jeudi 29 janvier 2015

Grèce :déclaration de la Gauche internationaliste ouvrière (DEA), le 27 janvier 2015


Le renversement politique de la coalition d’Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie – ND) et d’Evangelos Venizelos (PASOK-Mouvement socialiste panhellénique) aux élections du 25 janvier 2015 est surtout une victoire politique des forces de la résistance sociale. C’est-à-dire les forces de la classe ouvrière et des masses populaires qui, en Grèce, se sont battues depuis le déclenchement de la crise et le début des mémorandums (2010) contre les accords passés par la classe dirigeante grecque avec la troïka (BCE, UE, FMI) et contre les créanciers qui ont imposé une politique d’austérité brutale. C’est le résultat de grèves générales, de journées d’actions, des manifestations, du mouvement d’occupation des places, de luttes sectorielles et de combats locaux décisifs qui ont eu une certaine continuité, malgré le repli de la grande vague de résistance qui a atteint son pic lors des années 2010-2012. 

Durant cette période, ceux et celles qui luttaient depuis « en bas » ont constitué un ensemble de revendications, de souhaits et d’espoirs qui possède encore un caractère actif. La vigueur de ce cadre revendicatif réside dans l’exigence d’une politique anti-austerité qui, malgré les coups portés par les médias dominants, s’est exprimée en confiant et en déposant leurs espoirs dans et à la gauche. Cela constitue le fondement de la victoire politique de SYRIZA, qui a pris des dimensions massives ; de même que dans le maintien du Parti communiste (KKE).
 

2. Le déplacement massif des couches populaires vers la gauche, tel qu’il s’est exprimé dans les urnes le 25 janvier 2015, donne à Syriza un élan politique plus dynamique que celui qui se traduit par l’obtention de 149 sièges au parlement (Vouli), un nombre fort proche des 151 sièges qui auraient assuré à SYRIZA une majorité absolue. 

La Nouvelle Démocratie de Samaras, malgré l’infâme et puissant soutien des forces à l’échelle nationale et internationale, est tombée à 27,8%, soit un record à la baisse de son influence. Toutefois, le plus important est que la ND est sortie de la bataille électorale profondément blessée au niveau politique et stratégique. Les différences internes entre le courant d’extrême droite dit populiste (avec un accent mis sur le nationalisme, la xénophobie et le racisme) et les « ferments sociaux » du centre-droit traditionnel fleuriront à nouveau, inévitablement, dans le parti de la ND. Pour l’instant, il n’y a pas de réponse à la question portant sur l’unité du champ et du cadre politiques de la droite conservatrice. 

3. La décision de la direction de SYRIZA pour une coalition avec ANEL (Grecs indépendants) de Panos Kammenos sous-estime à tort cette dynamique. Ce n’était pas la réponse obligatoire liée aux résultats des élections et à la situation qui en découlait. En effet, existait le chemin consistant à réclamer un vote de « tolérance » par le Parlement [individuellement 151 députés ou plus pouvaient exprimer un vote de confiance au gouvernement Tsipras] sur la base des engagements de Thessalonique (du 14 septembre 2014) ainsi que du programme du Congrès fondateur de SYRIZA. 

La décision du congrès de SYRIZA – qui a confirmé sa déclaration de fondation – a repoussé ainsi la recherche d’alliances politiques avec le centre-gauche [PASOK et forces ayant voté les mémorandums]. Cette option, nous le croyons, s’applique aussi (beaucoup plus !) pour le centre-droit. Les « lignes rouges » [à ne pas passer] de ANEL sont en contradiction avec l’état d’esprit, les sentiments d’une grande partie de membres de SYRIZA et elles agissent comme une sorte de courroie de transmission du système sur le gouvernement de la gauche. Dans ces conditions, l’accord de coalition gouvernementale avec l’ANEL compromet le projet politique pour un gouvernement de gauche développant une politique et une stratégie de transition. 

4. Pour les membres et les partisans de SYRIZA, pour toute la gauche, pour les militants des mouvements sociaux, une nouvelle situation existe. La mise en œuvre des engagements de Thessalonique sera une première « étape » : remettre le salaire minimum au niveau d’avant la crise ; le retour de la 13e allocation pour les retraités à faible revenu (700 euros et moins) ; la réinstallation des contrats collectifs ; la non-imposition des revenus annuels jusqu’à 12’000 euros ; l’abolition de ENFIA [impôts immobiliers des plus injustes] et des taxes sur le fuel domestique. Cela formulera le premier message politique fort de blocage de l’austérité. 

Avec le mouvement de masse aux premiers rangs, nous devrions ouvrir la voie pour un rejet complet de la politique d’austérité. Pour tout regagner ! Dans cette perspective, les revendications de grévistes de la radio et télévision nationale [ERT, fermée de manière autoritaire en juin 2013 par Samaras et occupée durant des mois], des femmes de ménage du ministère des Finances, des licenciés, des « évalués » et des fonctionnaires mis « en disponibilité » [pour un an, avant d’être licenciés] seront également des messages importants, envoyés à la fois à tous ceux et celles qui sont des nôtres et aussi à l’opposition de droite. 

5. Dans ces nouvelles circonstances, le rôle du « parti » SYRIZA est irremplaçable. Le fonctionnement de ses organes et des membres dans leurs cercles, la collégialité du fonctionnement des instances élues, la démocratie à l’intérieur du parti ne sont pas une option facultative, mais une condition indispensable pour la victoire finale de SYRIZA, pour la victoire finale de l’ensemble de la gauche et des masses laborieuses. 

La Gauche internationaliste ouvrière, DEA, est le courant gauche de Syriza.

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