« L’expression politique de l’identité catalane est trop persistante et intense pour s’évanouir dans l’anonymat d’une polis unique et, en démocratie, une fois brisé les liens de la peur, le projet unitaire de l’Espagne présente d’autres faiblesses qu’il convient de ne pas agiter (Pays basque, Galice…). » Ce diagnostic d’un ancien ministre socialiste de la justice, Francisco Caamaño, publié dans la présentation d’une anthologie récente établie par Daniel Guerra, El pensamiento territorial de la Segunda República española (Athenaica, 2017), synthétise le constat d’échec historique du nationalisme espagnol dominant non seulement sur la question catalane, mais aussi en ce qui concerne son projet d’assimilation de la diversité nationale et culturelle au sein de l’Etat espagnol.
En effet, ce nationalisme, représenté principalement par le système du tripartisme du régime monarchique [PP, PSOE, Ciudadanos-C’s], se trouve face à un double problème : trouver une réponse à cet échec autant en ce qui concerne son rapport avec un large secteur de la société catalane que face à la réalité plurinationale toujours plus visible. Cette réponse, si elle se veut démocratique, impliquerait l’acceptation d’un traitement d’égal à égal avec la Catalogne (c’est-à-dire, respecter son droit au divorce).