Alexandre Araujo Costa : Pendant longtemps, les organisations de gauche n’ont pas accordé beaucoup d’attention aux questions environnementales en général, mais au moins depuis le 15e Congrès, la Quatrième Internationale semble s’inquiéter de plus en plus de la dite «crise écologique». Qu’est ce qui a changé ?
Daniel Tanuro : En effet, la plupart des
organisations de gauche ont manqué le rendez-vous dans les années 1960,
quand la dite « crise écologique » a émergé comme une nouvelle question
d’intérêt social général (on peut d’ailleurs fixer une date symbolique
de cette émergence : le livre de Rachel Carson, « Le Printemps
Silencieux », publié en 1962). La raison principale, je pense, est que
ces organisations étaient concentrées principalement sur les guerres et
révolutions anticoloniales dans les pays dominés (Cuba, Algérie, Vietnam
…), sur les mouvements de masse contre la bureaucratie à l’Est
(Pologne, Hongrie) et sur la convergence de la radicalisation des jeunes
et des travailleurs en Occident (Mai 68, le « mai rampant italien de 69
»,…).