mardi 29 juillet 2014

Contre le projet de loi Avortement du ministre de la Justice espagnole « Notre corps, notre territoire » - Manifeste des Coordinations Nationales Catalogne, Euskadi et Galice de la Marche Mondiale des Femmes


En décembre dernier, le Conseil des Ministres de l’État Espagnol a adopté le projet de réforme de la loi sur l’Avortement présenté par le ministre de la Justice, Alberto Ruiz Gallardón et intitulé : « Loi organique de protection de la vie du conçu et des droits de la femme enceinte »

Avec cette réforme, le Partido Popular (Parti populaire) cède aux pressions de la hiérarchie catholique et des groupes ultraconservateurs, intégristes et fondamentalistes qui cherchent à freiner les changements pour les femmes afin que nous ne nous écartions pas du profil maternité-domesticité, de soignantes au service des autres. 


La norme vise à abolir la « Loi de santé sexuelle et reproductive, et de l’interruption volontaire de la grossesse », qui est en vigueur, En cas d’adoption, elle supprimerait non seulement l’actuel système de délais qui permet à la femme d’avorter sans devoir alléguer d’aucune raison pendant les quatorze premières semaines, mais, en plus, les hypothèses pour pouvoir avorter légalement seraient restreintes. Il n’en resterait que deux : le viol et le danger grave pour la vie ou la santé physique ou psychique de la femme. Le personnel médical serait responsable de décider si ce danger existe, avec des conditions plus strictes qu’en 1985, et un procédé plus long. 

Selon cette proposition de loi, toutes les malformations fœtales ne seront pas prises en compte pour pouvoir avorter, mais l’effet psychologique que la malformation pourrait avoir pour la femme serait pris en compte, avec le préjugé qui en résulte pour la femme dont le dossier médical pourrait être utilisé contre elle plus tard, en cas par d’une demande pour une garde ‘enfants ou lors de la recherche d’un emploi, etc. 

Par conséquent, nous disons que cette loi représenterait : 

- Une vulnérabilisation des droits des femmes et une régression de plus de 30 ans dans la lutte pour le droit des femmes de décider de leur maternité, sans intromissions ; 

- Une réduction des libertés des femmes et une perte de droits qui peuvent conduire certaines femmes à risquer leur propre vie ; 

- Un danger pour la santé et pour tous les droits humains des femmes, basé sur des arguments d’une morale particulière et sur des interprétations religieuses fondamentalistes et intégristes ; 

- Une ingérence illégitime de la morale particulière de certains groupes dans les politiques publiques et dans les lois, qui sont de la responsabilité et des obligations des États ; 

- Une alliance État/Église qui viole le principe de l’État laïque et des droits humains en consolidant des pratiques discriminatoires et injustes, en matérialisant la violation de la dignité humaine et de la conscience individuelle ; 

- Une vulnérabilisation du droit à l’intimité. 

Et qui se matérialiseraient par : 

- Une augmentation des avortements clandestins et des risques : avec cette loi, l’État espagnol se joindrait à la liste des pays où l’avortement est restreint ou pénalisé par la loi, et où les femmes à faible revenu et/ou les jeunes femmes se voient obliger d’interrompre leur grossesse dangereusement par des avortements clandestins ; 

- Un retour à la minorité d’âge des femmes qui auraient besoin de plusieurs rapports psychiatriques pour pouvoir avorter ; - Une discrimination pour les femmes ayant peu de ressources 

- économiques ou informatives - car certaines pourront avorter à l’étranger dans de bonnes conditions, alors que les autres le feront dans la précarité et la mise en danger de leur santé ; 

- Une prolongation de la souffrance des femmes qui veulent avorter, qui seraient obligées de rechercher des rapports médicaux qui «approuvent» et permettent la mise en œuvre de leur décision ; 

- L’insécurité juridique des personnes qui doivent «informer» sur la santé psychique de la femme qui veut avorter et de toutes celles qui peuvent être jugées pour avoir pratiquer des avortements ; 

- La vulnérabilisation du droit a l’intimité, car la décision des femmes peut être l’objet d’investigation et remise en question. 

En définitive, cette loi limitera la liberté des femmes à décider de leur propre corps et de leur vie, ceci par ce même gouvernement qui promeut des réductions financières qui précarisent nos vies jusqu’à des extrémités insoupçonnables ; un gouvernement qui centre tous ses efforts sur un fœtus pendant qu’il n’a aucun scrupule à laisser sans abri, sans éducation, sans nourriture, sans assistance sanitaire, des enfants nés ; un gouvernement qui condamne à mort des milliers de personnes en clôturant ces frontières pour garantir l’invulnérabilité de l’Europe, une Europe que ne parle de fondamentalisme que quand il s’agit d’islamisme, et qui occulte le catholique, avec une connivence qui lui permet de laisser sans droits leurs citoyennes en négligeant le respect des droits humains pendant qu’il n’hésite pas à appliquer le plus rapidement possible une grand quantité « d’ajustements » économiques, nous démontrant une fois de plus ce que nous connaissons déjà : le capitalisme globalisé c’est la quintessence du patriarcat. 

Pour toutes ces raisons, nous, Femmes de la Marche Mondiale des Femmes de Catalogne, Euskadi et Galice Exigeons : 

- Que le droit fondamental des femmes à prendre leurs propres décisions soit reconnu ; 

- Que la souveraineté des femmes sur leurs propres corps et vies soit garantie ; 

- La couverture de l’interruption de grossesse dans le réseau hospitalier et extra-hospitalier public et sa normalisation comme prestation sanitaire afin de garantir le caractère universel de ce droit, sans discrimination géographique dans l’accès de toutes les femmes à ce droit dans les services publics ; 

- La régularisation de l’objection de conscience qui précise les limites, en s’assurant que tous les centres publics disposent de l’équipement professionnel nécessaire pour répondre à la demande d’avortement des femmes ; 

- Que les droits des femmes qui utilisent ces services soient toujours respectés et protégés ; 

- Que des politiques et des mesures intégrales nécessaires en santé sexuel et reproductive soient adoptées, basées sur la reconnaissance des droits sexuels et reproductifs ; 

- Que l’éducation affective, émotionnelle et sexuelle, avec une perspective de genre, soit incluse dans le curriculum scolaire. 

Nous voulons rappeler au gouvernement qu’il a l’obligation de garantir le pluralisme, la liberté de conscience, le droit à la santé reproductive et sexuelle et le droit de décider. En ce sens, les arguments religieux ne peuvent pas devenir politiques publiques ni lois qui vont à l’encontre des droits humains de toutes les femmes. 

Nous lançons un appel à la mobilisation : Rejoignez-nous dans les concentrations, diffusez les appels, parlez avec vos copines, amies, voisines ; offrez votre collaboration aux groupes qui engagent des actions pour s’opposer à cette loi. 

Exigez de vos représentants politiques et dans toutes les organisations où les femmes sont présentes, qu’ils prennent leur défense, qu’ils s’opposent a la nouvelle loi, qu’ils défendent nos droits et qu’ils luttent pour garantir la liberté. 

Tant que toutes femmes ne seront pas libres nous continuerons à marcher

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