mercredi 27 mars 2013
Du Forum Social Mondial aux révoltes arabes, par Esther Vivas
La Tunisie, berceau des révoltes dans le monde arabe, accueille à partir d’aujourd’hui et jusqu’à samedi le Forum Social Mondial (FSM), la plus importante rencontre internationale des organisations et des mouvements sociaux. Et n’est pas un hasard. Les promoteurs du FSM ont choisi ce pays en référence au « Printemps Arabe ». Ce dernier a non seulement donné naissance à de nouveaux mouvements de contestation en Afrique du Nord et au Moyen Orient, mais il a aussi « contaminé » le sud de l’Europe, en particulier avec les Indignés dans l’Etat espagnol, et jusqu’au mouvement Occupy aux Etats-Unis.
C’est un nouveau cycle de protestations qui a surgi avec force à l’échelle internationale, déterminé par une crise systémique du système et par les politiques d’austérité et d’endettement, en particulier dans les pays de la périphérie de l’Union européenne soumis à de dures mesures d’ajustement.
Le « Printemps Arabe » a apporté un vent frais dans la longue nuit de la crise. Il a permis de récupérer la confiance dans l’action collective, dans le « nous ». En janvier 2011, le président tunisien Ben Ali fuyait le pays sous la pression de la rue. Un mois plus tard, en février 2011, l’histoire se répétait ; le président égyptien Hosni Moubarak jetait l’éponge et démissionnait, forcé et contraint par la mobilisation sociale. Le monde arabe, tant de fois stigmatisé en Occident, nous offrait une leçon de démocratie.
mardi 26 mars 2013
Rencontre méditerranéenne contre la dictature de la dette pour la souveraineté populaire - En direct du FSM de Tunis
A l’initiative de RAID Tunisie et de certains partis membres du Front Populaire, une rencontre internationale s’est tenue les 23 et 24 mars 2012 (week end précédent le FSM à Tunis). Elle a réuni des délégations de différents pays du Bassin méditerranéen. Elle s’est déroulée en trois temps : le 23 après-midi, plusieurs exposés et débats ont traité de la situation de la dette et leur conséquences, d’une part, en Tunisie et en Egypte, d’autre part, dans l’Etat espagnol, en Grèce et au Portugal ; puis la matinée du 24 les alternatives et les ripostes possibles ont été débattues pour aboutir à une déclaration commune ; enfin, un grand meeting populaire s’est tenu au palais des congrès le dimanche après-midi.
Nous avons pu mesurer, grâce aux témoignages de nombreux pays : Tunisie, Egypte, Algérie, Maroc, Liban, Palestine, Syrie mais aussi Grèce, Espagne et Portugal, à quel point les gouvernements de ces pays s’alignent sur les recommandations des institutions financières internationales en imposant des politiques d’austérité qui ont des conséquences extrêmement graves pour les populations.
lundi 25 mars 2013
"La patience des peuples a ses limites" - Chypre : déclaration d’Alexis Tsipras, Président du groupe parlementaire SYRIZA-USF
Il est à présent clair que les dirigeants européens sont désormais engagés sur une voie ouvertement orientée contre les peuples d’Europe. La stratégie du gouvernement allemand, soutenue en Europe par le capital financier spéculatif, est une stratégie de colonisation de l’Europe du Sud en général, et de la Grèce et de Chypre en particulier. Elle s’appuie principalement sur une forme d’extorsion dont la dette est le levier.
Si la dette n’existait pas, ils l’auraient inventé pour pouvoir arriver à leurs fins. Qui plus est, la décision prise vendredi dernier par l’Eurogroupe met en danger la stabilité du système financier dans l’ensemble de la zone Euro. Il s’agit d’une bombe à retardement menaçant les fondements du système bancaire, non seulement à Chypre, mais partout en Europe. Cette décision doit être annulée, avant qu’elle ne cause des dommages irréversibles.
samedi 23 mars 2013
FSM à Tunis : quels enjeux ? par Bruno Della Sudda pour la délégation des Alternatifs au FSM
Au cours de l’une des réunions préparatoires tenue dans le cadre de la réunion altermondialiste « Firenze 10+10 » en novembre 2012, des inquiétudes s’étaient exprimées sur la participation à la prochaine édition du FSM : à l’exception du Maghreb et de l’Europe (surtout France et Italie), la mobilisation était en deçà des espérances des équipes organisatrices de Tunisie, du Maghreb et du conseil international du FSM. Mais les semaines qui ont suivi ont été plus rassurantes : avec plusieurs dizaines de milliers d’inscriptions de presque toutes les grandes régions du monde et de tous les continents, 4556 organisations enregistrées (associations, syndicats, journaux et revues, ONG… etc) et 1782 activités proposées, le FSM de Tunis a pris du volume.
Se confirme ainsi la réussite du pari d’organiser ce FSM en Tunisie, où l’équipe organisatrice a su regrouper la grande majorité des réseaux associatifs et syndicaux, ceux-la mêmes qui ont été partie prenante du processus révolutionnaire amorcé en Tunisie fin 2010.
Cette préparation s’effectue pourtant dans des conditions rendues encore plus difficiles par les lourdes menaces qui pèsent depuis plusieurs mois sur ce processus et dont l’assassinat de Chokri Belaid a été le révélateur.
On peut résumer, sans les hiérarchiser, à quatre, voire cinq enjeux majeurs la tenue du FSM de Tunis.
vendredi 22 mars 2013
25 militant-e-s des Alternatifs participeront au prochain Forum Social Mondial à Tunis du 26 au 30 mars
25 militant-e-s des Alternatifs participeront au prochain forum social mondial qui se tiendra à Tunis du 26 au 30 mars. Les Alternatifs animeront 2 ateliers :
- Education : quelle école pour l'émancipation ? (avec les camarades espagnols, et RAGA Sénégal)
- Révolutions au XXIe siècle : Temps court ou processus de révolution longue ? Avec RAID ATTAC Tunisie (Intervenant Bruno Della Sudda)
et en co-animeront deux autres :
- Alternatives locales concrètes (Roger Winterhalter) Alternatives locales concrètes : types et portée (activité étendue)
- et "Appropriation sociale et autogestion" avec Transform Europe / Espace Marx et l'Association pour l'Autogestion (Richard Neuville)
mercredi 20 mars 2013
En Argentine, « Bergoglio, le nouveau pape, n’a jamais émis aucune critique contre la dictature » entretien avec Michael Lowy (Le Monde)
Présenté comme le porte-voix des déshérités, le pape François est originaire du continent sud-américain, qui a vu naître la théologie de la libération. Ce courant de pensée théologique chrétienne, qui s’est assorti d’un mouvement socio-politique d’inspiration marxiste, est apparu dans les années soixante en réponse à la pauvreté. Théorisée par Gustavo Gutierrez, dans un ouvrage paru en 1972, la théologie de la libération prône la libération des peuples et entend notamment rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus et les libérer d’intolérables conditions de vie. Les adeptes de ce courant de pensée se sont engagés contre les dictatures militaires conservatrices en place dans plusieurs pays d’Amérique latine.
Les relations du cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio, premier pape originaire des Amériques, à la théologie de la libération, font débat. Mgr Bergoglio n’a cessé de dénoncer le néolibéralisme, la corruption, le clientélisme politique et la pauvreté. Il se dit par ailleurs très influencé par l’archevêque de San Salvador Oscar Romero, assassiné le 24 mars 1980 pour ses prises de position contre l’armée salvadorienne et en faveur des droits de l’homme. Toutefois, ses conceptions sociales et son absence d’engagement contre la dictature militaire argentine (1976-1983) le placent hors de ce courant. Michael Lowy, sociologue et bon connaisseur de l’Amérique latine, analyse les relations du pape François à la théologie de la libération.
Hélène Sallon : On reconnaît au pape François un engagement marqué auprès des pauvres et en faveur d’un rôle social de l’Eglise. En quoi ses conceptions sociales divergent-elles toutefois de la théologie de la libération ?
«Pas un seul sacrifice pour l’euro» - Grèce: dépression et rôle de la gauche de SYRIZA, par Charles-André Udry et Sotiris Martalis
Récupérer de l’huile dans les poubelles… La situation en Grèce se détériore tous les jours pour la majorité de la population. Ainsi, dans le Gymnase d’Acharnon (Athènes), 60 élèves ont été recensés comme souffrant de la faim. C’est le site Boroume.gr qui a révélé ce fait, un site lié à un réseau de distribution de nourriture aux nécessiteux. Soixante jeunes âgés de 13 à 15 ans, sur un total de 313, n’ont avec eux aucun casse-croûte et n’achètent rien à la cantine scolaire. Le lundi matin, fin février, beaucoup de jeunes sont allés voir le directeur, après avoir passé le week-end du 23-24 février 2013 dans leur famille. Il leur a distribué du lait. Ils l’ont bu immédiatement, car la faim les tenaillait. Le directeur a tenté d’ouvrir une «échoppe sociale» avec des prix les plus bas possible pour assurer une alimentation de base. Les aides des magasins des environs ont été maigres, pour ne pas dire plus. Un fabricant de produits laitiers a assuré des livraisons de lait et yogourts deux fois par semaine.
Le chômage, le retard dans le versement des salaires, leur compression et la hausse simultanée des impôts – plus élevés en Grèce qu’en France sur les petits et moyens revenus, sans mentionner les taxes indirectes – font leurs effets… Et ce n’est pas le seul cas.
lundi 11 mars 2013
Appel du collectif "solidarité France - Grèce pour la santé" aux citoyen-ne-s et aux organisations françaises
Les politiques d’austérité néolibérales imposées par la Troïka avec la complicité des gouvernements en place mènent la Grèce au désastre, mettant en danger la santé et la vie de la population. On assiste ainsi à la recrudescence des dépressions, à la prolifération de pathologies telles que l'hypertension, les maladies cardiaques, le cancer, ainsi qu’à la réapparition de maladies pendant longtemps disparues, comme la tuberculose et le paludisme. Le chômage est aussi cause d’une mortalité accrue.
En même temps, de nombreuses catégories de la population, notamment celles qui sont les plus vulnérables : enfants, femmes enceintes, familles monoparentales, malades chroniques, migrants, personnes dépendantes, personnes handicapées… sont en danger, étant privées de soins et de suivi adéquats.
Cette augmentation considérable des besoins se heurte à un système public de santé qui s'effondre et se trouve incapable d’y répondre. La réduction brutale des dépenses publiques de santé et de protection sociale à un moment où la fréquentation des hôpitaux publics ne cesse d’augmenter crée un problème sanitaire qui frôle la catastrophe humanitaire.
Au Venezuela, la lutte pour l’émancipation doit se poursuivre ! - déclaration des Alternatifs - commission internationale
Le président vénézuélien Hugo Chávez, décédé le 5 mars, aura incontestablement marqué l’histoire de son pays et de « l’Amérique indo-afro-latine ». Elu en décembre 1998, à l’issue d’une longue et profonde crise politique du régime de la « démocratie pétrolière » -qui avait éclatée lors du Caracazo (émeutes populaires durement réprimées en 1989 : 3 000 morts)- il est alors perçu comme l’homme providentiel, à défaut d’être le produit d’une accumulation de forces des mouvements sociaux, comme ce fut le cas au Brésil, en Bolivie ou en Uruguay. Il nouera une relation particulière avec le peuple en respectant ses engagements électoraux et en développant des programmes sociaux, en rupture avec la politique de classe de ses prédécesseurs, qui excluait socialement 80 % de la population.
Confronté à un empire médiatique très hostile (Cisneros), disposant de relais internationaux importants, il sera l’objet de tentatives de déstabilisation permanentes. Au cours de toutes ces années, la couverture médiatique en France se sera nourrie de nombreuses approximations, interprétations et contre-vérités.
jeudi 7 mars 2013
Hommage à Stéphane Hessel - par le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens
Avec la mort de Stéphane Hessel, la Palestine et tous ceux et celles qui sont engagés pour la justice, la paix et les droits humains ont perdu un ami précieux. Le CNPJDPI tient à dire sa profonde tristesse devant cette disparition et toute sa solidarité à Christiane, sa compagne, et à tous ses proches.
Stéphane Hessel a été toute sa vie solidaire des peuples opprimés en quête de justice. Il s’est engagé pour la Palestine et les droits des Palestiniens avec la certitude que ce combat était juste. Il a mis toute son indignation dans ce combat. Il s’est rendu de nombreuses fois en Cisjordanie et à Gaza : toujours à l’écoute de toute la société palestinienne, des organisations politiques palestiniennes comme des groupes culturels ou des associations pour les droits des enfants ; il a souvent rencontré et écouté les opposants israéliens à la politique de déni des droits du peuple palestinien menée par leur gouvernement. Il s’est engagé dans le soutien aux prisonniers, pour la libération de Salah Hamouri ou dans l’action contre le blocus de Gaza, et il s’est beaucoup impliqué dans la mise sur pied du Tribunal Russell sur la Palestine.
Dans ce combat, il a dû subir de nombreuses attaques, hier comme aujourd’hui encore ! En janvier 2011, la directrice de l’ENS (Paris), suite aux pressions du CRIF, a interdit la tenue d’une réunion sur la Palestine dans laquelle Stéphane Hessel devait prendre la parole au côté de Leïla Shahid.
mercredi 6 mars 2013
Hommage à Hugo Chavez - Hasta siempre, comandante !
Hugo Chavez en Bolivie en 2011 |
Parmi les nombreux leaders qui voyageront pour être présents aux côtés du peuple vénézuélien, il y a le brésilien Lula da Silva qui dit « son sentiment de fierté d’avoir vécu et travaillé aux côtés de Chavez, pour l’intégration de l’Amérique Latine et pour un monde plus juste »,
lundi 4 mars 2013
La Tunisie aux lendemains de l'assassinat de Chokri Belaïd - Entretien avec Ahlem Belhadj*
Fin février, le nouveau gouvernement tunisien était toujours en cours de constitution. Un seule chose était certaine, le nouveau Premier ministre était l'ancien ministre de l'Intérieur, ce qui n'augure rien de bon. Celui-ci a en effet laissé se développer en toute impunité les agissements des bandes armées islamistes. Il est directement responsable de la répression des mouvements populaires, comme par exemple à Siliana en novembre dernier où la police a tiré à la chevrotine sur la foule. Le rôle exact des services placés sous sa responsabilité dans l'attaque du siège de l'UGTT le 4 décembre et l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février n'est toujours pas élucidé.
Dans cet entretien réalisé le 22 février, Ahlem revient sur les évènements ayant précédé la nomination du nouveau Premier ministre. (propos recueillis, le 22 février, par Alain Baron, pour le syndicat Solidaires)
Quelle a été la politique du Premier ministre Jebali après l'assassinat ?
Le soir même du 6 février, il a déclaré qu'il condamnait ce meurtre, mais à ce jour, aucune mesure concrète n'a été prise. Il a simultanément proposé la formation d'un gouvernement dont les membres seraient nommés sur la base de leur compétence individuelle et non pas pour représenter un parti politique donné. Il a alors été désavoué par son parti. Pour moi, il s'agissait d'un plan assez intelligent pour sauver Ennahdha, qui était dans une impasse réelle le 6, et surtout le 8, jour de l'enterrement et de la grève générale. Jebali lui-même a reconnu par la suite que s'il n'avait pas fait cette ouverture politique, il aurait pu perdre le contrôle de la situation. Il a également expliqué que, même si elle n'avait pas marché, sa proposition avait eu l'avantage d'absorber la colère de la population. Il a en effet pu focaliser le débat politique autour de sa proposition et les autres alternatives sont devenues caduques. Il a ainsi réussi à sauver le pouvoir d'Ennahdha. Il ne faut pas sous-estimer le rôle des Etats-Unis, de l'Union européenne et de l'armée tunisienne dans la mise au point des propositions de Jebali. Propositions dans lesquelles se situaient également l'Internationale socialiste, dont sa section locale participe au gouvernement, ainsi que diverses forces politiques tunisiennes de droite et du centre (dont Nidaa Tunes et El Masar).
Une motion de censure émanant du peuple. Un million et demi de portugais dans la rue samedi 2 mars
Plus d’un million cinq cent mille portugais sont descendus dans la rue samedi dernier 2 mars contre le gouvernement de Pedro Passos Coelho et les injonctions de la troîka pour une austérité renforcée, à mouvement « Que se lixe a Troika, o povo é quem mais ordena » (« Nettoyons la Troïka, le peuple aura le dernier mot »).
Le choix de la date était aussi une réponse aux experts du FMI, de la BCE et de l’UE actuellement à Lisbonne pour une septième évaluation du plan de sauvetage financier accordé en mai 2011 et qui s’est traduit par la privatisation de la quasi-totalité du pôle public et la multiplication des plans d’ajustements structurels.
Sur les banderoles, on pouvait lire « FMI, hors d’ici », « Dans leurs porte-monnaie il y a tes sacrifices », « Plus qu’assez de payer vos dettes ».
Les paroles de « Grândola, vila morena », la chanson emblématique de la Révolution d’avril 1974, diffusée à la radio portugaise le 25 Avril 1974, elle déclencha la Révolution des Oeillets qui mit fin à la dictature que le Portugal endurait depuis 1933, étaient de tous les cortèges, tandis, qu’entre autres mots d’ordre, l’on entendait « Un, deux, trois Avril, encore une fois ».
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