mardi 24 février 2015

Allocution d’Alexis Tsipras à la suite de l’Eurogroupe


La Grèce a obtenu hier dans le cadre de ses négociations un succès considérable en Europe. Au cours d’une négociation dure et difficile, – et peut-être première véritable négociation – nous avons fixé des objectifs, nous avons tenu un discours cohérent, nous avons fait preuve de détermination mais aussi de flexibilité, pour atteindre enfin notre objectif principal. 

Je souhaite tout d’abord remercier de tout mon cœur chacun d’entre vous, Grecques et Grecs, pour votre grand soutien au gouvernement. Ce [soutien] était l’aide la plus décisive, la plus puissante arme de négociation. Avec cet appui inégalable, nous avons remporté hier une bataille, mais pas la guerre. Les difficultés, les vraies difficultés, et non seulement celles qui s’attachent à la négociation et aux relations avec nos partenaires, se trouvent devant nous. 

Il y a une vingtaine de jours, nous avons reçu un pays au bord du gouffre, avec des caisses vides et une pénurie de liquidités. Avec en outre, le piège d’un calendrier serré tendu par certains milieux, qui planifiaient une parenthèse anti-mémorandaire en méprisant l’impact de leurs plans sur l’économie réelle déjà en difficulté, et sur notre pays exsangue par les mémorandums. 

Hier, nous avons annulé leurs plans. Nous avons évité l’asphyxie économique de la Grèce planifiée pour le 28 février par les forces conservatrices et myopes de l’intérieur et de l’extérieur du pays. Nous avons maintenu la Grèce débout et digne. 


 Et nous avons prouvé que l’Europe constitue un lieu de négociations et de compromis réciproques possibles et non pas un espace d’écrasement, de soumission et de répression aveugle. Et dans ce sens, peut-être la journée d’hier est plus importante pour l’Europe que pour la Grèce elle-même. 

La déclaration commune de l’Eurogroupe d’hier est essentiellement un accord-cadre qui crée un pont entre la période mémorandaire et notre propre plan de croissance. C’est un accord qui annule en fait les engagements du gouvernement précédent concernant la baisse des salaires et des pensions, les licenciements dans le public, l’augmentation de la TVA sur les produits alimentaires, les produits pharmaceutiques et les infrastructures touristiques. Il annule dans la pratique l’austérité et les mécanismes de son application, tels que les excédents primaires irréalistes et déflationnistes. Il crée le cadre institutionnel pour la mise en œuvre des réformes progressistes nécessaires concernant la lutte contre la corruption et l’évasion fiscale, la réforme de l’État, mais aussi la fin de la crise humanitaire, qui est notre devoir primordial. 

Grecques et Grecs, en si peu de temps, nous avons réalisé beaucoup de choses. Mais nous avons encore un chemin long et difficile à parcourir. Le peuple grec le sait. Il a, par ailleurs, un gouvernement qui lui dira toujours la vérité. Parce que notre seule force est son soutien et sa confiance. 

Hier, donc, nous avons franchi une étape décisive, laissant derrière nous l’austérité, les mémorandums et la troïka. Une étape décisive pour changer l’orientation de l’euro zone. La négociation, cependant, ne s’est pas terminée hier. 

La négociation entre maintenant dans une nouvelle phase, plus essentielle, qui va durer jusqu’à l’accord définitif de passage de la politique désastreuse des mémorandums à celle de la politique de la croissance, de l’emploi et la cohésion sociale. 

Dans cette bataille longue et difficile, dans cette négociation cruciale qui va durer jusqu’au mois de juin, le gouvernement grec ira de l’avant toujours plus déterminé, ayant comme objectif la restauration de la souveraineté nationale et populaire. Et avec le peuple grec allié et soutien unique mais aussi juge exigeant et strict. Avec le peuple protagoniste dans le grand effort pour le changement politique et le salut social. Notre lutte commune continue.

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