mercredi 1 octobre 2014

Russie, Ukraine : les rouges et verts se mobilisent contre la répression, par Vladimir Claude Fisera


Le 21 septembre dernier à Moscou, un cortège de plusieurs centaines de militants rouges et verts mais aussi libertaires (aux drapeaux noirs et rouges) et féministes (drapeaux violets) a participé à la grande manifestation de la Coalition Antimilitariste de Russie aux cris de "Poutine, assez de baratin, assez de guerre! " et des pancartes portant ces mots : "notre plus grave erreur, c'est l'oubli de l'internationalisme". La banderole de tête portait ces mots : " La guerre, c'est le malheur (biéda), pas la victoire (pobiéda)!"

Plusieurs banderoles proclamaient : "L'antifascisme n'est pas un crime, libérez l'antifasciste de Crimée, Alexandre Koltchenko !". En effet, le 3o mai dernier, après une manifestation le 19 mai à Simféropol en Crimée protestant contre l'occupation russe de la Crimée, quatre militants, Alexandre Koltchenko, Oleg Sentsov,Guennadi Afanassiev, et Alexeï Tchirni, étaient arrêtés en Crimée, enlevés et déportés en Russie dans le plus grand secret sous l'accusation farfelue (dévoilée bien plus tard suite à la protestation d'Amnesty International) d'avoir organisé 2 actes terroristes à Simféropol et d'en avoir planifié un autre.
 

Amnesty a été alertée grâce à la protestation le 11 juin des participants au Festival du Film à Odessa en Ukraine contre la détention de leur collègue Oleg Sentsov qui avec ses co-détenus avait été sévèrement battu et menacé de viol afin de l'obliger à "avouer" qu'il était le chef de prétendus terroristes. Le 24 juin, Amnesty lançait une pétition exigeant la libération des deux qui étaient des citoyens ukrainiens ( les autres étant libérés entre temps), Sentsov et Koltchenko avec envoi de lettres au chef du FSB (ex-KGB, toujours aussi sinistre) Alexandr Bortnikov et au procureur général de Russie ( car là-bas, depuis Staline juge d'instruction et procureur sont une même personne et l'aveu même extorqué sous la violence, sert de "preuve" suffisante) Iouri Tchaïka. 

Du coup, son adjoint, Viktor Grine s'est senti contraint de répondre, bien sûr pas aux intéressés mais à la marionnette chargé " du développement de la société civile (sic) et des droits de l'homme (re-sic) auprès du Président de la Fédération de Russie" et " conseiller auprès du Président" un certain Mikhaïl Fedotov qui n'avait rien demandé avant que le scandale ne se soit ébruité. Sa lettre rendue publique par Amnesty est révélatrice de la politique russe en matière d'Ukraine et de répression. 

Tout d'abord, le pouvoir reconnait suivre l'affaire depuis le 19 mai et,bien sûr, prétend réagir dès le 17, avant Amnesty qu'on fait mine d'ignorer mais en tout cas après la révélation de l'affaire le 11juin au Festival du Film d'Odessa. Le pouvoir déclare qu'une "enquête criminelle" est engagée par "le FSB de la République de Crimée" ce qui nous apprend qu'un nouvel "Etat" est né mais que sa police politique est celle d'un autre, la Russie! Il ajoute que les plaignants ont accès à un avocat et qu'ils n'ont pas à se plaindre alors qu'il s'agit de citoyens d'un autre pays, l'Ukraine et qu'ils réclament l'accès au consul de leur pays à Moscou puisqu'ils sont détenus,on l'apprend enfin, dans la geôle de Lefortovo, tristement célèbre depuis les Tsars. 

Mais , clairement, le pouvoir ne reconnait pas la citoyenneté ukrainienne, Poutine utilisant d'ailleurs le terme tsariste de Nouvelle Russie pour parler de l'Ukraine orientale. La lettre conclut qu'"il n'y a aucune raison de les libérer" mais nos camarades russes ont su montrer leur solidarité internationaliste avec un grand courage, pacifiquement et à visage découvert en manifestant le 21 septembre pour le militant antifasciste ukrainien Kolchenko que le pouvoir russe, exacerbant les sentiments xénophobes, entend garder en otage. 

Comme leurs prédécesseurs révolutionnaires russes solidaires de la Pologne révoltée en 1863 contre l'occupation russe, agissant, proclamaient-ils, "pour votre et notre liberté!".

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