mercredi 12 novembre 2014

Appel international des intellectuels en soutien à l’insurrection du peuple burkinabé


Le jeudi 30 octobre, le peuple du Burkina Faso a mis un terme à 27 ans de régime de Blaise Compaoré. Celui-ci a, en effet, accédé au sommet de l’Etat après l'assassinat de Thomas Sankara, et placé l’économie du pays sous le contrôle de son clan, voire de sa famille. Ils se sont accaparés les richesses, laissant la population dans le dénuement. Les infrastructures sanitaires, le système d’enseignement et l’emploi se sont considérablement dégradés, privant les populations et principalement la jeunesse de toute perspective. 

C’est contre cette dictature militaire de fait que les Burkinabé se sont mobilisés depuis l’assassinat, en décembre 1998, du journaliste d’investigation Norbert Zongo, qui avait mis en lumière les sombres pratiques, la corruption, la violence et l’incurie du régime. Le mouvement « Trop, c’est trop » est né à cette occasion. 


Ailleurs en Afrique, Blaise Compaoré s'est comporté comme un pompier pyromane par son implication directe, au gré des intérêts occidentaux, dans des conflits meurtriers (Liberia, Sierra-Leone, Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Togo, etc.). 

Le mouvement du 30 octobre exprime la volonté populaire d'un changement radical dans les modes de gouvernement et de répartition des richesses, l'exigence d’une Afrique nouvelle qui, dans le cadre d’une république moderne, veut maîtriser son destin et s’inscrire dans un avenir de progrès, de justice et de liberté. 

L’éviction de Blaise Compaoré a donné lieu à une succession de tractations au sein de l'armée, qui a abouti à désigner le Lieutenant-Colonel Zida comme chef de l’Etat. Cela constitue, aux yeux de la société civile et des syndicats burkinabé, de la jeunesse populaire et des femmes mobilisées, un véritable coup d’Etat visant à annuler l’aspiration des populations du Burkina Faso. 

Nous soutenons les acteurs burkinabé de l’insurrection et les instances internationales qui ont condamné le coup de force antidémocratique mené par des militaires issus de la garde prétorienne du dictateur déchu. 

Nous appelons la CEDEAO, l'Union africaine, les Nations Unies à agir dans ce sens. Une véritable transition démocratique ne peut être menée que par les représentants du peuple qui s'est battu depuis des décennies contre le clan de Blaise Compaoré. Les puissances occidentales (France et États-Unis notamment) souhaitent maintenir le statu quo politique au Burkina et continuer ainsi à se servir de ce pays comme base d’intervention géostratégique en Afrique. 

Nous invitons tous les démocrates du monde à suivre avec une grande vigilance l’évolution politique au Burkina Faso et à user de tous les moyens disponibles pour dénoncer, condamner et ainsi empêcher toutes les formes d’ingérence extérieure visant à restaurer, sur le dos du peuple insurgé, le régime rejeté de Blaise Compaoré sans la personne de Blaise Compaoré. 

Le mouvement d’émancipation amorcé par le peuple burkinabé ne doit pas être étouffé et écrasé au nom des intérêts économiques et politiques occidentaux. Le peuple Burkinabé doit conserver et élargir les espaces de liberté qu’il a conquis au prix du sang. 

Vive la lutte émancipatrice du peuple burkinabé ! 
Non aux ingérences néocoloniales ! 

Les premiers signataires : Frédéric Lebaron Louis Weber Romual Bodin, sociologue Martine Boudet, Attac Jacques Cossart, économiste Keith Dixon, sociologue Nathalie Ethuin, sociologue Véronique Gallais, Attac Susan George, écrivain, présidente d'honneur d'Attac Jean-Luc Gonneau Michel Koebel, sociologue Gérard Mauger, sociologue Louis Pinto, sociologue Claude Poliak, sociologue Manuel Schotté, sociologue Pierre Zarka, militant d'Ensemble

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