucun espace à l’enthousiasme et la dynamisation, que la participation de la société aurait créés, contre la domination des technocrates et la poursuite d’un exercice politique imperturbable par le changement.
De surcroît, nous nous sommes abstenus d’actions « unilatérales » qui auraient pu déplacer le champ du conflit vers l’intérieur, consolider nos relations avec les gens que nous représentons, donner le signal de départ pour des luttes nouvelles, assurer des moyens pour la mise en œuvre de notre programme.
Face à l’ensemble de cette situation l’insuffisance du mécanisme du parti (et de l’organisation de jeunesse) a été déterminante. La non convocation du Comité Central avant le vote parlementaire des préalables de l’accord, a déplacé le poids de décider vers des organes incompétents, tel le groupe parlementaire, et vers la conscience individuelle de chacun des députés élus. La sous-alimentation politique des organes de direction du parti et les prises de décision hors procédures collectives sont deux aspects complémentaires du même rapport.
L’accord signé porte la marque du rapport de forces écrasant au sein de la zone euro et des chantages perpétrés à l’égard du gouvernement et le peuple grec. Cette séquestration politique et cette impasse dont nous avons fait les frais nous oblige d’envisager à nouveau les axes et les orientations de ce plan.
Nous avons le devoir de considérer que, en fin de compte, l’UE et la zone euro fonctionnent comme système néolibéral moulé en institution, limitant à l’extrême les marges de leur transformation. Notre stratégie internationaliste se doit passer par le désengagement de ces formations, demande de démocratie et de souveraineté populaire, mais aussi condition préalable pour la contestation du néolibéralisme.
L’adoption par le vote parlementaire du troisième mémorandum se place à l’encontre de nos référents idéologiques, de nos décisions collectives et renverse la longue marche de SYRIZA, et risque que soit écrasé l’espoir dans l’unique pays de l’UE où la Gauche a réussi une victoire historique.
Pour ces raisons nous nous plaçons à l’encontre de cet accord. Il est besoin impératif, à l’étape actuelle, que soit immédiatement convoqué le Comité Central de SYRIZA et que soit immédiatement réuni un Congrès exceptionnel, suprême instance décisionnaire du parti, qui aurait la responsabilité globale pour le bilan de la précédente étape et pour la planification de stratégie pour l’étape à venir.
Aussi SYRIZA a une responsabilité ; il doit protéger tous ses membres contre des attaques personnelles, étrangères dans leur méthodologie aux principes et valeurs de la Gauche. Il n’est en aucun cas pensable, dans ce cadre, de mettre de côté l’importance majeure du résultat du référendum. Dans ce cas de figure, le gouvernement a réussi pour un bref laps de temps de rendre le peuple protagoniste, par le choix de lui donner la parole, contre les chantages extrêmes, l’asphyxie financière, les banques fermées, la frénésie des médias.
Le référendum, en tant que processus social et en tant que verdict populaire, démontre que la lutte pour la constitution d’une alliance sociale capable d’élargir la démocratie, les synergies et la solidarité dans tous les lieux de la vie sociétale, est plus que jamais d’actualité mais aussi porteuse d’une dynamique victorieuse. En ce qui nous concerne, la lutte pour un monde plus juste n’est pas une justification morale, mais une manière de modifier notre quotidien, nos vies, la société.
Nous continuerons de cheminer sur cette voie en gardant en permanence dans l’esprit que l’histoire est un champ du possible dans lequel nous luttons pour rendre réalisable tout ce qu’aujourd’hui paraît impensable.
Jeunesse SYRIZA
(traduction Emmanuel Kosadinos)
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