jeudi 27 décembre 2012
Notes d'Athènes - en marge d'un comité central de Syriza, par Stathis Kouvelakis
Il y a donc une odeur particulière à Athènes en ce début du deuxième hiver de l'ère des Mémorandums: l'odeur du bois qui brûle dans les cheminées et les poêles qui ont un peu partout remplacé le chauffage au fioul désormais inabordable. Résultat : le soir, la ville est enveloppée d'une sorte de nappe de brouillard, qui va de pair avec l'odeur âcre de la combustion - pas désagréable du reste et, pour moi, toujours associée à la période des fêtes de fin d'année, quand ma mère faisait marcher la belle cheminée du salon, pour "faire ambiance de Noël" comme elle disait. À ce train, on peut toutefois supposer que les murs vont bientôt être couverts de suie et qu'Athènes ressemblera à Paris ou Londres des années 1930 - sous cet aspect seulement.
Autre résultat (tout aussi désastreux pour l'environnement): les forêts (ou ce qui en reste) sont déboisées de façon sauvage, comme sous l'Occupation - mais aussi les champs d'oliviers, ce qui ne s'était jamais vu, même sous l'Occupation. Effet étrange de ce "nouveau" mode de chauffage dans le paysage urbain: on trouve un peu partout, sur des bords de trottoir, des terrains inoccupés, des échoppes ou des stands qui vendent du bois de chauffage un peu partout, qui furent parfois d'anciens points de vente de plantes d'intérieur. Les rues, la plupart du temps vides et mal éclairées, prennent une vague allure semi rurale.
lundi 24 décembre 2012
Slovénie : au coeur de la révolte citoyenne par Rodolfo Toè, 'envoyé spécial du Courrier des Balkans
Que se passe-t-il en Slovénie ?
Des milliers de personnes ont défilé vendredi à Ljubljana et dans d’autres villes du pays, alors que les syndicats et les partis d’opposition n’avaient pas appelé à ces rassemblements. La mobilisation s’organise par les réseaux sociaux, comme Facebook, et dans la crainte permanente des provocations de la police. Les manifestants brandissaient des drapeaux slovènes et ceux de l’ancienne Yougoslavie socialiste.
Ils sont des milliers dans le centre de Ljubljana, venus de tout le pays, même si d’autres rassemblement ont lieu à Maribor, Ptuj ou Nova Gorica. Les manifestations de ce vendredi doit couronner le mois de mobilisation entamé à la fin novembre à Maribor, la ville devenue le symbole de la faillite du modèle libéral en Slovénie. Sur la place en face du Parlement, la foule est tenue à distance par une centaine de policiers anti-émeute qui ont construit un grand cercle de protection autour de l’édifice. On s’attend au pire. La violence, au cours des dernières semaines, a évolué d’une façon préoccupante, selon Nika, une jeune fille qui travaille comme documentariste et n’a pas raté une seule manifestation depuis la fin novembre : « au début », explique-t-elle, « les policiers n’étaient pas armés. Ensuite, ils ont commencé à utiliser les gaz lacrymogène, pour la première fois dans l’histoire de la Slovénie moderne. Désormais, ils nous chargent à cheval »...
La décision de la Cour Constitutionnelle de rejeter la demande de référendum contre la banque poubelle et les privatisations, a exaspéré la tension entre les contestataires et le gouvernement. Tout le monde redoute des provocations.
La hantise des provocations
Jeudi, dans le centre Metelkova, refuge de nombreux groupes militants, des inconnus sont arrivés avec des sacs rempli des produits nécessaires à la fabrication de bouteilles Molotov. « Ils avaient appelé les journaux en avance, bien évidemment, car il y avait déjà des photographes sur place », explique Anita, une des coordinateurs de l’Université des Punks et des Ouvriers : « ils sont restés ici juste le temps nécessaire pour poser devant les appareils photos, et puis ils sont partis, ni vus ni connus ». Elle se dit convaincue que cela fait partie d’une stratégie pour discréditer les manifestants. La crainte de possibles infiltrations est tellement répandue que certains manifestants confient à mi-voix : « on nous a dit que le gouvernement payerait les ultras du Dinamo Zagreb pour provoquer des accidents ».
mercredi 19 décembre 2012
Grèce : résolution adoptée par le congrès de Syriza
Conjoncture mondiale.
Le peuple grec est au centre d’une attaque tous azimuts lancée par les forces du capital et des marchés contre les peuples des pays développés. Sous la pression de la crise, désormais généralisée du capitalisme, et sous prétexte de la crise de la dette créée par ces mêmes forces (au temps de la croissance et via le sauvetage des banquiers à cause de la crise financière de 2008), les peuples d’ Europe (en premier ceux du Sud) et particulièrement le peuple grec subissent une attaque qui s’apparente désormais à un holocauste social. Il n’y a plus aucune justification, les programmes d’austérité n’ont pas d’autre objectif que le nivellement par le bas des droits des peuples. La vie décente et la démocratie sont les cibles de la politique appliquée.
Et comme si cela ne suffisait pas: dérèglement climatique de la planète, crise alimentaire, extension de la pauvreté et du chômage, guerres économiques pour le contrôle des ressources en eau et en énergie, embrasements, guerres et ainsi de suite. Dans le même temps déferle sur la planète entière une vague de revendications pour une réelle démocratie: luttes sociales en Chine, en Inde et dans d’autres endroits «modèles» du capitalisme, le printemps arabe, des mobilisations en Russie, le mouvement des places aux USA, en Grande-Bretagne et en Europe du Sud, des luttes ouvrières dans tout le monde développé et particulièrement dans les pays qui subissent l’attaque des mémorandums et ainsi de suite.
mardi 11 décembre 2012
En route pour Athènes : Altersummit, l'autre sommet, celui des peuples, 7 et 8 juin 2013, par ATTAC
Présents sur place avec nos jambes et nos têtes, ou connectés à distance avec nos cœurs et nos rêves, nous serons toutes et tous parties prenantes de l’Altersummit, le sommet alternatif des mouvements sociaux européens qui se tiendra à Athènes les 7 et 8 juin 2013.
Cinq ans de crise et pour tout résultat une soumission de plus en plus complète des gouvernements européens aux exigences de la finance. Des plans d’austérité brutaux, des millions de personnes jetées dans la misère et la précarité, un saccage aggravé des ressources naturelles et des biens communs. La Grèce, mais aussi l’Espagne et le Portugal, utilisés comme laboratoires d’une régression européenne programmée…
L’Altersummit, l’autre sommet, celui des peuples, est, enfin ! l'expression de la volonté commune d'organisations, réseaux, personnalités européennes de s'opposer ensemble à la politique de la Troïka, des gouvernements de nos pays, des banques et de l’oligarchie qui veulent utiliser la crise pour élargir encore l’espace de la marchandise et accroître les profits privés.
Cinq ans de crise et pour tout résultat une soumission de plus en plus complète des gouvernements européens aux exigences de la finance. Des plans d’austérité brutaux, des millions de personnes jetées dans la misère et la précarité, un saccage aggravé des ressources naturelles et des biens communs. La Grèce, mais aussi l’Espagne et le Portugal, utilisés comme laboratoires d’une régression européenne programmée…
L’Altersummit, l’autre sommet, celui des peuples, est, enfin ! l'expression de la volonté commune d'organisations, réseaux, personnalités européennes de s'opposer ensemble à la politique de la Troïka, des gouvernements de nos pays, des banques et de l’oligarchie qui veulent utiliser la crise pour élargir encore l’espace de la marchandise et accroître les profits privés.
lundi 10 décembre 2012
Egypte: la Constitution d’un régime autoritaire, par Aliaa Al-Korachi et Héba Nasreddine
Le 22 novembre 2012, le président égyptien Mohamed Morsi émet un décret lui donnant des pouvoirs spéciaux. Face à ce premier coup de force, la mobilisation contre cette «prise en main» de la révolution manifesta son ampleur le 27 novembre. Dans ce contexte, Morsi fit accélérer les travaux d’une Constituante étroitement contrôlée par les Frères musulmans qui, lors d’une séance de plus de 20 heures, adopta, le 30 novembre, une Constitution de 234 articles. Elle doit remplacer la Constitution qui présidait sous le régime d’Hosni Moubarak. Morsi décida que la nouvelle Constitution serait soumise à référendum le 15 décembre. Face à la nouvelle vague de mobilisation d’un large éventail d’opposants, les Frères musulmans sont aussi descendus dans la rue. Le 4 décembre, les opposants au régime autoritaire que veut mettre en place et stabiliser Morsi réunirent d’amples forces devant le palais présidentiel d’Héliopolis. Le 5 décembre, des affrontements entre les troupes des Frères musulmans et les opposants se sont produits devant le palais. Avant d’analyser plus à fond la nature de l’affrontement social et politique à l’œuvre en Egypte, il nous apparaît utile de porter à la connaissance des lectrices et lecteurs du site A l’Encontre les arguments critiques visant le projet anti-démocratique de Constitution. (Rédaction A l’Encontre http://www.alencontre.org)
Le projet limite la durée du mandat du président de la République à quatre ans et lui interdit plus de deux mandats successifs. Pourtant, il annule le texte rendant obligatoire la nomination d’un vice-président, voté par les Egyptiens lors du référendum de mars 2011. Réparties dans une vingtaine d’articles, les prérogatives du chef de l’Etat restent très larges, même si la forme change en exigeant que les décisions du président soient approuvées par le Parlement ou à la suite d’un référendum.
mercredi 5 décembre 2012
Syrie et Gaza: deux résistances qui se reconnaissent, par Arnal Hanano*
Au cours de la dernière attaque en date d’Israël contre Gaza et de la lutte ininterrompue du régime Assad contre la Syrie et «son» peuple, on a pu constater une cristallisation des préjugés entretenus par les médias depuis des mois. Alors que la tragédie palestinienne mettait en lumière les préjugés historiques des médias en faveur d’Israël, la tragédie syrienne mettait en relief un autre type de préjugé: celui contre les aspirations du peuple syrien à la liberté. Quelques militants, intellectuels et défenseurs des droits humains, se définissant comme étant de gauche, anti-impérialistes et férocement en faveur de la résistance palestinienne, se sont opposés à la révolution syrienne depuis son début en mars 2011. Peut-être parce que Bachar el-Assad a hérité de son père ledit rôle de défenseur de la «résistance» arabe, alors même qu’il massacrait son propre peuple? Ce groupe de journalistes, de blogueurs et de militants des médias sociaux affichaient leur mépris pour la révolution tout en lançant des avertissements contre la tendance «réactionnaire» à envisager la Syrie en tant que massacre d’une population plutôt qu’en tant que catastrophe géopolitique. Ainsi, ils s’appliquaient à attirer l’attention sur les troubles et la répression au Bahreïn, à acclamer tout signe «d’agitation» en Arabie saoudite, à insister sur les protestations qui se développent en Jordanie et à s’indigner de chaque mort à Gaza, tout en continuant à observer d’un oeil «critique« comment des douzaines d’êtres humains étaient tués en Syrie, chaque jour. Ils prétendent que la «véritable» histoire est plus nuancée que celle de la narration d’un peuple qui revendique simplement le renversement d’un régime oppresseur. Ils voient l’opposition politique syrienne comme une conspiration occidentale contre une nation souveraine. Ils ne peuvent admettre l’extrême difficulté à forger un «corps politique» unifié dans le vide de pouvoir provoqué par un régime qui a dirigé le pays pendant 42 ans en utilisant une poigne de fer contre tous les dissidents. Ils mettent en garde contre les tendances sectaires de la résistance armée syrienne, sans tenir compte du droit à l’autodéfense. Mais au cours des dernières semaines on a pu voir que ce sont ces porte-parole sophistiqués qui ont besoin de nuances, puisqu’ils sont incapables de dénoncer la violence, à moins qu’elle ne soit commise par Israël ou par un pays arabe soutenu par l’Occident.
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