lundi 22 février 2016

Italie : cosmopolitique.... Regroupement à gauche


« Cosmopolitica », c'est sous ce titre qu'au Palais des Congrès de Rome, du 19 au 21 février 2016, près de trois mille militants ont discuté de la possibilité de créer une nouvelle formation politique de gauche. 

Un rassemblement où l'on pouvait croiser l'essentiel des dirigeants politiques, des syndicalistes et associatifs, des animateurs de centres sociaux, tous membres de la gauche italienne des ces vingt dernières années et qui tentent aujourd'hui de rompre avec une décennie de divisions et de marginalisation. L'objectif est de créer une formation politique qui pourrait desserrer l'étau que représente d'un côté Mattéo Renzi, qui soumet l'Italie à une série de réformes néolibérales, et de l'autre le mouvement « Cinq étoiles » de Pepe Grillo qui cristallise l'opposition au système et à l'Union Européenne avec un discours ambigu sur une série de questions, à commencer par l'immigration… 

Le processus qui a aboutit à la conférence « Cosmopolitica » a associé à peu près tous les courants politiques de la gauche de transformation sociale en Italie, en y incluant des responsables syndicaux et associatifs. Il s'agit d'abord de SEL, Sinistra Ecologica Libera, qui est un des deux principaux courants issu de la crise de Rifondazione Comunista. SEL a, dans le passé récent, conclu des alliances avec le Parti Démocrate ce qui lui a permis d'avoir un groupe parlementaire et de nombreux élus locaux. 

Étant la composante principale de ce nouveau regroupement, SEL a décidé de se dissoudre dès le début de ce processus, pour éviter toute inquiétude sur le poids qu'il pourrait représenter. A côté de SEL, on retrouve deux composantes issues de scissions de principaux partis politiques italiens, la plus importante vient du Parti Démocrate où des responsables et élus comme Cofferati, ancien secrétaire général de la CGIL, la première centrale syndicale du pays, et la seconde, plus réduite, vient du Mouvement cinq étoiles de Pepe Grillo. 

On retrouve également les militants de la liste « Altra Europa » qui s'est constituée en soutien à Alexis Tsipras pour les élections européennes de 2014, liste qui a préfiguré la conférence Cosmopolitica en regroupant Rifondazione, SEL et des militants aujourd'hui non-encartés issus de Rifondazione Comunista et de différents mouvements sociaux. 

dimanche 21 février 2016

L’euro est devenu «un instrument de chantage». Entretien avec Zoi Konstantopoulou


Le deuxième sommet du «plan B» se déroule ce week-end à Madrid. Objectif: faire converger les alternatives à l’austérité sur le continent. Zoi Konstantopoulou, l’ancienne présidente du parlement grec, fait partie des intervenants. Entretien réalisé par Amélie Poinssot, Médiapart.
 
Plusieurs personnalités européennes sont à Madrid samedi 20 et dimanche 21 février pour le deuxième sommet du «plan B». Parmi elles, Zoi Konstantopoulou, qui fut présidente du parlement grec de janvier à juillet 2015, avant la mise à l’écart de l’«aile gauche» de Syriza. Cette avocate de profession, élue pour la première fois députée Syriza en 2012, a notamment œuvré à la tête de la Vouli pour le lancement d’un audit sur la dette publique grecque. Lors des élections législatives anticipées de septembre dernier, en froid avec le parti, elle se présente comme candidate indépendante avec Unité populaire, qui rassemble les élus «frondeurs» de Syriza. Mais ce dernier ne parvient pas à dépasser le seuil des 3 %, et Zoi Konstantopoulou n’est pas réélue. Après sa participation au premier sommet du plan B, à Paris fin janvier, elle a répondu à nos questions sur les ambitions de cette initiative européenne. L’occasion, aussi, de revenir sur le revirement, cet été, du gouvernement Tsipras et les orientations prises par l’exécutif grec depuis septembre.

Vous serez à Madrid ce week-end pour le deuxième sommet du «plan B», après le premier qui s’est tenu à Paris en janvier. Quelles conclusions tirez-vous de la première réunion, à laquelle vous avez assisté, en présence de Jean-Luc Mélenchon?

Zoi Konstantopoulou: Le plan B met l’accent sur la démocratie et la souveraineté du peuple. Nous pensons qu’il est urgent de se coordonner avec les mouvements sociaux et les autres forces politiques qui partagent nos idées afin de conduire l’Europe vers la prospérité et en particulier celle des jeunes générations. À Paris, fin janvier, nous nous sommes réunis pendant deux jours et nos débats ont montré de façon limpide qu’il y a des alternatives à l’Europe de l’austérité, à ce totalitarisme économique dont nous avons été victimes ces dernières années.

Les défis d’aujourd’hui dépassent la géographie politique traditionnelle. Ils touchent le cœur des sociétés. La gauche doit assumer sa responsabilité vis-à-vis de l’avenir et se transformer en une force innovatrice et radicale pour mettre en œuvre ces alternatives.

Quelles sont ces alternatives ?

samedi 20 février 2016

Contre la logique de guerre, notre boussole doit être la solidarité avec les peuples, par Emre Öngün, Olivier Mollaz, François Calaret

 
La situation internationale percute les débats de la gauche française. La crise syro irakienne, l’émergence de l’État Islamique, la participation de la France à l’intervention militaire américaine pose des problèmes d’orientation importants qui traversent Ensemble. Nous devons travailler à construire une orientation commune pour notre mouvement sur une question inscrite dans la période politique. Car au fond ce débat pose la question de ce qu’est aujourd’hui l’internationalisme. Quelques propositions :

1) Nous sommes pour l’unité des peuples et contre l’affrontement interconfessionnel et intercommunautaire 

Être du côté des peuples est le point de départ de toute orientation qui vise l’émancipation humaine. Dans la crise syro – irakienne qui inclut désormais la Turquie, c’est la situation concrète des peuples kurdes, syriens, irakiens et des différentes minorités nationales qui est le critère de pertinence de toute proposition. De ce point de vue, il faut prendre en compte l’enchevêtrement de la situation qui recouvre « plusieurs guerres » qui ne sont pas toutes de même nature :

- La guerre civile irakienne qui s’enracine dans les conséquences de l’occupation américaine depuis 2003. À ce sujet, il serait utile de revenir sur la politique menée par le gouvernement français depuis 10 ans, notamment par Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner et l’ambassadeur français en Irak Boris Boillon (1), qui se sont focalisés sur l’influence économique des firmes françaises comme Total, en s’appuyant sur le régime très contesté de Nouri Al Maliki dont la politique sectaire et répressive a fortement contribué à l’émergence de l’État Islamique

- La guerre menée par Bachar El Assad contre le soulèvement populaire menée par le peuple syrien. Il faut prendre la mesure que cette guerre qui a fait entre 250 000 et 470 000 morts, 200 000 prisonniers dans les geôles syriennes (avec plus de 6 000 prisonniers morts sous la torture depuis 2011) et des millions de réfugiés, est le nœud de toute la crise régionale. C’est dans le cadre de cette guerre menée par le régime contre son propre peuple que l’État Islamique a pu s’enraciner. Al-Assad et Daesh ont en commun aujourd’hui d’être deux forces « contre-révolutionnaires » complémentaires, qui toutes deux combattent les forces de résistance issues d’un processus révolutionnaire.

- La lutte menée par le peuple kurde qui se bat d’une part contre l’État Islamique en Syrie et en Irak et qui est confronté à une guerre civile dont l’initiative a été prise par l’État Turc persécutant des portions du Kurdistan se trouvant sur son territoire.

- La complexité de la situation est renforcée par le jeu des rivalités régionales et internationales. L’Iran, la Russie et le Hezbollah (ce dernier étant toujours confronté aux menaces de l’État d’Israël) sont massivement intervenus en Syrie pour combattre la révolte populaire et soutenir Bachar El Assad, et en Irak contre Daech. Les États Unis et leurs alliés – dont la France – ont engagé des bombardements aériens contre Daech en Syrie et en Irak. Enfin les rivalités entre l’Iran, l’Arabie Saoudite, la Turquie s’exporte dans le cadre de ce conflit.

mardi 16 février 2016

Islande : les Pirates à l’abordage, par Guillaume Liégard - Regards.fr


Dans une Islande particulièrement affectée par la crise financière de 2008, le Parti pirate, doté d’un programme consistant, prend la tournure d’un parti majoritaire. Une exception européenne… 

Les élections législatives d’avril 2017 sont encore loin, mais l’évolution de l’électorat islandais confirme, sondage après sondage, une poussée massive en faveur du parti Pirate, désormais aux portes du pouvoir. 

Fondé en 2012, il avait obtenu 5,1% et trois des 63 membres de l’Althing, le parlement islandais, lors des élections législatives de 2013. Actuellement crédité de 35 à 42% dans les différentes intentions de vote (sondages 2013-2016), le parti dirigé par Birgitta Jonsdottir, ancienne porte-parole de Wikileaks, est désormais la première force politique, et de loin, de la petite île scandinave. 

Parti Pirate, une spécialité nordique 

Le mouvement des partis Pirates est apparu en 2006 d’abord en Suède puis, la même année, en Allemagne et a tout de suite rencontré un réel écho, notamment dans la jeunesse. Lors des élections européennes de 2009, le parti pirate suédois a obtenu 7,1% et deux députés mais semble désormais en perte de vitesse et n’a recueilli que 2,23% au scrutin de 2014. 

En Allemagne, si les pirates n’ont jamais pu être élus au Bundestag – obtenant autour de 2% des suffrages –, ils ont en revanche fait de belles percées dans certains Länder : près de 9% à Berlin en 2011 et 7 à 8% dans trois länders en 2012. Des résultats prometteurs qui n’ont pas été confirmés car, depuis, le parti pirate allemand plafonne à 2% dans chacune des élections outre-Rhin. 

La difficulté à s’enraciner durablement dans le champ politique est probablement liée à une insondable légèreté du programme politique. Dans un premier temps, les partis pirates ont bénéficié à plein d’une volonté de renouvellement d’espaces politiques sclérosés, notamment dans la jeunesse. Mais la réforme des droits de la propriété intellectuelle (copyrights, brevets), le renforcement des droits fondamentaux relatifs à la vie privé apparaissent un peu justes pour répondre à l’ensemble des mutations sociales, politiques et écologiques que subissent les sociétés européennes. 

dimanche 14 février 2016

Par-dessus l’épaule de Bernie, par Solidarity (USA)


La campagne de Bernie Sanders percute comme un météore le champ politique. Après qu'il ait fait jeu égal avec Hilary Clinton dans l’Iowa et sa victoire écrasante dans le New Hampshire, son défi à l’establishment n’est plus considéré comme une amusante figuration dans le monde dit de la « politique réel ». C’est un tournant majeur dans cette année électorale qui se déroule au milieu d'une profonde crise sociale. 

Le bloc dominant qui contrôle les partis démocrate et républicain pour le compte de la classe dominante capitaliste a perdu le contrôle de la situation – du moins temporairement. Les commentateurs aiment décrire Bernie Sanders et Donald Trump comme des « outsiders populistes » symétriques qui répondent à la colère et la frustration de la classe des travailleurs. 

Mais alors que Sanders en appelle aux traditions de solidarité sociale et à la responsabilité partagée pour la résolution des désastres qu’affronte notre société, Trump exploite les pires instincts en cherchant les boucs émissaires chez les « autres », les musulmans, les immigrés et toute autre cible facile. Il n’est donc pas surprenant que les suprématismes blancs et les « nationalistes » considèrent la campagne de Trump comme une ouverture pour leur politique raciste et haineuse. 

À l’inverse, la force de la jeunesse et des travailleurs qui irrigue la campagne de Sanders montre la profonde attraction qu'exerce son programme pour l’assurance santé, la sécurité sociale élargie, la gratuité de l'université, le salaire minimum à 15 dollars et la « révolution politique » contre Wall Street et les banques « trop puissantes pour exister ». 

Tout cela montre que l’Amérique n’est pas au beau milieu d'un tournant populaire de masse vers là droite. La participation des jeunes primo-votants dans l’Iowa a stupéfait les analystes. Dans le camp démocrate, on estime que 80 % d’entre eux se sont tournés vers Bernie. (Il est à noter que des jeunes ont été également présents, à une échelle plus réduite mais néanmoins significative, notamment dans les universités, dans les caucus républicains, sans doute pour les mêmes raisons : un avenir bloqué dans le bourbier de l’insécurité sociale et des dettes écrasantes.) 

samedi 13 février 2016

Grèce, après la grève générale, par l'Unité Populaire


GOUVERNEMENT FANTOCHE DE COALITION POUR LE MEMORANDUM OU FUITE-WATERLOO VERS DES ELECTIONS ? CE QUE PROJETTE TSIPRAS.

L’iSSUE, C’EST UN FRONT POPULAIRE D’ACTION, AVEC UN PROGRAMME RADICALEMENT ANTI-MEMORANDUM, UNE MONNAIE NATIONALE ET UNE RUPTURE AVEC L’UE  ALLEMANDE
La grève générale du 4 février n’a pas été simplement réussie. Elle a constitué un séisme politique et social de première grandeur, qui a secoué de fond en comble le gouvernement et plus généralement le monde politique du mémorandum.

UNE REUSSITE SANS PRECEDENT

Cette grève générale s’est caractérisée par deux événements impressionnants et vraisemblablement sans précédent.
 

D’abord, le mouvement réunissait les travailleurs salariés, les travailleurs indépendants des villes et la paysannerie petite et moyenne sur des objectifs communs, contre la destruction du système d’assurance sociale et le pillage fiscal. Jamais peut-être une telle action combattive, d’une majorité tellement importante, n’avait été aussi visible et évidente, entraînant d’importants prolongements politiques.
 

Le deuxième élément nouveau est la réussite impressionnante de la grève dans toutes les régions de Grèce, avec des rassemblements encore plus imposants et vraisemblablement sans précédent dans les villes de province, petites et grandes, où le monde des commerçants et des agriculteurs a marqué très fortement sa présence – à un point jamais vu.
 

Ce qui caractérise cette « insurrection » singulière du 4 février, c’est d’abord l’irruption impétueuse, sur la scène politique, des couches moyennes inférieures brutalement paupérisées et de la petite et moyenne paysannerie ruinée ; c’est aussi un réveil combatif, une révélation sans précédent de la province qui va jusqu’à « déborder » la région de la capitale habituellement en première place.
La mobilisation du 4 février n’est certainement pas un feu de paille. Il est sûr qu’elle aura des suites, le défi est de savoir si elle pourra s’orienter de façon plus claire et plus profonde vers un renversement démocratique de la politique de mémorandum : c’est l’objectif porté par la Gauche qui respecte le passé et ses propres perspectives, et qui porte de lourdes responsabilités.

mardi 9 février 2016

Tsipras devant «l’effondrement», la mobilisation générale du 4 février et ses implications, par Charles-André Udry et Antonis Ntavanellos


Le 4 février 2016, la grève générale, la mobilisation sociale en Grèce, a été la plus importante depuis celles de la période allant jusqu’à fin 2011. La première caractéristique, la mobilisation et les grèves se sont déroulées dans toutes les villes, dans les villages, dans des petites villes, dans les bourgs : 111 manifestations ont été comptabilisées. Dans des îles comme celles de Rhodes, de Corinthe et d’autres plus petites, les mobilisations ont été d’une ampleur inconnue par le passé. L’activisme radical des agriculteurs n’y est pas pour rien. La foire de Thessalonique n’a pas été inaugurée selon la tradition. 

Qui a peur de la vérité ?, par Zoé Konstantopoulou


Les présumés falsificateurs de l’histoire ne parlent pas des événements réels. Ils tentent de réécrire l’histoire parce qu’ils connaissent leurs responsabilités. Et ils se cachent, comme Monsieur Voutsis, derrière des prétextes, ils supplient « de ne pas les incriminer avant deux ou trois ans », alors qu’ils se savent complices d’un crime prémédité contre le peuple grec. Ils connaissent leur culpabilité, même s’ils n’en éprouvent pas de remords.
 
J’ai lu l’interview du Président de l’assemblée, Monsieur Voutsis, parue aujourd’hui dans Kathimerini. Je passe outre le ton inconvenant, les formulations délirantes, le sexisme flagrant, l’improvisation brouillonne, la calomnie débridée, l’absence d’estime de soi, et j’en viens à l’essentiel :

Monsieur Voutsis tente de théoriser l’hypocrisie politique, la duplicité politique, la tromperie politique, la trahison du peuple et de ses camarades, l’indigence de ses propres arguments et de ceux de ses complices, l’impasse totale dans laquelle ils ont conduit la situation, tout cela en inventant un prétendu « devoir de silence » pour ceux qui ont servi dans des postes de responsabilité lors de circonstances historiques critiques. « Nous avons le devoir de ne pas parler », dit-il, et il croit ainsi se débarrasser du devoir de vérité et de transparence, de l’obligation de rendre des comptes qu’une société démocratique exige de voir respectés par ses représentants.
 
En tant que personne profondément attachée à la démocratie, à l’égalité, et à la justice, je défends l’exact contraire des affirmations de Voutsis qui tente maladroitement de se cacher derrière la feuille de vigne qu’il a lui-même foulée au pied, avec les autres falsificateurs de l’histoire : Nous devons parler le langage de la vérité. Pas après des dizaines d’années, comme les prophètes d’après le Christ. Mais à l’heure même où s’écrit l’histoire. Ce devoir de vérité, je me suis mis à son service et je continuerai à le faire à quelque place que ce soit et quel qu’en soit le prix. Parce que la politique n’a de sens et de dignité que si on reste sur le terrain de la vérité. Et elle perd sa dignité lorsqu’on la transforme en fausse monnaie (ou en faux euro), chose que les représentants des intérêts de toute nature connaissent sur le bout des doigts.

lundi 8 février 2016

Bernie Sanders, candidat de l'autogestion ? par Patrick le Tréhondat


Bernie Sanders, candidat à la primaire américaine bouscule l’establishment démocrate et sa représentante Hillary Clinton. Au-delà de ces turbulences, c’est surtout un candidat vraiment à gauche qui se proclame socialiste et se présente sur un programme radical. Il fait jeu égal avec l’autre candidate démocrate.

Un évènement aux Etats-Unis, habitués à une bienheureuse alternance. Mais Bernie Sanders, c’est aussi le candidat des coopératives.